Le matin, il faut rester couchée

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Six heures du mat, me voilà seule en mon domaine, Monsieur est parti travailler, la reine mère est en cure pour ses vieux os, numéro 2 est repartie, l’amooooour toujours l’amooooourx. Numéro 1 n’est pas encore arrivée (deux académies différentes, pas de vacances ensemble). Je prends mon café avec Tara qui s’est mise en tête de me faire oublier Chouchou qui était à mes côtés chaque matin. « Mais regarde, je suis là moi …. » semble-t-elle me dire,  c’est la plus jeune et la dernière hormis le grand nigaud.

Me voilà en train de découper les dernières tomates du jardin, pour en faire du coulis, les pizza de vendredi n’en seront que meilleureS. Je les mets à mijoter, je les passerai au presse purée après. Et je regarde l’aquarium, il y a tellement peu d’eau que les poissons ont presque pied et tant d’algues sur les vitres qu’ils ne savent pas qu’il fait nuit encore.  Opération Atlantis lancée, je pêche, je vide, je nettoie, je remplie, la cuisine ressemble à une pataugeoire, mais les poissons viennent de s’apercevoir que j’existe (tiens vous êtes là vous, depuis le temps …. ) je m’improvise portier à chats et à chiens, donneuses de croquettes, ils rentrent tous de leur ballade matinale et retournent se coucher, ce n’est pas comme s’ils avaient passés la nuit à roupiller dans la maison. Les bébés tortues se réveillent à la chaleur des lampes solaires, un peu de salade au petit déjeuner, Les grosses sont quasiment toutes entrées en hibernation (les bienheureuses)

J’ouvre aux juments, je prépare la pâté des poules, Fine est fière, nous sommes fière d’elle, elle a fait son premier oeuf, elle sort du poulailler en chantant à tue tête (coot coot, j’ai fait l’oeuf). Je regarde le jardin, encore des roses et beaucoup de feuilles, l’automne trainasse un peu, pas de feu de cheminée encore. De retour je passe mon coulis au presse purée, deux petits pots de confiture, largement suffisant pour demain soir.

Je vais dans le salon, pour prendre un café, la cafetière refuse de fonctionner,  saloperie de calcaire, me voilà à regarder les prix des cafetières sur mon copain Amazon (désolée quand on habite où j’habite, Amazon est ton meilleur pote), je colle l’article dans mon panier (je t’épargne le laius sur les cafetières à 600 euros, qui ne te le portent  même pas le café au lit)  et  puis je me dis on va lui laisser sa chance, me voilà dans la buanderie, en train de fouiner à la recherche d’une bouteille de vinaigre …. détartrage complet, vinaigre bouillant, soufflette de l’ordi …  rinçage et rerinçage, j’ai enfin mon café. Je m’installe au salon, et je regarde les bougeoirs sur la cheminée, j’astique les bougeoirs, et que ça brille … en  fait personne ne le verra sauf moi. Mais je me fais un café aux chandelles.

La reine mère s’ennuie tellement dans son studio à Gréoux les Bains, qu’elle me fait des commandes et m’envoies des livres, ce matin, j’ai de quoi devenir herboriste en chef grâce à elle, le facteur se marre, elle est sa meilleure cliente. J’ai hâte demain, elle me fait un calendrier de « l’AVANT » son retour, une surprise par jour.

Je me retourne, il est 12h00, je n’ai pas encore pris ma douche. Alors vous la trouvez comment la vie de Kratrice Rurale ? Je vous souhaite une belle journée mon monde, je crois que la mienne commence à peine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chouchou de Saint Martin, s’en est allé.

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Oyez Saint Martinois, Saint Martinoise, Chouchou s’en est allé.

Il y a des chats qui méritent qu’on raconte leur vie. On ne sait pas trop où est né Chouchou, à Saint Martin il est arrivé tout petit, dans une famille, ce devait être en l’an de grâce 2007 par là. J’avais trois chats, dont Typhoo qui lui ressemblait énormément et qui s’était imposé à la maison.  Chouchou venait me rendre visite dans la vieille maison, des tonnes de ronrons et de tendresse. Je lui expliquais gentiment que je ne pouvais pas le prendre, qu’il avait une famille, et que bientôt j’allais partir vers des terres lontaines et que je ne pouvais pas l’amener avec moi, déjà les trois autres plus la chienne c’était vraiment difficile. Nous sommes partis et revenus tous les étés, Chouchou (ou plutôt Pikachu) avait été abandonné par sa famille (quand les gens déménagent, ils oublient un peu leur chat, sauf ceux qui leur font prendre l’avion) et errait dans les rues du village, jusqu’a ce que Mamy Claire, une amie de ma mère l’adopte, mes filles adoraient aller chez Marie Claire et y passer la nuit et Chouchou était inclus dans le paquetage.

En 2014 j’ai été élue avec Marie Claire, Chouchou était membre du conseil municipal, il l’attendait devant la porte de la mairie, quand l’été il n’entrait pas dans la mairie et s’allongeait sur la table du conseil.

Marie Claire ne s’est jamais couchée sans que Chouchou ne soit rentré, et quand elle s’absentait, quelqu’un s’occupait de lui et de son autre chat.

Chouchou était toujours dans le paysage, que tu ailles à l’épicerie ou à la mairie, à la sortie de l’école, Chouchou était là. Il surveillait sa route, de son trottoir ou de sa fenêtre.

A l’été  2021, Marie Claire s’en est allée, morte d’une saloperie, comme il en existe tant, mes filles ont pleuré une grand mère. Ses enfants ont mis en vente la maison, ont viré Chouchou dans la rue, laissant le vieux chat à l’intérieur, qui s’est laissé mourir. Ils  arguaient  que Chouchou serait nourri par les habitants, « il était en fait, la mascotte du village, il ne pouvait s’adapter ailleurs, ils ne pouvaient pas le prendre avec eux, un vieux chat ça a ses habitudes » une vieille cagette pour abri devant l’épicerie, je portais des sachets de nourriture à l’épicière, me disant que les enfants n’allait pas le laisser indéfiniment dans la rue, mais le gens ne sont pas toujours comme on pense.  il  a vécu deux mois ainsi. Jusqu’au gros orage, cet énorme orage d’octobre 2021, où mon mari a pris la colère de sa vie et est parti sur les chapeaux de roue, récupérer le chat. Chouchou est arrivé à la maison. Le vétérinaire ne donnait pas cher de sa vie, au vu de son âge.  Il était épuisé. Il est resté avec Pauline durant deux mois dans sa chambre,  et puis tant bien que mal, il s’est retapé, s’est rassuré, s’est adapté, et est devenu l’ancêtre de l’oustau de li gatoun (on l’a un peu vitaminé également)  il a retrouvé sa rue, dans la cour de la maison, il surveillait les voitures qui arrivaient. Je crois qu’il a vécu une belle fin de vie, deux ans avec nous. Chouchou dit la Bête quand il était en colère, est parti hier, fatigué et vieux, le vétérinaire l’a endormi, sa respiration devenait impossible, il ne se levait plus,  l’opération de cet été, lui avait donné un sursis de quelques mois. Il n’avait pas loin de 17 ans et « le Whiskas était son meilleur ami »  a été son épitaphe.

On ne retrouvera plus ses dents dans le jardin, lui qui les perdait à tout va. Il a terminé sa vie, dans la famille avec laquelle, il avait décidé de vivre quand il était petit. il était gardien des tortues, grand cuisinier, aucun plat n’était préparé sans son assentiment (les crises que j’ai pu me prendre quand je cuisinais). Il quémandait des calins d’un coup de patte. Il avait tous les droits, même celui de jouer les pitbulls. Il était même devenu une star jusqu’à Paris, mais c’est une autre histoire.  Il était chouchou. il repose dans le coin consacré au chat de nos vies, même s’il n’a vécu que peu de temps avec nous,  parce que Chouchou était un Monsieur Chat, un grand chat, de ces chats qui vous font grandir et qui vous explique ce qu’est qu’être un véritable humain.

PS / Abandonner un animal est un acte de cruauté et de maltraitance, aujourd’hui passible de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende.

 

 

 

 

 

 

Après la pluie, vient toujours le beau temps

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Le matin dès potron minet (j’adore cette expression) alors que toute la maison sommeille, les chats rentrent de leur nuit à chasser les souris dans le grenier, tu te dis, qu’il va pleuvoir toute la journée, d’ailleurs il pleut, des nuages obscurcissent le lever du jour, tu nourris ta petite meute, range la cuisine et le salon, nettoie l’incontinence du vieux , il va falloir prendre une décision mais tu n’y arrives pas et pour ne réveiller personne, tu t’installes dans l’atelier pour enfin finir ton ouvrage commençé il y a belle lurette (j’adore celle là aussi).

Tu écoutes distraitement une série qui se passe en Afrique, tu as toujours rêvé de cette Afrique, que tes copains, ton mari, tes cousins te racontent.

Et tu relèves le nez ? Au travers les fenêtres tu le vois, il là …  ton ouvrage peut attendre, hors de question de rester enfermée, le soleil est arrivé avec un léger Mistral tout léger à peine perceptible (pour l’instant). Monsieur revient victorieux de son jardin avec une dernière récolte, les oliviers ploient gravement, vivement que le moulin à huile ouvre, tu en profites pour prendre en photo le yucca en fleurs, l’hibiscus au soleil, et les sauges qui continuent leur floraison.  S’installer prendre un café, les fesses un peu humides des trombes d’eaux de la nuit, mais ce n’est pas grave, il fait beau.  Les juments et les humains réchauffent leurs os.

J’en ai profité pour ramasser les noix, j’avais oublié de le faire. Bon samedi le monde, bon samedi mon monde. Monsieur prépare son feu pour les grillades.

Va-t-on déjeuner dehors ?

 

 

 

 

Résistance

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De la verrière, je regardais les tourterelles s’ébattre en picorant quelques graines et  je vois une tâche rose. Il y a bien longtemps que je ne vois rien, ni de près, ni de loin. Mais cette tâche rose m’intriguait. Impossible de prendre le café dans le jardin, la pluie est au rendez vous, le chantier est mon refuge les jours de pluie.  Est ce possible ? L’hibiscus de marais continuerait-il à fleurir ?

j’y suis allée pour regarder de plus près. Oui malgré son feuillage flamboyant d’automne, deux fleurs sont au rendez vous. Si frêles dans les intempéries, si fragiles, si douces, elles sont là, le 20 octobre.  Emerveillée bien sûr, je les ai touchées et respirées. Et si la nature nous montrait le chemin, si elle nous expliquait que malgré tout, malgré l’obscurité, malgré l’adversité, il fallait continuer à fleurir ? Tara m’a accompagnée, où il y a des tourterelles, il y a Tara. Alors je suis retournée dans mon atelier, on voit enfin la table, j’ai préparé mes ouvrages à broder. J’ai tant à faire.

Bonne journée le monde, bonne journée mon monde, Je vais dessiner une fleur d’hibiscus, je crois.

 

« Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été. »

Albert Camus

 

 

 

Chère Dame Jeanne

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Chère Dame Jeanne, je sais que tu as un âge canonique, mais en souvenir de cette reine modeste, essaye s’il te plait de ne pas te fêler chaque fois que je te lave, il est vrai que j’ai de la ressource et que tes consoeurs attendent sagement que tu casses pour prendre ta place, mais bon quand même, je voudrais t’emplir de vin doux, d’orange et d’épice, d’une lichette d’alcool, et de poudre d’étoiles afin de préparer mes vins de Noël …. tiendras tu la cadence ?

Même fêlée j’aime voir le monde au travers de toi, même sous la pluie, la vie est différente, quelquefois je glisse au fond de toi, des lumières pour que tu éclaires le jardin. Tu rappelles à moi des souvenirs d’enfance … celle où tu gisais inanimée, encorsetée de tes fibres de paille de bois et de rafia, celle où tes vêtements pourrissaient lentement au fond d’une vieille remise … voilà, je t’ai tout dit, maintenant tu te mets au boulot, et tu me surveilles pendant 40 jours, les mixtures de sorcières que tu as bien voulu accueillir …

Merci Dame Jeanne, tu es pour moi, une sacrée compagne de cuisine.

A demain, le temps que tu sèches et que je retrouve mon grimoire de recettes intemporelles.

 

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Chassée de son royaume de Naples, la Reine Jeanne vint se réfugier en 1347 dans son comté de Provence en passant par la route de Grasse à Draguignan. Surprise par un violent orage, on lui indiqua pour asile le petit château du gentilhomme verrier au hameau de « Saint Paul la Galline Grasse ».

Après y avoir passé la nuit, la reine désira voir fabriquer les flacons. Un peu troublé, le verrier souffla dans le mors de sa canne, et réalisa une bouteille énorme qui fit l’admiration de tous par sa contenance d’une dizaine de litres. Il décida d’en lancer la fabrication et l’appela reine-Jeanne, mais la souveraine suggéra modestement de lui donner le nom de « dame-jeanne ». Pour protéger cette grosse bouteille, le verrier l’habilla d’osier.

Source : Wikipedia

 

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Neuf oranges douces et libres du jardin de Dame Isabelle.
Un litre d’alcool de fruits distillé à la pleine lune
7 bouteilles de vin blanc des vignes du Luberon
des brindilles de vanille des lianes du Pacifique
1000 grammes de poussière de sucre
Cannelle et clous de Girofle.

Il n’y a plus qu’à attendre les 40 jours et les 40 nuits en « bouléguant » quelquefois le tout avec une baguette magique, en ajustant les pincées d’épices,  pour que le philtre deviennent breuvage féérique ou soporifique.

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Reprise de deux articles d’octobre 2015, les dames jeannes sont toujours là et servent au jardin, pour l’instant , vin d’orange en approche…..

Bonne soirée mon monde.

 

 

 

 

Déni d’Automne

Classé dans : 365 petits riens | 13

Je suis en plein déni (comme dirait mon amie Cécile), tellement en déni que je n’ai pas fait rentrer le bois, il va falloir que je le fasse, même s’il en reste un peu de l’hiver dernier,  je suis en déni d’un automne que je ne veux pas voir venir, et je ne suis pas la seule, les chats continuent à squatter les chaises du jardin, le grand nigaud est toujours aussi nigaud, sait il qu’il est un chat ? Il aime tant perturber les poules qu’elles vont finir par pondre des oeufs durs, s’il continue à les courser comme ça. Le jardin, vit sa vie, les tomates refleurissent, ainsi que les poivrons, les aubergines et les courgettes. Les rosiers s’en donnent à coeur joie, et pourtant l’automne pointe bien son nez, le ciel est noir, on nous a promis la tempête pour dans quelques heures ou jours. Un épisode cévenol, ils disent. Comme si on avait attendu les Cévennes pour être inondé, pour moi la pire année a été 92.  Je suis traumatisée par les inondations, c’est la faute de ma grand mère, ma grand tante et mon père, les gardois, les inondations du Virdoule à Quissac sont ancrées dans nos gènes, le moindre orage et me voilà terrorisée, ou du moins en alerte, j’écoute l’eau, je la suis, je l’espère et la redoute. Mon père n’a jamais voulu habiter près d’un cours d’eau ou d’une rivière et maintenant avec le recul, je le comprends, d’ailleurs que ce soit la bastide des arrières grand parents ou les fermes près du Vidourle, elles n’étaient pas habitées au rez de chaussée, chez mon arrière grand père c’était l’atelier et les cuves de vin, car il était viticulteur, chez d’autres, c’étaient les étables et les écuries, avec souvent une cheminée pour faire les conserves, et l’horrible crochet au plafond pour tuer ce pauvre cochon (je sais que c’est bon le jambon et le saucisson). Mais je m’égare, tout ça pour vous dire que malgré le fait que notre maison ait été construite en conséquence et au cas où, j’ai quand même la trouille des inondations.

Malgré mon déni, les étourneaux qui ponctuent le ciel de leur vol limite sinistre aujourd’hui et la myrte qui noircit me disent le contraire,  c’est terminé les beaux jours.

Je n’en veux pas de cet automne, je ne veux pas de l’hiver. Je rêve des pays où j’ai habité, où l’été est éternel, j’en rêve, mais je n’y suis plus, alors je vais m’adapter, et puis il faut être honnête dans un peu plus de trois mois et demi, les amandiers seront en fleurs.

Bonne journée mon monde, bonne journée le monde.

Se réfugier quelque part …

Classé dans : 365 petits riens | 18

Je ne sais pas vous, mais si j’écoute ou regarde l’actualité ( et en ce moment, c’est l’innommable), je perds pied et je me réfugie dans mon monde, surtout que j’ai eu la très mauvaise idée, d’aller sur X, le nouveau Twitter. J’ai tellement lu d’horreurs, d’ignominies, vu des images terrifiantes, atterrée par des commentaires abjects, blessée dans mon humanité que je me demande encore si l’humain vaut la peine d’être sauvé. Je ne commenterais pas, ni la guerre, ni les attentats, que puis je dire ? C’est au delà de mon entendement. Il m’a fallut les quatre jours réglementaires  de recueillement pour sortir de ma torpeur. Je n’arrive pas à faire mieux, je n’arrive pas à publier comme si rien n’était. Je ne peux pas écrire, je ne peux pas parler. Si je le faisais, je serai insupportable, en écrivant rageusement  « mais, fermez là, une bonne fois pour toute  » à tous les gens qui se targuent d’être pro palestinien, pro isralien, pro hamas en de petit panneau bien comme il faut, alors qu’ils ne connaissent rien à l’histoire, aux pays, j’ai juste envie de leur dire, taisez vous, vous êtes ridicules ! Après il y a les journalistes qui ont encore des petites roues à leur vélo, qui y vont de leur analyse, les joueurs de foot, alors eux qu’ils nous oublient les milliardaires, s’ils étaient payés pour penser ça se saurait, on ne leur a pas demande leur avis. Et puis ceux qui ont besoin de coupable, je ne les supporte plus. Ca me fatigue tout ça. Mais vraiment.

Alors je me suis réfugiée dans mon atelier. J’ai remis en état une poupée de 4 sous, une poupée de foire, ses belles totalement délaissées par les collectionneurs, car elles ne sont pas toujours très jolies, empruntées dans leur chignon de princesse, bourré de papier journal, et leur robe à froufrou, des précieuses bon marché. J’imagine les amoureux des années 50-60, lui jouant au passe-boules ou tirant à la carabine sur des ballons.  Elle se dandidant si fière sa poupée dans les bras. Au doux bruit des flonflons, des manèges, des roues de la fortune et des tireuses de cartes, ils s’aimaient tout simplement, peut être allait-il partir faire son service pour une guerre lointaine, peut être en revenait-il. J’imagine la poupée posée sur un lit durant une soixantaine d’année, souvenir de cet amoureux. Alors ce week end j’ai restauré la belle, retendu ses membres distendus et sa tête dodelinante, passé du lait de bébé pour le corps, de la bombe nettoyante pour tapis dans les cheveux, et fait tremper, sécher et repasser sa robe. Elle sent bon et elle a bien meilleure allure. Elle s’interroge sur le monde, elle m’interroge, mais je n’ai pas de réponse, comment pourrais à avoir depuis 1995 je me pose toujours les mêmes.

Ce soir notre terre ne va pas mieux, les alertes info fusent,  le ciel est orageux, noir et menaçant,  l’automne semble s’ancrer dans la saison, j’imaginais juste un été éternel, j’ai mis mon premier pull, mais pas encore de chaussette.   Bonne soirée mon monde

 

 

 

On parle de patchwork, de jardin et d’éponges

Classé dans : 365 petits riens | 12

Il n’y a plus de saison, ma brave dame, un jour, la reine mère s’installe sous la treille pour faire le sandwich et quilter son patchwork, du vrai patchwork dans les rêgles de l’art; tu pourrais toucher la Sainte Victoire et le Luberon, rien qu’en tendant la main, et le lendemain …. on t’a volé les montagnes. La vallée est embrumée, il pleut presque tellement le brouillard est mouillé. Tu te dis que tu vas passer la journée dans la maison, tu te prépares psychologiquement à l’enfermement, au chocolat chaud et à la tarte aux pommes et puis que nenni,  deux heures après c’est à nouveau l’été, les chats repartent de la maison, pour s’installer au jardin.

Hier, j’ai fait un cadeau à mon jardin, une tasse de ferraille qui servira de mangeoire aux oiseaux.  On pourra lui et moi prendre le café ensemble.

J’ai replié la jolie nappe que j’avais sortie pour recevoir mes amies. Et j’ai découvert au fin fond de mon b….l trois draps de lin bien beaux,  que vais-je que vais en faire ? Je n’ai même pas un indice à vous donner, je ne le sais pas moi-même.

Je ne pense pas au monde qui m’entoure, j’essaye de faire abstraction. J’ai besoin juste de ne pas y penser, sinon je ne peux pas vivre. Je suis une éponge.

Il y a deux sortes d’éponges sur terre, celles qui comme moi récupèrent tous les malheurs du monde, et se sentent un peu trop empathiques pour y survivre. Et puis, il y a celles qui épongent le moindre rien pour le restituer chez elles, elles sont beaucoup moins sympathiques ces éponges là. Que ce soit au niveau créativité, personnalité ou art de vivre, elles épongent la dernière chose qu’elles pensent fonctionner dans les méandres obscurs du net.  Elles épongent et restituent tel quel dans leur univers, toi, complétement abasourdie par leur incohérence,  tu essayes de suivre, et tu t’aperçois qu’elles épongent la personnalité de quelqu’un d’autre sans avoir les moyens de cette ambition, elles s’approprient, elles testent, elles se diluent, et comme un coucou font leur nid dans le nid des autres.  Parfois ces éponges là,  me font penser aux « méthamorphes » de certains romans de science fiction, qui sous l’influence d’éléments extérieurs, se muent en un autre dans une insensibilité totale. Que je n’aimerai pas être à leur place.

Tout ça pour vous dire, que j’évite les informations, les nouvelles anxyogènes et que la politique de l’autruche est de rigueur, quand une éponge est trop mouillée,  et qu’elle n’est pas pressée, elle n’absorbe plus rien. Même si je suis en train de relire Exodus.

Je suis fière du bassin, la nature a mis trois ans à reprendre ses droits.

Bonne après midi mon monde, à demain peut être.