Un dimanche ordinaire en Provence

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Les fleurs de la Saint Valentin, tiennent encore bien la route. La matinée semble d’une grande sérénité, on hésite même à déjeuner dehors, mamy a fait une blanquette. Une grosse flemme nous prends, nettoyer les chaises de jardin et la toile cirée sous la treille, on reste dans la maison.  Ils annoncent de la neige pour ce soir. Tout le monde se marre, de la neige, de la neige, il fait 14 degrés. Je vois sur les réseaux sociaux, les gens hilares, je ne dis rien, notre région est imprévisible comme ses habitants. Enfin on verra bien, on se prépare, on ne sait jamais.

Les fleurs du jardin commencent à poindre tout doucement le bout de leur nez. Je débordélise mon atelier, je trouve des tonnes d’objets, de livres, de tissus et de dentelles, il me faudra deux autres vies pour tout utiliser. Mais sait-on jamais ? Ca peut servir. Mon mari plaisante, en me proposant la remorque devant l’atelier pour que j’en jette une bonne partie, je ne peux pas, c’est impossible, je me marre en lui expliquant que sur Instagram, pour un millième de ce que j’ai, les gens font des photos. Mon atelier ressemble à l’annexe d’un brocanteur. Je pense très sincèrement en faire commerce. J’ai retrouvé, un tableau en verre inversé chinois, une aquarelle d’un peintre excessivement connu.  J’ai retrouvé quelques cartons de dentelles divines, et des soies anciennes qui seront bienvenues pour rhabiller les poupées. L’intégrale d’Agatha Christie cherche une place, un  bonheur à relire. Il me faut trois vies finalement.

Je vous montrerai peut être tout ça quand ca sera praticable, je n’aime pas trop montrer, étaler … surtout que le trois quart du temps je ne fais rien avec, juste le plaisir et le bonheur de les avoir sauvés. Ils me racontent des histoires, il y a de l’affectif entre eux et moi, et je pense au vers de Lamartine qui ont enchanté nos cahiers de récitations.

 

Milly ou la terre natale

Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d’un ami.

Montagnes que voilait le brouillard de l’automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l’émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s’entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?…

 

J’ai cuisiné pour les oiseaux du ciel, de la végétaline et des graines, ça n’a pas l’air de leur plaire, on verra bien, peut être avec le froid qui revient. Mes jardins de mousses se complaisent, saviez vous que pour les japonais, les mousses sont sacrées. Le rouge gorge insaisisable en photo, trille dans le rosier de banks, peut être s’approchera-t-il de mes mixtures.

 

Il est 17h00, le ciel est blanc, la neige fondue commence à tomber, neigera, neigera-t-il pas ? Le paradoxe de nos hivers. Je sais que demain il y aura Mistral, ma cheville me fait encore plus mal que d’habitude, c’est mon baromètre.  Nous sommes devenus au fil du temps,  les rois des boudins de porte chez nous, car il s’infiltre de partout. Un peu moins maintenant que la maison est bien isolée, mais bon c’est quand même quelque chose le Mistral.  J’ai cueilli quelques violettes et deux brins de mimosa, je ne suis pas sûre que tout survivra à la neige, juste pour en profiter un peu, demain promis je vous fais des photos. Ca y est de gros flocons tombent pendant que je vous écris, j’ai fait une photo. Je n’aime pas la neige.

 

 

 

 

Les sans grades

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J’ai une immense tendresse pour les poupées anciennes et vous le savez tous. Les poupées anciennes, les belles de porcelaine, celles aux dents éclatantes et aux grands yeux en émail. Celles dont les perruques étaient de véritables cheveux humains, les nattes vendues par les femmes quand elles n’avaient plus de quoi manger, ces poupées là font rêver, moi la première, poupées pour petites filles riches, très riches même, qui valaient quelquefois le salaire annuel d’un ouvrier, d’un journalier. Je les aime, et j’en ai. Mais j’ai un immense amour, pour les sans grades,  celles qui n’ont rien de passionnant pour un collectionneur, celles dont les mamans des petites filles qui n’étaient pas très riches achetaient les têtes en cartons et les mains en celluloïd  à la droguerie – mercerie, au bazar du coin de la rue, le magasin de frivolités ou les commandaient par correspondance sur l’hebdomadaire féminin qui offrait le patron et les modèles de vêtements. Mais bien souvent, même le journal féminin était bien trop cher, la lecture était un luxe. Alors c’était de l’improvisation, des gestes ancestraux qui ont créées ces poupées.  Ces poupées là bien souvent avaient le corps et les membres cousus par les mamans, et avec l’aide de leur petite fille un magnifique trousseau digne des plus jolies princesses, naissaient à quatre mains avec des restes de laine et des tombées de tissu, ou des estrasses (chiffons) comme on dit chez moi. Leurs cheveux étaient de laine, de fil ou de filasse, quelquefois ce n’était qu’une demie tête qu’on apposait sur une poupée de chiffon.

J’en ai une à laquelle je tiens particulièrement, c’est celle de la maman d’un ami. Son petit fils me l’a offerte car borgne elle lui faisait peur. je l’ai déshabillée doucement, la robe de soie a fusé dans tous les sens, et je lui ai commandé une paire d’oeil d’un magnifique bleu. Dès qu’ils arrivent par voie postale et de France, je vous ferais part de sa renaissance. Elle est bourrée de paille comme presque toutes les autres.  Le textile valait très cher, et la bourre de laine pour les coussins étaient du luxe.

J’ai des têtes non montées offertes par une amie également, j’imagine des mamans qui comme moi, ne les ont jamais montées,  peut être trop occupée pour les créer ou tout simplement venant de vieux stocks de magasins.

Elles sont là, elles attendent un jour mon bon vouloir, j’ai amassé la documentation les concernant.  Je viens de faire un recollement de tout ça et les ranger au même endroit, dans mes amoncellements digne d’un inventaire de Prévert, il y en avait un peu partout, je sais que j’en ai d’autres dans d’autres cartons, lutines d’un autre temps, poupées aimées, poupées usées. Elles sont de celles qui racontent la petite histoire, celle des restrictions, des guerres et des après guerres, cette histoire que personne ne raconte, celle du quotidien de ceux qui ont souffert. Celles du temps d’avant la surconsommation, celles d’un temps que même moi je ne peux comprendre. Celle d’un temps où les poupées étaient tant aimées.

Bonne Saint Valentin à tous.

j’ai préféré vous parler de poupées, des coeurs vous devez en être en overdose.

Tant qu’il y aura des violettes.

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Les premières violettes ont pointé  le bout de leur nez depuis plusieurs semaines déjà, j’ai pris le temps de faire un bouquet. Les bouquets de violettes ont pour moi, un symbole particulier. Il y a toujours eu des violettes dans le jardin, des violettes sauvages. Ma grand mère dans le milieu des années 70 m’avait offert un vase à violettes, minuscule vase pour poupées qui m’avait ravie. Je crois que les violettes étaient pour elle, dame élevée avec une importante éducation 19ème, d’un romantisme fou. C’était une grande rêveuse ma grand mère et une grande lectrice, j’ai lu à ses côtés les Jalna, les Pardaillan et les gens de Mogardor,  je crois que si elle avait eu une autre vie, elle aurait été romancière ou poétesse.

 J’ai continué bien après son départ à collectionner les vases à violettes et à lire  (il y en a dans tous les placards). Elle m’avait appris à faire un bouquet, à disposer les feuilles autour et à lier le tout avec du fil à broder (bien évidemment). Donc chaque année, je fais un bouquet et je pense à elle. Je dépose mon bouquet dans un des vases, je le dessine, je le brode ou je le photographie.

Dans mes trésors de chine également, j’ai amassé de petites porcelaines sans prétention, coquetiers et autres verres à liqueur, souvenir d’un autre temps, du temps où Toulouse était la ville aux violettes, du temps où les boutiques à souvenirs regorgeaient de trésors fabriqués en France, leur charme est suranné presque kitch.

 Je glisserai une violette dans un de mes livres, elle séchera dans un parfum désuet, souvenir d’antan qui s’en échappera, si un jour quelqu’un le feuillette.  Cette violette si douce qui dans le langage des fleurs signifie la pudeur, la modestie et l’amour secret m’amène à ses vertus médicinales.

Incorrigible romantique, je suis la petite fille de celles qui ont tant rêvé dans un temps où de nombreuses guerres ont ravagé leur vie. Et j’aime à imaginer que tant qu’il y aura des violettes, on pourra prendre le temps de rêver.

Les coquetiers ont servi hier soir pour un repas d’oeufs à la coque très très frais. Les poulasses (vu leur popotin qui ressemblent à la porte d’Aix, je ne me risque pas à les appeler les poulettes, elles seraient terriblement vexées) ont repris leur rythme de croisière pour la ponte, les jours rallongent.

L’arbre de jade et c’est si rare a fleuri. Et bientôt les camélias, fleurs préférées de Mademoiselle Chanel, encore une grande dame, d’une époque disparue à jamais.

Je suis un brin nostalgique ce matin, il fait très froid, le ciel est d’un bleu saisissant. J’aime ces dimanches un peu au ralenti où le monde autour de nous n’existe plus.

Je file en cuisine, faire honneur à mon autre grand mère pour son traditionnel plat dominical.

Bon dimanche.

 

 

La chevrière a sorti ses chèvres

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Les chèvres sont à la pâture, elles attendent des bébés. C’est trop beau les bébés chèvres.

Ce qu’il faut savoir et que bon nombre de touristes ne savent pas. Si tu veux du fromage de chèvre frais, il n’y en aura pas de décembre à mars, la production reprends au sevrage des chevraux.

Quand tu manges du fromage de chèvre à Noël, il est affiné et c’est du vieux fromage. Nous n’en achetons pas durant cette période de l’année.

Sur ces pensées totalement incongrues de bon matin, parce que hier nous avons croisé les chèvres, je me dis que le printemps est bientôt là. Dans le Var je sais que tous les amandiers sont en fleurs.

J’ai hâte ce printemps qui me semble si lointain. Les chats comme à leur habitude m’accompagnent au jardin. Le mimosa est magnifique. Je n’ai toujours pas fait de bouquet, je le préfère dans le jardin.

et puis une excellente nouvelle, les nouvelles mangeoires à oiseaux plaisent aux mésanges. C’est mon mari qui va être heureux. Et s’il y a des mésanges, il y a les chats bien sûr.

Je ne sais pas si en me lisant, vous vous en apercevez j’ai du mal à rassembler mes idées, à écrire. Un peu comme si c’était rouillé au fond de moi.

Pourtant il fait un temps magnifique, froid mais magnifique, je devrais être inspirée.

Je suppose que j’ai eu besoin de mon énergie pour faire autre chose. On se donne rendez vous peut être demain ? Si vous le voulez bien.

 

 

 

 

Dans ma maison

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En novembre 2010, j’écrivais ceci :

Novembre 2010,

Ce matin j’avais envie de vous parler de ma maison. Il y a des maisons étranges, des maisons qui semblent douées d’une vie propre, des maisons qui sont vivantes,  la mienne enfin ce n’est pas la mienne mais j’y habite, est comme on pourrait dire « une maison de famille » mais sans le pompeux du terme et  elle est l’une des ces maisons. Ma maison n’a pas de nom, elle n’a pas de numéro dans sa rue, elle fait face à une colline sacrée et elle est là immuable depuis le 14ème siècle et en elle vit l’atmosphère de toutes les vies qui s’y sont croisées, des destins qui ont empreints ses murs de mémoire.

Je l’ai ouverte un matin de février, il y a bientôt 10 ans de celà, toute mon enfance, j’étais passée devant, admirant la végétation qui la cachait du regard des autres, inventant une vie à ses habitants. Elle avait été squattée, abimée, mal aimée pendant quelques temps, et moi je suis tombée amoureuse d’elle.  Dès que j’ai entrouvert la porte de la cour,  j’ai su, je n’ai rien vu d’autre, elle venait de m’adopter, qu’importe le chauffe-eau en panne, le chauffage approximatif, la salle de bain précaire, le carrelage à refaire, la gatouillo minuscule, dans ma maison, c’est Halloween toute l’année, les araignées filent et refilent le parfait amour entre elle, se reproduisant à une cadence infernale, les chauves souris « les pipistrelles », s’engueulent joyeusement les nuits d’été, crevant de leurs cris stridents le silence étoilé à la lueur de la lune et du réverbère. De doux fantômes se promènent les nuits d’hiver, et dans un demi sommeil je leur demande de bien vouloir ne pas réveiller mes filles quand ils regagnent le grenier et de bien vouloir retirer leur chaussures pour gravir l’echelle de meunier, ils chuchottent et croient ne  pas faire de bruit, mais je les entends, j’entends la dame couturière qui peste parce qu’elle a perdu son dé, la grand mère d’Elise qui frotte ses mains sur son tablier, et interdit aux enfants de jouer à la corde à sauter sur la terrasse de peur qu’elle ne s’effrondre, j’entends mon grand père Jean saluer monsieur P. qui bricole à son établi et je repète inlassablement les gestes du passé, sans m’en apercevoir, et mes filles jouent aux taraïettes sur les premières marches de l’escalier comme de nombreuses petites filles avant elles.  Elle est remplie de souvenirs qui deviennent les miens au fil des jours, elle est remplie de gros chagrins ephémères et de rires en cascades de petites filles, de goûters copieux, de chansons et de fous rires, et surtout de beaucoup d’amour.  Il y vit des chats somnolents, un chien trop gentil, des poissons rouges aux noms d’intellectuels, quelquefois des phasmes, des rouges gorges, des hérissons, des tétards et autres bestioles des campagnes réfugiés quelques heures, soignés, nourris et relachés. Ma maison sent bon le gateau, les confitures, la sauce tomate et l’aioli, ma maison  sent le basilic et la menthe qui poussent sur les fenêtres, et quelquefois il faut le dire, le pipi de chat, ceux qui ont élus domicile à l’ombre de la terrasse, se prélassant d’un seul oeil guettant le lezard de passage, la sauterelle imprudente. Les grillons et les crapauds s’égosillent si fort la nuit, que je suis obligée d’augmenter le son de la télévision pour écouter mon programme ou de l’éteindre pour pouvoir profiter de leur concert, les rossignols racontent le matin très tôt à qui veut bien l’entendre leurs rêves de la nuit. Les escargots domestiques, à la carapace orné de vernis à ongle afin de les reconnaitre et qui portent chacun un nom de baptème,  se perdent très souvent et les cris fusent « Mamaaannnnnnnn tu n’as pas vu Lulu mon escargot, je ne le trouve plus ! » et les scarabées verts qui entrent à chaque fois pour apporter de bonnes nouvelles. Et puis le rosier qui chaque année essaye de nous rendre la vie plus belle, parce que la première rose de l’année est signe que le beau temps et les abeilles vont arriver. Quelquefois ma maison se pare de milles lumières, et une multitudes de bougies éclairent tout en dansant, les marches de l’escalier, pour fêter Noël ou un anniversaire, où tout simplement pour le plaisir d’une soirée ensemble. Dans le silence,  je l’écoute respirer, vivre, elle est le coeur de ma famille, Elle Est et c’est tout.

Ma maison est ouverte à tout ceux qui veulent bien y dormir et prendre leur petit déjeuner sur la terrasse, ou goûter la recette des boulettes dominicales de ma grand mère, la soupe au pistou de ma mère, ou les supions à la sétoise de tata Pierrette. A l’ombre du monte en l’air, les recettes se transmettent un peu plus chaque dimanche, mais ce n’est pas moi qui décide, non non je ne décide jamais rien.

J’invite et …. c’est elle qui choisit ses hôtes, elle décide si ses visiteurs ont gardé le coeur pur de l’enfance,  mes vraies amis aiment ma maison, ils la bichonnent et elle le leur rend bien,  ils s’y sentent bien, et n’ont plus envie de partir, les autres …. la maison se charge de les faire fuir. Elle se transforme, et se rend répulsive dès qu’ils la regardent, et ils ne voient plus qu’un tas de ruine, une maison délabrée, et pas toujours trop bien entretenue. Et c’est ce qui fait la force de ma maison c’est qu’elle sait qui est bon et qui ne l’est pas.

Le jour où je la quitterais, je sais hélas que ce jour viendra, je voudrais que ce soit quelqu’un qui l’aime autant que moi qui l’habite mais je sais que mon souhait sera exhaucé c’est Elle qui le choisira.

En attendant ce jour triste, j’économise mes forces et des petits sous pour lui faire un beauté, j’ai déjà hâte le printemps, que les fenêtres s’ouvrent, que l’air pur entre, que les rideaux blancs s’envolent dans la lumière et que la première cigale sorte de terre. C’est ma maison, elle ne se trompe jamais, elle est mon refuge, mon jardin secret, elle soigne les blessures et tant pis pour ceux qui n’ont pas su l’apprécier, la porte était ouverte …

Janvier 2023,

J’ai déménagé 5 fois depuis, aujourd’hui en 2023, je suis vraiment dans la mienne de maison, ou presque, car elle n’est pas vraiment terminée, pas encore, mais ce jour viendra.

Je me suis aperçue, que c’était moi qui rendait les maisons ainsi.  J’espère de tout coeur que mes filles feront la même chose, le jour où je ne serai plus là. Mais ce jour n’est pas encore là. Aujourd’hui il y a grève, et les grèves … j’ai toujours adoré, d’abord parce que je suis presque toujours solidaire, mais surtout parce que mes filles sont à la maison, pas de cours à la fac aujourd’hui. Et ce n’est que du bonheur. Depuis qu’elles sont petites ça a été un déchirement pour moi de les voir reprendre l’école. Nos meilleures années ont été lorsque qu’elles faisaient l’école à la maison au Moyen Orient. Bien sûr elles ont leur vie, et je ne les empêche pas de vivre, mais c’est un bonheur de les savoir avec moi.

Dans ma maison, il y a toujours des fantômes mais ce sont les miens. Ils sont là présents, ceux de ma famille qui s’y sont éteints. Dans ma maison, rien n’a changé, les gâteaux, les animaux, les marches d’escalier, les pipistrelles et maintenant les poules et les tourterelles. Dans ma maison, les jours s’écoulent et c’est elle qui est mon refuge. Oh ce n’est pas tous les jours facile, il y a des jours où il fait froid, où le feu ne veut pas prendre dans la cheminée. Qu’il fait si froid dans mon atelier, que je ne peux y aller.  Il y a des jours où le moral n’est pas au beau fixe. Il y a des jours où je rêve de courir, de gravir les pentes de la colline, d’arracher les herbes dans le jardin, et je peux toujours pas. Il y a des jours où j’ai envie sur un coup de tête d’embarquer mes filles pour manger des pizzas en Italie, mais je ne peux pas conduire longtemps.

Mais un jour viendra où tout redeviendra normal , car il y a des jours où tout devient magique, parce que les étourneaux survolent le jardin. Et que les poules ont fait des oeufs pour des patisseries étonnantes.

Demain je vous raconterai comment ce n’est jamais facile pour Monsieur, de décharger une remorque de foin. Bonne journée.

Un dimanche à la campagne

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On n’est jamais vraiment seul dans le jardin. Monsieur a taillé le troène qui prenait un peu trop ses aises devant la terrasse. Avec les branches, il a fabriqué des mangeoires à oiseaux, il avait vu ça sur Facebook, si vous cliquez sur le lien, vous aurez le tuto, bien sûr certains diront que c’est aussi dangereux que les filets pour les oiseaux, il en a fait peu, afin de pouvoir surveiller si les oiseaux apprécieront ou pas.

Il fait froid mais beau, le soleil vitaminise tout, les poules suivent, les chats également, les chiennes s’investissent de leur mission de gardienne de chevaux. C’est calme, c’est doux, c’est tranquille. Je peine a suivre tout ce beau monde. Mais c’est enivrant d’être dehors. Les mésanges me le montrent bien. J’ai hâte de voir si les nouvelles mangeoires leur plairont, il les a installées devant mon atelier.

 

 

Moi et le thé matcha

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Le thé matcha, vous avez tous vu sur Instagram et dans les revues, tous ces gâteaux subtilement verts qui défilent sous vos yeux. J’avais envie d’en faire un. J’ai fait trois tests, les deux premiers gâteaux très bons mais pas assez verts pour la spécialiste du thé matcha qu’est ma frangine (elle tient un salon de thé). Le troisième semble être presque parfait (pas encore assez vert mais ça commence).

Le thé matcha c’est comment dire …. de l’herbe. Pas de la Marie-Jeanne, tu me connais, ce n’est pas mon genre, mais de la véritable herbe, genre le goût du gazon fraîchement tondu. Si tu veux y goûter, pense qu’il faut que tu te prépares à aimer le foin. Pense comme un ruminant avant de te lancer. J’ai goûté et j’ai aimé. Mon petit côté kratrice rurale certainement.

Allez je te le montre mon gatal. Je sais que dans 5 minutes tu vas me prendre pour Google et  me demander la recette. La voici, C’est un gâteau au yaourt tout simple, le vrai gâteau au yaourt, j’ai rajouté 2 cc bien bombées de thé matcha dans la farine, j’ai mis un peu plus de sucre et un sachet de sucre vanillé. Le glaçage ? Oui le glaçage vert, du sucre glace, un blanc d’oeuf  et 1cc de thé matcha en poudre et j’ai remplacé le jus de citron par 2 cs  d’eau bouillante et encore un sachet de sucre vanillé  et comme c’est le temps du mimosa , j’ai rajouté des petites boules de sucre jaune et deux feuilles de mimosa. Je n’allais pas couper mes fleurs pour un gâteau quand même.

Tu sais tout ou presque. En revanche sur ma lancée de vertitude exacerbée,  je me suis préparé un lait matcha. Pardon un Matcha tea LATTE, avec la mousse de lait et tout et tout. Froid (et avec du vrai lait de vache, rural ne voulant pas dire vegan). J’adore cet appareil, le mousseur à lait (merci ma Sylve des bois pour le tuyau) Je vais devenir une vraie barista. Machiato, capuccino, chocolat viennois etc… je n’habite plus Belle Étoile mais Beautiful Star … Bucks.

Enfin j’ai testé le thé tout simplement…. Chouette médicament. Le foin chaud ça n’a pas de mot pour le décrire.


 

Et si malgré tout ….

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Je vous souhaitais une Bonne Année.

Bonjour le monde, bonjour mon monde, je venais vous souhaiter une bonne année, et une santé de fer, parce qu’on en a bien besoin, et en même temps je me débats avec un foule de questions dans ma tête.

 

Je suis en pleine phase de réflexion, à quoi ça sert tout ça ? Les blogs, les  réseaux sociaux ? Pour vendre, pour se vendre, pour faire vendre les autres, pour étaler, pour s’étaler, pour montrer que nous aussi ? Franchement, je ne sais pas, je ne sais vraiment pas.

Je suis un peu moqueuse, c’est dans ma nature, et je suis sûre que plein de gens se moquent de moi et ça a le mérite de me faire rire.
Vous souvenez vous de ces soirées interminables chez les amis des parents, où ils nous passaient sur écran de toile, les diapo de leurs vacances, il y avait Jeanine (Miss parfaite) sur la plage, Henri (Mister jambon) en pleine action et sa glace à la main sur les hauteurs d’Ajaccio, il y avait les morveux en maillot de bain qui tiraient la langue et leur bouée canard, ils ont bien failli se noyer et on ne les avait pas surveillés (Madame Casse Burne devant l’écran). Leur chien Oscar le caniche et sa nouvelle coupe tendance. Et puis les photos de leur maison de campagne rustique, car c’était à la mode le rustique, même qu’ils en parlaient tout le temps dans Femina (le vrai, pas celui de la Provence), la cheminée, le feu, le ski et la montagne et les recettes de cusine (Madame Déco). C’était chiant, mais chiant à mourir, et s’en n’en finissait pas, les plateaux de coquillage, les spécialités locales, les vues de la mer ou des montagnes, à perte de vue, à en avoir la nausée et ils racontaient leur vie, toute leur vie, leur vie de A à Z, les soucis de santé de Mamy Fernande, le cor au pied de Jules, même les hémorroïdes de tante Jeanne y passaient, et Monsieur Janvier qui était bien malade (stade terminal), on est pudique durant les soirées diapo).
Des soirées suicide collectif.
Et ben, on doit être encore un peu maso, on n’en a pas eu assez quand on était petit, parce qu’en 2023, on remet ça et sans les biscuits d’apéritif, on le fait tous les jours sur Instagram ou facebook, ou tiktok (oui oui je suis sur tiktok) …. en plus comme les photos et les films ne coutent plus rien, (rappelez vous, ça coutait un bras et même un rein, le développement des 36 diapos chez Kodak à l’époque sans parler du tirage des 72), aujourd’hui, elles déferlent par centaine sur nos écrans et ben maintenant on a Miss Casse Burne qui racontent sa vie et se noit dans un verre d’eau et qui te gonfle avec ses mouflets. On a Madame Parfaite ou tout est nickel même le cul de la poubelle et qui ne rate jamais un gâteau, on a Miss moi, mon nombril et mes fesses, qui pose sous toutes les coutures, on connait même l’emplacement de son grain de beauté sur le sein gauche,  Miss Déco, qui pense très sincèrement être une influenceuse, elle est la papesse de l’influence, tous les autres ne sont que menu fretin ringard et has been, elle te sort des trucs du siècle dernier pour pour dire « regardez je l’avais fait avant, moi ».Et enfin,  on côtoie Damoiselle Ouvrages de Dames, et là c’est du sérieux, tu en prends toute les deux heures, du « mon encours », « mon pas tout à fait fini », « mon terminé », « mes fils récoltés sur le dos d’un lama albinos élevé au gingembre et teint à la fleur d’artichaut », « mon ciseaux », « mes aiguilles », et « mes pelotes de laines très chères que vous trouverez sur mon site internet ». Tu peux également y rencontrer Fraulein Doctor la professeure de conseil en tout genre, coach de ta vie, diseuse de bonne aventure et bijoutière végan à ses heures, mais honnêtement celle là, je l’évite. Tu connais tellement leur vie, que si tu étais un service secret étranger, tu as tous les renseignements dont tu as besoin, pas besoin d’écrire leur bio et leur vie, pas besoin de faire des enquêtes, ton boulot est mâché.
Mais êtes vous  au courant que maintenant, Oh ! Grand Miracle,  on peut s’échapper direct sans être obligée de leur faire la bise et de leur dire au revoir,  on peut disparaitre en douce rien qu’en cliquant sur sa souris, et ne jamais revenir et ça, ça n’a pas de prix.
Et on peut même étaler les siennes de photos, juste pour se la jouer « Miss comme tout le monde ».  Ce que je fais joyeusement tous les jours ou presque, parce que j’aime ça épingler une photo dans l’immensité de la toile, qu’une cinquantaine de personne verra, et oubliera dans les 5 minutes qui suivent… ou n’oubliera pas.
Puis il y a la TENDANCE, la tendance est un joli mot employé par les créateurs en mal de création pour ne pas employer le mot plagiat. Quand une personne fait une merde, vingt cinq milles merdes apparaissent en même temps sur nos écrans et dans tous les domaines. Le premier est un lanceur de merde et les autres sont en manque de personnalité, avides aux sesterces (puisque ça a l’air de fonctionner, je fais aussi) ce ne sont que de médiocres suiveurs. S’ils étaient des tueurs en série, ils seraient des « copycat » . Mandieu, peut être que finalement tous les créateurs sont des psychopathes. Je suis psychopathe ….. mais suis je créatrice ?
Je pense qu’une psychanalyse s’impose, oui oui pour moi aussi, je suis une créatice, enfin j’essaye. Je vais me faire psychanalyser c’est gratuit et tendance.
PS : ça ne donne même plus envie de créer on a l’impression d’avoir fait le tour de tout.
j’ai vraiment l’impression d’avoir fait le tour de tout. Mais ce n’est peut être qu’une impression, mais elle se diffuse comme la gangrène d’un trop vu, trop souvent. Quelquefois je relis les petits riens, plus de 10 ans que je les écris et je me dis, tu as fait tout ça. Et oui on tourne en rond, je tourne en rond, on y revient, la valse éternelle de la vie, celle qui nous fait penser que finalement, un petit rien, c’est pour s’émerveiller soi, pas les autres. Quel interêt ai-je à vous montrer une infime poussière de lumière dans le mimosa de mon jardin ? Vous avez la même lumière chez vous. Dois je vous apprendre à la voir ?
Je vous embrasse très fort, vous m’avez manqué, les poules vont bien et sont toujours libres, le jardin est toujours cristallisé par la gel, les oiseaux chantent et moi je …. boite encore et je fais ce dont j’ai envie enfin presque. Dites moi avec la crise d’égo et existentielle que je viens de prendre si je dois continuer ou pas. Merci d’avoir lu jusque là avec Insta et les autres, on ne lit plus beaucoup très longtemps.
PPS : très difficile de revenir, mais ça m’a fait plaisir.
mes poules
mon bois
mes oliviers
mes premières violettes
mes bébés tortues qui ne peuvent pas hiberner
mon mimosa
ma galette des rois que j’ai fait moi
mes jacinthes pour illuminer le gris du mois de janvier et mon buffet que j’ai peint moi
mon gâteau au thé matcha que j’ai fait toute seule et qui n’est pas vraiment vert.