Billets récents
Le 25ème jour d’après – Histoire d’eau.
Dans tout le jardin, il y a des points d’eau, ces vieux tonneaux, auges de pierre, ou simple bac de plastique, servent d’abreuvoir aux chiens, chats et divers oiseaux, même si ce n’est pas leur destination première, chacun d’eux est habité pour éviter la prolifération de moustiques. le jet d’eau d’un entre eux est en panne, j’espère le recevoir très vite, j’ai osé faire une commande, mais c’est de première nécessité, l’oxygénation de l’eau. Les grenouilles commencent à sortir de leur hibernation, encore un peu groggy. Les bébés poissons ont survécu à l’hiver dans le tonneau nursery, et c’est une bonne nouvelle. J’aime savoir qu’il y a de la vie de partout, partout où je me retourne. J’en ai besoin. Mon mari m’a montré comment utiliser la camera en sous marin et en vidéo, j’adore, ça ouvre des possibilités immenses. En visualisant l’intérieur, sous l’eau, j’ai découvert que le tonneau était un monde, leur monde, un monde entier, celui de mes poissons, comme la terre au milieu de l’univers, peut être que nous sommes les poissons de quelqu’un qui sait ?
Toute ma vie, j’ai eu des poissons chez moi, il y a les bassins et trois aquariums dans la maison, guppy, combattants, carpes et autre carassins vivent tranquillement leur vie de poissons. Quand mes filles étaient petites, je cavalais comme une dingue pour les accompagner à l’école, certains funestes matins en redoublant d’effort pour camoufler un poisson mort dans l’aquarium et oui c’est arrivé de temps et temps et de demander à quitter mon travail plus tôt pour faire tous les magasins d’aquariophilie pour trouver exactement le même que le malheureux défunt, rentrer en urgence, jeter la pauvre bête au fond de la poubelle, vider l’aquarium, le désinfecter et remplacer le nouveau, qui avait maigri ou grossi selon ma trouvaille durant la journée. Si vous avez des enfants, surtout ne prenez jamais de poissons tachetés, on ne retrouve jamais exactement le même.
Tout ça pour vous dire quoi ? Oui que les poissons c’est la vie, je suis totalement persuadée que les poissons ont le secret de la vie éternelle, jamais personne n’a vu mourir un poisson de vieillesse ;-), il meurt de maladie ou mangé par un prédateur … et si le monstre du Loch Ness était un gros silure qui n’a jamais eu de prédateur, ni de maladie ?
Je sais je m’égare, mais aujourd’hui qu’est ce qui est de la science fiction, qu’est ce qu’il ne l’est pas ? Des virus mutants qui se réactive tout seul, c’était de la science fiction … hier.
C’est Pâques demain, je vous souhaite une belle journée, n’oubliez pas de créer des rituels, de petites habitudes, ça nous aide à tenir, demain il y aura une chasse à l’oeufs, parce que c’est comme ça. Prenez soin de vous.
« Ne cherche pas dans l’océan, ce que tu peux trouver dans une goutte d’eau. »
Anne-Sophie Salaün
Le 24ème jour d’après – Problème de territoire
Je te prie de m’excuser, les photos ne sont pas tip top, je n’avais que mon téléphone, je n’avais pas prévu ce moment là pour les petits riens. J’ai fait l’inspection des fruitiers récemment plantés, j’aurai des feuilles de poirier et de pommier, les cerisiers me semblent bien long à démarrer et m’inquiètent. J’ai appris avec effarement que les jardineries avaient été prises d’assaut pour les plants de potager, mais bon à moins d’avoir une serre, c’est trop tôt pour planter, ça va geler. Et ouf j’ai retrouvé Léopold le nain de jardin enseveli sous les herbes folles. Il faut que je désherbe.
Hier je suis allée au ravitaillement, je crois que la France entière fait des gâteaux, ce qui n’est pas pour me déplaire, pas un paquet de farine, d’oeufs ou de levure dans mon magasin, dévalisé. Je n’ai pas eu le courage d’aller dans un autre magasin où une queue de 200 mètres en plein soleil, attendait le droit d’entrer, c’est totalement surréaliste, effrayant même. J’en trouve dans mon épicerie à moi, mais c’est quand même hallucinant ce besoin de faire du stocks, même pour 15 jours, il n’y a pas besoin de 12 kg de farine (à moins que tu ne fasse chaque jour, du pain, des gâteaux, des sablés, des pizzas (plus de pâte à pizza non plus), des gnocchis et des pâtes fraiches.
Il me reste des graines pour les oiseaux. Et c’est important, parce que mes tourterelles sont à nouveau dans le jardin, malgré les chats qui s’y promènent. Mais il y a un autre problème, les poules ont décidé que l’endroit où je mettais des graines, c’était chez elle. Donc problème territorial. Les tourterelles attendent sagement que ces gentes gallinacés aient terminé leur repas.
C’est Mousse ce matin qui m’a accompagnée, en sautant après tous les insectes volants qu’il voyait. J’aime le voir mon caïd des poubelles de Lourmarin, il n’a pas grandi, dans sa tête il est toujours un chaton, il casse les pieds à tout le monde et il adore ça (chut et moi aussi).
Je continue à vivre dans un espace temps qui m’est propre, que j’ai choisi, peut être que finalement j’avais raison de me confiner à mon territoire bien avant l’heure. Je file confectionner des masques, j’ai eu des commandes. Prenez soin de vous, surtout.
Belle journée à tous.
Le 23ème jour d’après – Je ne veux pas m’habituer.
J’ai parcouru le jardin, comme tous les matins, toujours un chat à mes basques, les meubles en fer forgé sont ensevelis sous l’herbe, la bombe de peinture que j’avais utilisée l’année dernière n’est pas au top, il va falloir que j’aille chercher un bon vieux pot de peinture et les repeindre en noir, les banks pointent le bout de leur nez, rose, blanc, jaune, ça va être une féérie et j’aime ça, ces rosiers sont pour moi le symbole de la Chine ancestrale.
J’ai eu également une belle émotion, j’ai enfin réussi à voir fleurir un arum chez moi. Ces fleurs m’ont toujours paru si irréelles, comme si elles n’appartenaient pas à notre monde mais à un siècle aujourd’hui disparu, que c’est un réel bonheur d’en voir une dans mon jardin, j’ai l’impression d’avoir planté les bulbes depuis des décennies.
Et puis j’ai enfin cousu des masques, je n’y arrivais pas, je ne pouvais pas en coudre, comme un refus inconscient, un blocage de ce qui se passe. Je ne veux pas m’habituer à cette période si bouleversante, je ne peux pas. Mais il fallait que j’en fasse, pour des amies, pour leur sécurité, alors j’ai pris des tissus un peu précieux, avec du beige et du doré, des tissus un peu ludiques et j’ai cousu, et d’autres en vichy pour les tout-petits. En cousant, j’ai affronté les démons, cette peur irraisonnée de la maladie, cette terreur d’une guerre bactériologique qui m’a toujours suivie depuis toujours et qui n’a aucune raison d’être.
Et puis je suis trop fière, presque à me la péter un peu, mon petit citronnier a fait des citrons, DEUX citrons, un qui murit tranquillement et l’autre qui attends d’être associé au gingembre que Julie l’épicière de mon village a réussi à trouver au MIN.
Une boisson énergisante et réconfortante est en cours de « concoctage » par ma mother.
Je suis désolée de compter les jours, mais si je ne le fais pas, je perds mes repères
Belle journée à vous, prenez soin de vous.
PS : pour les masques j’ai pris ce tuto là
Le 22ème jour d’après – Les semis
Les petits pas de pierre ont retrouvé leur place, l’herbe a été plantée. Les semis sont sous verre et germent en silence, pour le jour où les plants feront leur petit voyage de l’autre côté du jardin.
Les chats s’amusent dans le jardin, et grattent la terre fraichement retournée, quel bonheur de s’y rouler dedans. Minahouët se prend pour une statue et pose pour l’éternité, il ne me lâche pas d’une semelle. Les cerisiers s’en donnent à coeur joie. Une araignée a tissé sa toile. On est loin, très loin de la tourmente du monde. Cette ambiance « petite maison dans la prairie » je l’ai toujours voulue, peut être avais je raison, peut être que les valeurs changent, peut être que …. Il faut que je trouve des lampes solaires pour le nouveau lustre de jardin pour éclairer les soirs d’été.
Prenez soin de vous, déjà 3 semaines, tenez bon, ne sortez pas, c’est la seule façon de vaincre cette merde et surtout de protéger des vies.
Le 21ème jour d’après – Je suis une Kratrice Rurale
Il fait beau, on laisse les portes ouvertes, j’ai des visites très régulières, un jour je vais les retrouver sur la table, elles veulent peut être que je les brode ? Qui sait.
Il est de toute façon prouvé, que je n’usurpe pas mon titre de kratrice rurale ;-)
Je ne suis pas très bavarde aujourd’hui, prenez soin de vous.
Le 20ème jour d’après – Oublier le temps d’un week end.
Cuisiner le temps d’un week-end, croire que rien n’a changé, faire comme Si, afin d’évacuer le stress, faire des pommes de terre à la suédoise, des artichauts à la provençale, les steaks au barbecue, et vivre au milieu des animaux, regarder les poules s’installer pour faire la sieste, suivi par celui qui travaille comme un dingue toute la semaine pour nous, suivre au rythme d’une des tortues, le temps qui passe et puis s’installer pour le café du petit déjeuner avec les palets bretons cuisinés par ma fille et sa grand mère, parce que c’est tout simplement ça un petit bonheur. Trainer dans sa « magnifîiiiiiique » tenue de confinement, et patienter calmement sans heurts ni tension, parce qu’il y a bien pire que chez moi. J’essaye de m’imposer des rituels juste pour imaginer que l’après existe. Heureusement que ma famille est là.
Prenez soin de vous.
Le 19ème jour d’après – Ils s’en vont pour ne plus revenir.
Ce matin en ouvrant ma boite aux lettres j’ai découvert avec une immense tristesse, le commentaire de Louise Gauthier, la fille d’Alain Gauthier, illustrateur de renom, sur cet article que j’avais publié en 2014 et que je republie aujourd’hui. Il nous a quitté hier de cette saloperie de virus.
Je n’ai pas de mots et une immense tristesse, chaque jour est une hécatombe dans notre monde où tout va mal, tout va de travers.
Ceci n’est pas un petit rien.
« J’ai découvert au fond de la bibliothèque un livre d’enfant de 1974 … j’ai adoré les illustrations au point de gribouiller sur mon cahier … parce que Zizou ça m’interpellait quelque part … seuls mes très proches savent pourquoi …
Zizou Artichaut Coquelicot Oiseau … poésie immense dans les dessins, Je suis bien trop terre terre pour les textes ou j’ai perdu un peu de mon âme d’enfant …
l’illustrateur est immensément connu, c’est Alain Gauthier, son monde fantaisiste, onirique, faussement naïf m’a transporté durant quelques instants dans le tendre monde de l’enfance… durant mon travail de mauvais copiste.
A découvrir …. ICI pour en savoir un peu plus sur Alain Gauthier et un petit peu du livre …
Belle journée à vous »
Le 18ème jour d’après – Le petit bois
Je me suis autorisée à sortir pour allez photographier le petit rien du jour, j’ai mis 45 minutes et 900 m (aller et retour) . On avait le droit enfant d’aller jouer dans le petit bois, mais seulement dans le petit bois, je suis donc retournée dans le petit bois. Le verger de cerisiers qui se trouvait à côté est devenue une jungle, le pavé mystérieux est toujours mystérieux , et le petit bois est toujours un petit bois, j’y installais ma cuisine avec des grosses pierres, des brindilles, je faisais semblant d’y faire un feu, je cuisinais les noisettes ou les champignons selon les saisons. Les noisetiers ont envahi le sous bois, les pins et les chènes également, j’ai vu la première noisette qui se formait.
Je ramassais des joncs et je faisais des paniers, panier que m’avait appris à faire Pépé Fouques. C’était hier tout ça. Je crois qu’il y a toujours des fées dans le petit bois, même si les cerisiers sont devenus sauvage. Et puis nouvelle d’une grande importance, des abeilles habitent juste à côté.
Plus grande j’ai eu le droit d’aller dans le grand bois sur la colline. Mais bien plus tard, il fallait faire 500 mètres de plus, et je n’entendais plus ma mère m’appeler pour le déjeuner, mais j’avais une montre.
Bon week end à vous, il vaut mieux être seul que mal confiné, de ces souvenirs d’enfance sauvage, il me reste une facilité déconcertante à être confinée.
Prenez soin de vous, faites attention à vous, restez chez vous.
PS / Les Iris ont colonisé le chemin, hâte de les voir en fleurs.