Tu ne pouvais par rater l’info

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J’espère que tu es au courant, lecteur, parce qu’il a neigé sur le Luberon cette nuit, et sur toute la Provence, enfin une bonne partie. 14°C le midi et la nuit la neige. Tu pique-niques au bord de la mer, tu fais 25 km pour rentrer chez toi et tu es sous la neige. Je te rassures à mon grand soulagement, ça n’a pas tenu et je n’étais pas à la mer, mais bel et bien  dans mon jardin. Quoiqu’il semblerait à l’heure où je t’écris, que ce n’est pas sûr qu’il n’y ai pas une petit épisode flocons cette nuit.

J’ai une pensée émue pour la dame de Facebook qui a ricané quand la neige a été annoncée. Avec 12°C sur Marseille, vous imaginez qu’il va neiger ? Assena-t-elle du haut de sa suffisance de non provençale. Marseille n’étant pas la Provence toute entière, comme Paris n’est pas la France, il a neigé tout autour, du Var à la Camargue en passant par le Vaucluse et le Luberon. Et de mémoire de provençal on se souvient des années 80 où bloqués 6h00 sous la neige dans la voiture en tenue printanière, car l’autoroute était impraticable. On se souvient également de 15 jours bloqués par les neiges et cernés par les loups, priant pour que les lignes électriques tiennent. On se souvient des minots en train de dévaler depuis la Bonne Mère en ski et luges. Alors quand la météo te dit attention la neige, ben tu anticipes, même si tu es en train de prendre un bain de mer aux Goudes.

J’ai horreur de la neige, c’est comme si tout d’un coup tout s’arrêtait. Les oiseaux se taisent, surpris par le froid, les juments ne sont pas fanatiques non plus, mais où est l’herbe ? Les chiens se mettent sur la terrasse et re-entrent dans la maison, pensant pouvoir se retenir, et ce n’est hélas pas toujours le cas. Les chats sortent par une porte, ré-entrent et demande à sortir par une autre porte au cas où la neige aurait fondue dans les 30 secondes. Tout ça pour te dire que c’est super chouette sur les photos, mais dans la réalité je ne me sens pas l’âme nordique, ni de celle du Commandant Charcot sur le Pourquoi-pas ?

Aujourd’hui pas de sortie prévues, donc rester au chaud devant la cheminée avec un chocolat chaud a été l’alternative la plus sécurisante. Je suis quand même allé prendre des photos, comme tout le monde sur les réseaux sociaux, parce que la neige, c’est joli à prendre en photo, les pieds gelés, les mitaines aux mains pour appuyer sur l’obturateur, une béquille à la main, l’appareil de l’autre, mitraillé mon jardin. Tu veux les voir ?

Allez je te les montre, parce que c’est quand même rare comme situation. Les oliviers, le tamaris, le mimosa sous la neige, ça craint. La folle de première fleur du forsythia qui a choisi aujourd’hui pour fleurir. Les tourterelles s’amusaient à faire tomber la neige des fils électriques et des fils de clôtures et attendaient que j’ouvre le poulailler pour partager la paté des poules.

Maintenant la pluie, il nous faut de la pluie. Ca serait chouette non ?

Bon début de semaine à tous, et peut être à demain.

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Un dimanche ordinaire en Provence

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Les fleurs de la Saint Valentin, tiennent encore bien la route. La matinée semble d’une grande sérénité, on hésite même à déjeuner dehors, mamy a fait une blanquette. Une grosse flemme nous prends, nettoyer les chaises de jardin et la toile cirée sous la treille, on reste dans la maison.  Ils annoncent de la neige pour ce soir. Tout le monde se marre, de la neige, de la neige, il fait 14 degrés. Je vois sur les réseaux sociaux, les gens hilares, je ne dis rien, notre région est imprévisible comme ses habitants. Enfin on verra bien, on se prépare, on ne sait jamais.

Les fleurs du jardin commencent à poindre tout doucement le bout de leur nez. Je débordélise mon atelier, je trouve des tonnes d’objets, de livres, de tissus et de dentelles, il me faudra deux autres vies pour tout utiliser. Mais sait-on jamais ? Ca peut servir. Mon mari plaisante, en me proposant la remorque devant l’atelier pour que j’en jette une bonne partie, je ne peux pas, c’est impossible, je me marre en lui expliquant que sur Instagram, pour un millième de ce que j’ai, les gens font des photos. Mon atelier ressemble à l’annexe d’un brocanteur. Je pense très sincèrement en faire commerce. J’ai retrouvé, un tableau en verre inversé chinois, une aquarelle d’un peintre excessivement connu.  J’ai retrouvé quelques cartons de dentelles divines, et des soies anciennes qui seront bienvenues pour rhabiller les poupées. L’intégrale d’Agatha Christie cherche une place, un  bonheur à relire. Il me faut trois vies finalement.

Je vous montrerai peut être tout ça quand ca sera praticable, je n’aime pas trop montrer, étaler … surtout que le trois quart du temps je ne fais rien avec, juste le plaisir et le bonheur de les avoir sauvés. Ils me racontent des histoires, il y a de l’affectif entre eux et moi, et je pense au vers de Lamartine qui ont enchanté nos cahiers de récitations.

 

Milly ou la terre natale

Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d’un ami.

Montagnes que voilait le brouillard de l’automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l’émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s’entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?…

 

J’ai cuisiné pour les oiseaux du ciel, de la végétaline et des graines, ça n’a pas l’air de leur plaire, on verra bien, peut être avec le froid qui revient. Mes jardins de mousses se complaisent, saviez vous que pour les japonais, les mousses sont sacrées. Le rouge gorge insaisisable en photo, trille dans le rosier de banks, peut être s’approchera-t-il de mes mixtures.

 

Il est 17h00, le ciel est blanc, la neige fondue commence à tomber, neigera, neigera-t-il pas ? Le paradoxe de nos hivers. Je sais que demain il y aura Mistral, ma cheville me fait encore plus mal que d’habitude, c’est mon baromètre.  Nous sommes devenus au fil du temps,  les rois des boudins de porte chez nous, car il s’infiltre de partout. Un peu moins maintenant que la maison est bien isolée, mais bon c’est quand même quelque chose le Mistral.  J’ai cueilli quelques violettes et deux brins de mimosa, je ne suis pas sûre que tout survivra à la neige, juste pour en profiter un peu, demain promis je vous fais des photos. Ca y est de gros flocons tombent pendant que je vous écris, j’ai fait une photo. Je n’aime pas la neige.

 

 

 

 

Les sans grades

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J’ai une immense tendresse pour les poupées anciennes et vous le savez tous. Les poupées anciennes, les belles de porcelaine, celles aux dents éclatantes et aux grands yeux en émail. Celles dont les perruques étaient de véritables cheveux humains, les nattes vendues par les femmes quand elles n’avaient plus de quoi manger, ces poupées là font rêver, moi la première, poupées pour petites filles riches, très riches même, qui valaient quelquefois le salaire annuel d’un ouvrier, d’un journalier. Je les aime, et j’en ai. Mais j’ai un immense amour, pour les sans grades,  celles qui n’ont rien de passionnant pour un collectionneur, celles dont les mamans des petites filles qui n’étaient pas très riches achetaient les têtes en cartons et les mains en celluloïd  à la droguerie – mercerie, au bazar du coin de la rue, le magasin de frivolités ou les commandaient par correspondance sur l’hebdomadaire féminin qui offrait le patron et les modèles de vêtements. Mais bien souvent, même le journal féminin était bien trop cher, la lecture était un luxe. Alors c’était de l’improvisation, des gestes ancestraux qui ont créées ces poupées.  Ces poupées là bien souvent avaient le corps et les membres cousus par les mamans, et avec l’aide de leur petite fille un magnifique trousseau digne des plus jolies princesses, naissaient à quatre mains avec des restes de laine et des tombées de tissu, ou des estrasses (chiffons) comme on dit chez moi. Leurs cheveux étaient de laine, de fil ou de filasse, quelquefois ce n’était qu’une demie tête qu’on apposait sur une poupée de chiffon.

J’en ai une à laquelle je tiens particulièrement, c’est celle de la maman d’un ami. Son petit fils me l’a offerte car borgne elle lui faisait peur. je l’ai déshabillée doucement, la robe de soie a fusé dans tous les sens, et je lui ai commandé une paire d’oeil d’un magnifique bleu. Dès qu’ils arrivent par voie postale et de France, je vous ferais part de sa renaissance. Elle est bourrée de paille comme presque toutes les autres.  Le textile valait très cher, et la bourre de laine pour les coussins étaient du luxe.

J’ai des têtes non montées offertes par une amie également, j’imagine des mamans qui comme moi, ne les ont jamais montées,  peut être trop occupée pour les créer ou tout simplement venant de vieux stocks de magasins.

Elles sont là, elles attendent un jour mon bon vouloir, j’ai amassé la documentation les concernant.  Je viens de faire un recollement de tout ça et les ranger au même endroit, dans mes amoncellements digne d’un inventaire de Prévert, il y en avait un peu partout, je sais que j’en ai d’autres dans d’autres cartons, lutines d’un autre temps, poupées aimées, poupées usées. Elles sont de celles qui racontent la petite histoire, celle des restrictions, des guerres et des après guerres, cette histoire que personne ne raconte, celle du quotidien de ceux qui ont souffert. Celles du temps d’avant la surconsommation, celles d’un temps que même moi je ne peux comprendre. Celle d’un temps où les poupées étaient tant aimées.

Bonne Saint Valentin à tous.

j’ai préféré vous parler de poupées, des coeurs vous devez en être en overdose.

Tant qu’il y aura des violettes.

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Les premières violettes ont pointé  le bout de leur nez depuis plusieurs semaines déjà, j’ai pris le temps de faire un bouquet. Les bouquets de violettes ont pour moi, un symbole particulier. Il y a toujours eu des violettes dans le jardin, des violettes sauvages. Ma grand mère dans le milieu des années 70 m’avait offert un vase à violettes, minuscule vase pour poupées qui m’avait ravie. Je crois que les violettes étaient pour elle, dame élevée avec une importante éducation 19ème, d’un romantisme fou. C’était une grande rêveuse ma grand mère et une grande lectrice, j’ai lu à ses côtés les Jalna, les Pardaillan et les gens de Mogardor,  je crois que si elle avait eu une autre vie, elle aurait été romancière ou poétesse.

 J’ai continué bien après son départ à collectionner les vases à violettes et à lire  (il y en a dans tous les placards). Elle m’avait appris à faire un bouquet, à disposer les feuilles autour et à lier le tout avec du fil à broder (bien évidemment). Donc chaque année, je fais un bouquet et je pense à elle. Je dépose mon bouquet dans un des vases, je le dessine, je le brode ou je le photographie.

Dans mes trésors de chine également, j’ai amassé de petites porcelaines sans prétention, coquetiers et autres verres à liqueur, souvenir d’un autre temps, du temps où Toulouse était la ville aux violettes, du temps où les boutiques à souvenirs regorgeaient de trésors fabriqués en France, leur charme est suranné presque kitch.

 Je glisserai une violette dans un de mes livres, elle séchera dans un parfum désuet, souvenir d’antan qui s’en échappera, si un jour quelqu’un le feuillette.  Cette violette si douce qui dans le langage des fleurs signifie la pudeur, la modestie et l’amour secret m’amène à ses vertus médicinales.

Incorrigible romantique, je suis la petite fille de celles qui ont tant rêvé dans un temps où de nombreuses guerres ont ravagé leur vie. Et j’aime à imaginer que tant qu’il y aura des violettes, on pourra prendre le temps de rêver.

Les coquetiers ont servi hier soir pour un repas d’oeufs à la coque très très frais. Les poulasses (vu leur popotin qui ressemblent à la porte d’Aix, je ne me risque pas à les appeler les poulettes, elles seraient terriblement vexées) ont repris leur rythme de croisière pour la ponte, les jours rallongent.

L’arbre de jade et c’est si rare a fleuri. Et bientôt les camélias, fleurs préférées de Mademoiselle Chanel, encore une grande dame, d’une époque disparue à jamais.

Je suis un brin nostalgique ce matin, il fait très froid, le ciel est d’un bleu saisissant. J’aime ces dimanches un peu au ralenti où le monde autour de nous n’existe plus.

Je file en cuisine, faire honneur à mon autre grand mère pour son traditionnel plat dominical.

Bon dimanche.

 

 

La chevrière a sorti ses chèvres

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Les chèvres sont à la pâture, elles attendent des bébés. C’est trop beau les bébés chèvres.

Ce qu’il faut savoir et que bon nombre de touristes ne savent pas. Si tu veux du fromage de chèvre frais, il n’y en aura pas de décembre à mars, la production reprends au sevrage des chevraux.

Quand tu manges du fromage de chèvre à Noël, il est affiné et c’est du vieux fromage. Nous n’en achetons pas durant cette période de l’année.

Sur ces pensées totalement incongrues de bon matin, parce que hier nous avons croisé les chèvres, je me dis que le printemps est bientôt là. Dans le Var je sais que tous les amandiers sont en fleurs.

J’ai hâte ce printemps qui me semble si lointain. Les chats comme à leur habitude m’accompagnent au jardin. Le mimosa est magnifique. Je n’ai toujours pas fait de bouquet, je le préfère dans le jardin.

et puis une excellente nouvelle, les nouvelles mangeoires à oiseaux plaisent aux mésanges. C’est mon mari qui va être heureux. Et s’il y a des mésanges, il y a les chats bien sûr.

Je ne sais pas si en me lisant, vous vous en apercevez j’ai du mal à rassembler mes idées, à écrire. Un peu comme si c’était rouillé au fond de moi.

Pourtant il fait un temps magnifique, froid mais magnifique, je devrais être inspirée.

Je suppose que j’ai eu besoin de mon énergie pour faire autre chose. On se donne rendez vous peut être demain ? Si vous le voulez bien.