Je suis en plein déni (comme dirait mon amie Cécile), tellement en déni que je n’ai pas fait rentrer le bois, il va falloir que je le fasse, même s’il en reste un peu de l’hiver dernier, je suis en déni d’un automne que je ne veux pas voir venir, et je ne suis pas la seule, les chats continuent à squatter les chaises du jardin, le grand nigaud est toujours aussi nigaud, sait il qu’il est un chat ? Il aime tant perturber les poules qu’elles vont finir par pondre des oeufs durs, s’il continue à les courser comme ça. Le jardin, vit sa vie, les tomates refleurissent, ainsi que les poivrons, les aubergines et les courgettes. Les rosiers s’en donnent à coeur joie, et pourtant l’automne pointe bien son nez, le ciel est noir, on nous a promis la tempête pour dans quelques heures ou jours. Un épisode cévenol, ils disent. Comme si on avait attendu les Cévennes pour être inondé, pour moi la pire année a été 92. Je suis traumatisée par les inondations, c’est la faute de ma grand mère, ma grand tante et mon père, les gardois, les inondations du Virdoule à Quissac sont ancrées dans nos gènes, le moindre orage et me voilà terrorisée, ou du moins en alerte, j’écoute l’eau, je la suis, je l’espère et la redoute. Mon père n’a jamais voulu habiter près d’un cours d’eau ou d’une rivière et maintenant avec le recul, je le comprends, d’ailleurs que ce soit la bastide des arrières grand parents ou les fermes près du Vidourle, elles n’étaient pas habitées au rez de chaussée, chez mon arrière grand père c’était l’atelier et les cuves de vin, car il était viticulteur, chez d’autres, c’étaient les étables et les écuries, avec souvent une cheminée pour faire les conserves, et l’horrible crochet au plafond pour tuer ce pauvre cochon (je sais que c’est bon le jambon et le saucisson). Mais je m’égare, tout ça pour vous dire que malgré le fait que notre maison ait été construite en conséquence et au cas où, j’ai quand même la trouille des inondations.
Malgré mon déni, les étourneaux qui ponctuent le ciel de leur vol limite sinistre aujourd’hui et la myrte qui noircit me disent le contraire, c’est terminé les beaux jours.
Je n’en veux pas de cet automne, je ne veux pas de l’hiver. Je rêve des pays où j’ai habité, où l’été est éternel, j’en rêve, mais je n’y suis plus, alors je vais m’adapter, et puis il faut être honnête dans un peu plus de trois mois et demi, les amandiers seront en fleurs.
Bonne journée mon monde, bonne journée le monde.