J’avoue que les petits riens sont un peu difficiles à éditer en ce moment. Peut être parce que je ne vois rien de beau dans tout ce qui m’entoure. Ces quinze jours qui sont si longs à passer entre les deux tours de la présidentielle, je me demande comment on les appellera dans l’Histoire, les quinze honteuses, je crois. Déferlement de propos haineux, racistes, homophobes, opportunistes, attaques malsaines tant au point de vue de la politique qu’au point de vue personnel, sont ahurissants d’horreur. Je lis les commentaires dans la presse, les écrits sur les réseaux sociaux, je vois des hordes inhumaines déferler leurs flots de rage sans plus aucune inhibition en des mots à l’orthographe incompréhensible, tel le malade psychiatrique qui n’a plus aucune retenue, aucune culture, aucune éducation, relégué au rang d’aliéné par un immense ego identitaire, renvoyant la faute de ses échecs personnels et souvent professionnels sur un bouc émissaire dans une psychose paranoaïque et démentielle. L’histoire se repète-t-elle ? Je ne sais pas, je n’en sais rien, et ce n’est pas moi, petite goutte d’eau du torrent qui possède les réponses.
Ca me fatigue tout ça, ce qui me fatigue le plus c’est de voir l’homo dit sapiens qui continue son petit bonhomme de chemin, refusant la raison, refusant de laisser une seule chance à la paix.
Je me recroqueville et je vais continuer à lire, lire et relire les livres qui ont fait de moi ce que je suis, de Voltaire à Hugo, d’Aragon à Eluard, de Druon à Kessel, de Simone de Beauvoir à Françoise Giroud, d’Alexandra David Neel à Rabelais et tant d’autres encore, je vais les relire et les faire lire à mes filles parce que rien ne pourra m’arrêter tant que j’aurai des livres. Et tout ce qui m’a fait grandir, tous ces grands hommes, mes professeurs, mes chefs, mon père, tous ces gens qui m’ont aidé à me construire, seront toujours à mes côtés, rien ne pourra arrêter cet immense souffle de liberté qui m’a fait toujours avancer.