Le 17ème jour d’après – Les abeilles n’en n’ont rien à faire.

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Oui les abeilles n’en ont rien à faire, des états d’âmes des humains, c’est le dernier de leur souci, elles passent d’une fleur jaune à l’autre sans se poser de question, elles n’écoutent pas les humains qui s’égosillent derrière leur écran, elle s’en foutent royalement, tu peux crier, tu peux hurler, tu peux vociférer à crier au complot, elles s’en foutent, je dirais même mieux c’est que ça les éclate que tu t’énerves, parce qu’elles savent au fond d’elle même que personne n’y est pour rien. Elles, elles savent ce que le mot solidarité veut dire, elles savent se serrer les coudes, elles savent que leur reine est là pour les guider. Mais pas toi, l’humain, tu t’insurges, tu as raison de t’insurger, mais à quoi ça te sert. Je me pose la question à chaque fois que je te vois crier,  si on te dit de ne pas sortir, ce n’est pas pour t’emmerder c’est pour te protéger, si tu dois faire une attestation pour sortir, c’est que tu es incapable de ne pas désobéir, tu ressembles à un enfant effronté qui ne voit pas le danger.  Pourquoi faut il que tu tergiverses, pourquoi faut il que tu descendes en flèche un gouvernement qui fait tout ce qui est en son pouvoir,  de toute son énergie pour te sauver, pour soutenir les entreprises, pour que tes enfants soient scolarisés malgré tout. Tu peux me dire quel est ton problème ? Tu hurles au sacrilège parce qu’un entrepôt frigorifique est réquisitionné pour entreposer nos morts, tu veux les mettre où les morts dans ton jardin, les morgues sont pleines, de villes en villes les corps sont transportés, car il n’y a pas assez de place, tu veux l’odeur des corps en décomposition dans les rues, car on ne peut les enterrer très vite.   Tu cries parce que les anglais construisent un hôpital mais pas nous, mais nous on a des hôpitaux et des cliniques, les anglais non, réfléchis 5 minutes. Tu es incapable de peser le pour et le contre, tu n’es pas capable d’analyser la situation et tu te promulgues gestionnaire de crise sans avoir tous les éléments, j’avoue que je deviens une abeille quand je te lis, je vaque à mes occupations en attendant que ton bon sens te revienne. Quand à toi journaliste, c’est bon on n’est pas neuneus au point que tu sois obligé de nous répéter 25 fois ce qu’un ministre a déclaré, on est confiné mais pas du cerveau, enfin pas tous.

Bonne soirée à vous, prenez soin de vous et exemple sur les abeilles.

Le 16ème jour d’après – La Dame de 11h00

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J’aime le blanc, je ne peux m’empêcher d’aimer le blanc, pour les fleurs, pour les tissus, pour les broderies. Les camélias persistent à fleurir, ils sont là pour l’élégance, la fausse roquette, si comestible et si utile au sol, qu’on la nomme l’engrais vert, celle que ma grand tante appelait des « marioules » et qu’elle faisait en salade ou cuite comme des épinards, et puis la plante des sorcières, rien que son nom est un appel à la rêverie, la dame de 11h00 qui ne s’ouvre qu’au zénith du soleil et reste jalousement recroquevillée sur elle même les jours gris, une plante toxique mais si jolie, si gracieuse, une fleur qui joue les coquettes, et puis les graines de pissenlit dont je ne me lasse pas.

Puisqu’on est dans le blanc, depuis quelques temps,  je me suis mise à amasser, à récupérer, à collectionner, de la vaisselle blanche en verre épais, les anglo-saxons l’appellent le milk glass, je dirais que c’est une opaline épaisse, j’aime ce sentiment paradoxal quand on les regarde, cette impression d’opacité et de translucidité à la fois. Bon encore une de mes lubies qui encombrent la maison, comme tant d’autres.

J’ai également retrouvé des fleurs en croquet, le centre me semble au crochet, je vais demander l’avis d’une spécialiste. Je commence à m’adapter à mon confinement, je crois même que j’y prends goût, peut être que finalement je vais rester comme ça, bien après le dé-confinement, je suis en train de développer un syndrome de Stockholm  avec mon jardin. Prenez soin de vous, surtout, faites très attention à vous, Cet après midi, si j’ai le courage je vais faire mes semis.

Le 15 ème jour d’après – Les cerisiers ont malgré tout fleuri

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Il y a deux fleurs sur le cerisier du japon, pardon le  Sakura, Hanami ne devrait pas tarder, cette fête fabuleuse qui a lieu au Japon pour la floraison des cerisiers, elle n’aura pas lieu cette année, comme tant d’autres choses, tant de fêtes à rattraper sur le calendrier. Nous nous rattraperons s’il faut en accrochant des fleurs roses de papier sur des cerisiers de carton.

J’ai inspecté tous les cerisiers du coin, et je peux vous l’affirmer, le printemps est bien là.

J’ai profité du ciel bleu pour nettoyer un des bassins, il y en a trois, les poissons sont heureux, ils se voient enfin entre eux. J’ai enfin réussi à faire quelque chose, mais bon leurs vies en dépendaient.

Et puis c’est le 1er avril, alors un petit rien sans poisson, ce n’était pas possible, mais j’avoue ne pas avoir envie de faire une blagounette, deviendrais trop grave ?

Je vous dis à demain, je vais encore le dire une fois … mais prenez soin de vous.

PS / Je n’ai pas réussi à broder, ni à me concentrer. Il faudra bien que j’y arrive.

Le 14 jour d’après – Toujours les accessoires

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Il existe la boite à mouchoirs, mais il y a aussi les boites à gants, la mienne est une populaire, d’origine anglo-saxonne, du début du 20ème siècle,  mais moins jolie qu’une Louis Philippe en noyer et laiton. et dedans il y a cet accessoire désuet qui ne semble pas si désuet que ça à l’heure actuelle.

Les gants ont toujours fait partie de l’histoire comme les mouchoirs, qu’ils soient de protection contre le froid, de travail ou signe d’élégance, je me souviens que ma mère en portait toujours pour sortir lorsque j’étais enfant et que j’en avais une paire également pour certaines cérémonies. En portant l’uniforme, les militaires, toutes personnes portant un uniforme se soumettent à ce protocole vestimentaire et ont gardé les gants pour toutes cérémonies officielles, en coton blanc l’été, en cuir noir l’hiver.

J’ai des gants dans tous mes tiroirs et toutes mes boites, les rouges sont mes préférés, car on dit que ce  sont les meneuses de loup qui portent des gants rouges. Les dames blanches de légende des familles princières peuvent en porter également, la dame blanche attachée à la maison germanique des Neuhaus  annonce un destin funeste dans la famille si elle porte des gants noirs, mais aussi un heureux présage si ses gants sont blancs.

Donc j’aime les gants et vous ?

De cet instant désuets, j’ai brodé des broches désuettes, inspirées des années folles, à porter avec mes gants noirs.

Je le répète encore, restez chez vous, protégez vous, bonne journée à vous.

 


Le 13 ème jour d’après – Il a 2000 ans d’histoire …

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« Un mouchoir qui tombe peut être pour le poète

le levier avec lequel il soulèvera tout un univers»

a écrit Apollinaire

J’ai ouvert la boite à mouchoirs, n’ayez crainte, ni enrhumée, ni triste, juste la boite aux merveilles. C’est le mouchoir qui a 2000 ans, depuis l’Antiquité, ces petits bouts de tissus précieux accompagnent l’aristocratie, comme un bien inestimable, un mouchoir c’était le symbole de la richesse, de la délicatesse, des classes aisées. D’une bourgeoisie raffinée, il est l’objet indispensable de l’art du paraître. Il est vrai que de nos jours, les petits mouchoirs sont de papier et jetables  pour éviter la contagion. Mais j’ai cette tendresse particulière pour les broderies d’antan, des broderies d’une telle finesse que jamais je n’arriverai à cette technicité là, vous imaginez une belle dame, perdre négligemment son mouchoir parfumé, afin de mettre en émoi ses soupirants ?

Je ne vais pas vous copier ici les nombreux articles que j’ai lu sur le mouchoir, articles écrits pas des chercheurs, des spécialistes, le plus détaillé est pour moi celui ci Histoire du Mouchoir,  après votre lecture, je vous promets que vous ne regarderez plus jamais vos vieux mouchoirs au fond de votre armoire de la même façon.

Alors pour essuyer les larmes de crocodiles d’un coeur d’artichaut, j’ai brodé un petit médaillon, un coeur transpercé car Cupidon n’est pas confiné.

 

Bonne journée à tous, restez chez vous, il faut que nos mouchoirs ne servent que de pièces de musée, je vous en conjure, restez confinés.

 

Ps : j’ai un petit faible pour celui où un papillon bleu s’est posé.


 

le 12ème jour d’après – Bleu

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Tout le jardin se prépare à exploser de bleu et de mauve, la nature sentirait elle que le blues m’a gagné.

Je ne sais même pas si c’est le blues, c’est juste une saussade qui me fais avoir la nostalgie d’un temps qui n’existera plus, plus jamais. Il s’en est allé.

C’est dimanche, je me surprends à me dire qu’il faudrait que j’aille à la messe, tu imagines moi, aller à la messe, alors que ça fait pratiquement 40 ans que je n’y mets les pieds que pour les cérémonies.

Peut être ai-je besoin de ce moment de recueillement, interdit par le monde étrange dans lequel nous vivons,  hier,  j’ai appris la mort de notre berger Gabriel Roux, on l’appelait Gaby, il est mort comme on dit de vieillesse, je n’aime pas cette expression, je ne l’aimerai jamais.  Il me manque déjà, jamais au grand jamais je ne ratais une occasion de m’arrêter pour discuter avec lui. Ses chèvres du Rove, ses brebis et ces chiens faisaient partie de mon quotidien, de ma vie.  Il m’apprenait le monde, il m’apprenait les plantes, il savait tout sur tout, sa sagesse était immense, sa lucidité sur le monde et les humains aussi. Il venait nous chercher quand nous étions enfants, pour voir une brebis mettre bas, c’était un miracle et nous apprenions ainsi les mystères de la vie. Il était la mémoire de nos terres, notre mémoire.

Il me manque, il me manquera toujours, j’aimais le rencontrer en grande discussion avec mon père et tous les autres sur le marché, j’aimais savoir qu’ils étaient tous là, immuables éternels, immortels, je voulais y croire.

Que la terre te soit légère, Gaby, mais elle est bien seule maintenant.

Le bleu et le violet sont la couleur du demi-deuil, peut être que le champ s’est paré pour moi de ces couleurs douces, qui tout doucement expriment ma peine.

J’ai retrouvé un vieux cahier où j’avais dessiné des muscaris. Je vais certainement en broder une toile, qui sait, une toile bleu, ou une toile beige comme les terres qui m’entourent qui sont bien vides maintenant.

 

 


Le 11ème jour d’après – Et si …

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Et si tout à coup, on ne devait vivre que comme ça ? Et si ce monde que nous avons tant décrié, n’existait plus ? J’ai franchi la clôture dans un acte rebelle, j’ai fait 5 mètres hors de chez moi, pour regarder les arbres d’en face. Le champs est brûlé par la neige, les vestiges de l’hiver s’éloignent à grand pas. Je marche dans le silence, un silence relatif, j’écoute les oiseaux. J’écoute le bruit du froissement de leurs ailes. Et puis, j’ai relevé la tête, stupéfaite, des cris étranges, je n’en avais jamais entendu de la sorte,  je n’ai pas pris de  photos, bouche bée de mon ravissement. Dans le grand chêne et le grand pin, il y a des … écureuils, je les pensais décimés par des années de chasse, mais ils sont là, comme les perdrix qui se dandinent sur la route. Des écureuils qui sautent d’un arbre à l’autre, non pas un seul, une famille, agile et furtive, ils sont roux comme dans les livres d’enfants.  Et je me suis dis que si je me faisais discrète, si moi l’humaine je m’excusais d’avoir pris autant de place sur terre, et si j’excusais également la voisine d’avoir coupé tous ses arbres, cause de leur déménagement, alors peut être accepteraient ils que je vive à leur côté, que je vive chez eux.

J’ai ramassé des gales du chêne, demain je vous en parlerai.

Belle journée à vous, et comme le dit cette citation qui n’est pas de Lewis Caroll,

« Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qu’est-ce qui nous empêche d’en inventer un ? »

Le confinement a été prolongé, peut être est il temps que je me mette à créer et d’inventer un autre monde.

 

Prends soin de toi. Je te laisse, ma grosse à faim.

Le 10ème jour d’après – Vert espère

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J’ai fait le tour du jardin comme chaque matin, le temps est encore gris, 10ème jour de confinement, le jour charnière pour les sous mariniers, le jour où tout bascule où on perd ses repères, et toutes notions de la réalité si rien ne vous ramène les pieds dans le réel, pétage de plomb assuré.  Sur les bateaux c’est une peu plus long, la bascule se fait à deux mois, si mes souvenirs sont bons, on a peut être une chance de sortir du confinement à peu près en bonne santé mentale.

J’ai fait un tour sur les réseaux sociaux, c’est hallucinant la rage qui s’y promène, une rage à l’orthographe approximative et incertaine, certains sont experts en relations internationales ou en gestion de crise, et passeront certainement un de ces jours sur BFM pour parler de la révolution prochaine avec leur maillot de l’OM, d’autres ont terminé leurs études de médecine en 5ème aménagée et sont proches de recevoir un prix Nobel, mais certainement pas celui de la paix. Fake News, manipulations de toutes sortes fleurissent et sont partagées des millions de fois, c’est à frémir. Aucun ne doute, aucun ne mets en cause ces informations non sourcées, non vérifiées.  Quelquefois sous couvert d’humour, des petits dessins circulent avec de méchantes informations subliminales qui viennent d’extrémistes de tous bords dont le seul but et de détruire une république, notre République. Je ne comprends pas, cet engouement pour les complots et ce besoin totalement infantile d’avoir des héros. Le temps est à la solidarité,  cette crise est mondiale, il ne devrait plus exister de partis politiques, de religions, de couleurs, de tendances et de groupuscules parce que ce combat que mènent pour nous ceux qui ne sont pas confinés, ceux qui risquent leur vie à chaque instant est universel et immense, je ne saurais jamais comment les remercier. Et pendant ce temps, d’autres se complaisent dans l’immonde en des discours incohérents d’un autre temps, d’une autre époque. Je ne jugerai pas,  je ne suis pas à la place de ceux qui nous gouvernent et je ne voudrais pour rien au monde avoir à prendre des décisions en ce moment.

Je n’ai pas envie d’arrêter les réseaux sociaux, ça me permet d’être en relation avec mes amis, avec ma famille et également avec mes voisins. Cela me permet de récupérer les informations importantes que certains maires des villages alentours veulent bien partager et ainsi les répercuter. Cela me permet également de me dire que le monde est toujours là, même s’il va très très mal.

J’évite toujours et encore de penser à demain, chaque jour est un don du ciel, et je regarde le vert du jardin, parce que la nature sera là bien après nous.

Le vert de l’espoir qui ne doit s’amenuiser en aucun cas, est en chacun de nous, comme ces mousses, végétaux pionniers qui naissent de rien et perdurent depuis la nuit des temps, offrant un abri à une multitude de vies.

J’ai brodé la chouette d’Athéna la déesse de la sagesse, symbole de la connaissance et aussi de la science, également le symbole de la République dans l’antiquité, broder pour s’évader.

Bonne journée, prenez soin de vous, je souhaite que vous soyez tous là demain. Je vous embrasse de loin.