J’ai restauré des poupées dans l’atelier, il est devenu l’espace d’une matinée une clinique de poupées. Il y en a des très vieilles, de beaucoup moins vieilles et des antiquités, des antiquités au sens péjoratif du terme ;-) . Il y a une quarantaine d’années, je collectionnais les poupées (ce que je fais toujours) j’étais ado, je n’avais pas trop de moyens, et j’avais ramené cette poupée ancienne à la maison, le visage en composition à moitié mangé par les souris, elle avait perdu un quart de sa bouche et sa dentition. Patiemment mon père avait remodelé le visage avec de la pâte à bois, j’avais poincé, poncé, poncé, nous avions repeint le visage, et j’étais très fière de notre travail et de ma poupée, il m’avait dit « jusqu’à ce que tu trouves une tête en porcelaine pour la remplacer. Je l’ai trouvé, il y a deux ou trois ans, une tête en porcelaine, même modèle, même taille. Avec les poupées, il faut savoir être patient, très patient. Et voici la nouvelle jeune fille, les yeux noirs, les cheveux presque roux. Je garderai à jamais l’ancienne tête, elle est mon histoire et celle de mon père aujourd’hui disparu. J’ai ouvert un ou deux cartons de ce qui est la partie visible de l’iceberg de ce que j’entasse depuis la nuit des temps, et j’ai trouvé une robe de baptème qui lui va à la perfection, ainsi qu’une paire de chaussons dorés qui appartenaient à ma fille ainée à sa naissance.
Comme j’étais dans la restauration de poupées, j’ai sorti cet arlequin tout doux, dépoussiérage, lavage et détachage des vêtements ainsi que changement des dentelles brûlées par les ans (les cartons étaient de sortie autant en profiter). Je l’aime je ne sais pas pourquoi, il est signé d’un signe cabalistique, il n’est pas chinois, et est certainement le travail d’un créateur de poupées des années 80, je ne sais qui il est mais il est doux et pose sur le buffet. Je l’appelle le vénitien.
Il y a les bébés chinois, dont un a perdu sa tête, je serai patiente pour lui en trouver une nouvelle. Et la poupée de caoutchouc un peu victorienne, une bouille incroyable, mais irrémédiablement perdue à jamais, un jour, plus personne ne saura à quoi elle ressemblait, elle tombera en poussière comme tant de choses avant elle. Elle sent (elle pue) le vieux gutta percha qui se désagrège, je l’ai enfermée à l’abri de l’air et de la lumière, il faut que je trouve un moyen de la mouler pour garder une trace.
Ce matin, j’avais un peu envie de m’occuper d’elles, elles avaient besoin de moi, à moins que ce ne soit moi qui avait besoin d’elle.
Belle fin de journée à vous, ce n’est pas tout, j’ai des cartons à remettre à leur place (sur les autres).
Hélène Perrier
Le pays des merveilles ? En tout cas ça lui ressemble.
Carole
Tu me rend nostalgie…… tu a redonné vie à ta poupée, tu lui a retrouvé un joli minois, moi j’ai déjà redonné un corps à une jolie demoiselle qui avait été retrouvé dans un endroit où il y avait eu un incendie, m’a tante l’a gardé dans son tiroir des années, lorsque je me suis mis à faire des poupées elle m’a demandé de lui si je pouvais faire quelques chose :) je lui est redonné une autre vie et fait un grand plaisir à ma tante tu es une amoureuse de tout ces trésors, tu en parle avec tendresse, j’aime moi aussi ces poupées qui on une histoire, une vie….. si elles pouvaient parler……
mamillon du Luberon
cela ne peut pas s’expliquer, « l’amour des poupées », ou de certain objets anciens…
je pense que d’ici quelques temps, tu vas finir par ouvrir un musée , et en plus quand certaines tu hésites , c’est moi qui les récupère, ce sont de s objets inanimés, mais je pense et j’en suis sûre ; elles ont une vie , elles auront tant vécu de choses qu’il ne faut pas qu’elle tombe dans l’oubli , et c’est pour cela qu’on les aime