Quand j’habitais Alger, je patientais toujours dans l’hiver parce que je savais qu’en une nuit, une seule nuit froide et pure de février, les amandiers de la vallée des Consuls se couvriraient de fleurs blanches. Je m’émerveillais de voir ensuite cette neige fragile résister à toutes les pluies et au vent de la mer. Chaque année, pourtant, elle persistait, juste ce qu’il fallait pour préparer le fruit. Ce n’est pas là un symbole. Nous ne gagnerons pas notre bonheur avec des symboles. Il y faut plus de sérieux. Je veux dire seulement que parfois, quand le poids de la vie devient trop lourd dans cette Europe encore toute pleine de son malheur, je me retourne vers ces pays éclatants où tant de forces sont encore intactes. ..
Extrait de « l’été » [ Camus ]
Tu te lèves dans la pénombre, encore embrumée de tes soucis et tu vois un paquet d’amandes émondées qui traînent dans ton placard, et puis tu n’as pas envie d’aller chercher du pain pour faire ton petit déjeuner …. et …. résultat d’une grosse crise de flemme …. typically Provence of course …. 40 minutes de cuisine.
Un amandier c’est ce qu’il y a de plus beau et plus fragile en Provence.

Je vous vois déjà en train de trépigner, la recette, la recette, la recette ….. ben elle est là ….. j’ai juste rajouté des raisins secs et une cuillère à soupe d’eau de fleur d’oranger …. et c’est très bon pour goûter aussi et avec un thé.


Même à des endroits où on s’y attend le moins …
et les passages secrets (enfin presque) ….
et les maisons qui s’arrondissent au soleil levant …
J’en parlais hier de ces gestes ancestraux transmis de mère en fille, qui chaque fois que nous les répétons me laissent un sentiment d’éternité. Chaque fois que je vois le pilon et le mortier de mon arrière grand mère, chaque fois que je vois ma mère s’en servir, chaque fois que je m’en sers, et lorsque j’apprendrais à mes filles à piler l’ail et le basilic ou à monter un aïoli, il y aura les ombres de nos aieules qui nous surveilleront et j’y verrais un court instant, la vie éternelle.



C’était l’inauguration de la fin des travaux de restauration de l’Eglise de la Tour d’Aigues, elle date du XIII ème siècle, une forteresse qui nous contemple, construitre sur un ancien temple romain. Elle s’élève, là, embrassant la ville et la protégeant …
Des enfants sur le parvis comme des milliers d’enfants durant 11 siècles …
J’avais oublié comme l’intérieur était beau …. et je n’ai pu m’empêcher de brûler deux cierges pour deux peuples qui souffrent … que leur père m’entende parce qu’Israël et Ismaël étaient deux frères, parce que l’Afrique s’entretue pour un Dieu inutile.

Se réveiller dans le flou d’une station de radio qui m’assène d’horreurs sans nom ….
Se souvenir de ma bulle, le temps de me remettre des nouvelles de ce monde qui devient fou, de ce monde tourmenté de haine, d’ignorance et de peur. Me souvenir que j’ai repris mes aiguilles … pour broder du noir … pourquoi du noir, le noir de l’âme des hommes ? Le noir d’un nuit qui s’achève ?
et dans ce moment de calme, au soleil levant ….. j’essaye de broder la lumière, de broder les étoiles… non pour oublier mais pour me protéger …. de mon impuissance à cette violence. Que puis je faire à part prier, moi qui ne croit plus en grand chose, prier et faire de ma vie des petits riens de calme et de douceur.








