A l’heure où blanchit la campagne.

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Réveil à 6h30, je ressemble à Robocop non huilé. J’avale un café, un paracétamol et décide d’un commun accord avec moi même,  de prendre ma canne et d’aller au fond du champ fumer une cigarette (je me suis mis dans la tête que si je ne bougeais pas j’allais finir paralysée sur un fauteuil roulant et ça ….. jamais) le départ est laborieux cette p….. de cheville qui me fait mal, toujours et encore et tous les autres os du corps aussi par association, moins tu bouges, moins tu bougeras, dit celle qui vient de passer 11 mois sur son canapé.

Je rencontre un voisin, on tape la causette (à 6h30) il va jeter ses poubelles. Je vois avec effroi, qu’on m’a chipé les palettes de figuiers de Barbarie, qu’un autre voisin avait déposé pour moi comme boutures, j’ai retrouvé deux trognons. Je te jures même les plantes on te subtilise, franchement je suis énervée.

Le retour est aussi laborieux que le départ (le champs fait 150 mètres, ce n’est pas non plus le marathon). Et là un  bruit effrayant, totalement effrayant, les juments s’affolent, les chiennes commencent à aboyer, et  rentrent en trombe à la maison (oui oui j’ai des chiennes ultra courageuses). Et là …. deux montgolfières qui cherchent à se poser, le ciel est bas, très plombé. Je suis inquiète, je vois qu’ils cherchent un endroit pour atterrir, je les vois repérer un champ qui est derrière, et puis chez nous,  ils voient les chevaux et s’éloignent de plus en plus bas. Ils passent très près des poteaux éléctriques et des toits de maisons. Finalement Morgan sort en  trombe de la salle de bain. Il a entendu le bruit du moteur à gaz.   Il court s’habiller, prends la voiture et les suit.

Ils ont été obligés d’atterrir à cause de l’orage qui vient de s’abattre sur nous. Ils vont bien, tout le monde va bien. Je suis trempée, je prends un café et je vous écris ce  petit rien parce que si ça ce n’est pas un petit rien de la vie, qu’est ce un petit rien ?

Qui a dit que la vie à la campagne était monotone … m’enfin. Ma vie est pleine de rebondissements (ou presque).

Bon dimanche à vous tous, ici pluvieux … et j’avoue, je vous le dis, je le crie avec un soupir de soulagement …. enfin.

 

Hors du temps

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J’ai eu l’autorisation de m’absenter pour trois jours, une demande et quelques paperasses après,  j’ai pu partir. Il y a plus de 11 mois que je suis bloquée chez moi, et il faut avouer que ma santé mentale commençait à en prendre un sacré coup. Mon époux a conduit. Et j’ai mis plus de temps que la moyenne pour vivre normalement (ou presque)  escaliers et tout ce qui vous semble facile à faire, beaucoup plus de temps.

C’est ma famille, que j’ai rejointe, ma famille de coeur, celle que nous avons formée au fil des ans, 31 ans pour Madame, 25 ans pour Monsieur, ils ont toujours fait partie de ma vie. Je les aime, mais je ne le savais pas, je ne savais pas à quel point je tenais à eux. Les années filent à toute vitesse, on a eu nos enfants, nos soucis, nos peines et nos joies, nos reconversions professionnelles, on s’appelle quelquefois, on passe se voir trop rarement, on est muté d’un côté ou de l’autre. Mais là c’était magique. L’endroit est magique, la fête était magique, vous n’aurez pas de photos de la fête parce que ça m’appartient et ça leur appartient.

Les pirates avaient envahi la campagne, une cinquantaine de pirates tous plus beaux, les uns que les autres, des pirates que j’avais connu pour certains avec d’autres galons, dans une vie antérieure, se retrouver, se rencontrer, se connaître, se reconnaître, rire et pleurer, partager et surtout s’aimer. Ce fût une merveilleuse parenthèse dans la vie quotidienne, dans ma vie quotidienne, dans notre vie à tous, je pense.

Le ciel nous a fait des cadeaux magnifiques, pour le remercier, un feu d’artifice a été tiré et pour fêter la reine du jour.

C’était il y a quatre jours, c’était hier, c’était il y a une éternité, mais chaque instant, chaque détail est gravé dans ma mémoire, dans cette boîte à souvenirs qu’est notre cœur.

Merci à vous, merci pour cette bulle hors du temps. Je vous invite à découvrir un peu de ce monde, un peu de leur monde,  son monde à elle, son monde à lui, leur campagne chérie où je suis sûre que les elfes  et les korrigans vivent, se cousent des robes de fil d’arc-en-ciel et s’abreuvent aux fontaines d’une eau claire et limpide.

( et les pirates à d’autres fontaines 🤭)

 

 

J’ai eu 60 ans

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Mon dieu que c’est difficile à écrire. 60 ans, j’ai 60 ans, 60 ans, c’était pour moi la fin d’un tout quand j’en avais 20, et je n’en suis toujours qu’au commencement. Je suis heureuse de les avoir ces 60 ans, d’abord parce qu’en 10 ans, je n’ai pas eu le temps de m’habituer à en avoir 50. J’ai 60 ans et c’est comme si j’avais enfin rayé la cinquantaine et j’en suis heureuse, ces dix dernières années ont été embuches sur embuches, épreuves sur épreuves, chagrins sur chagrins, épreuves sur épreuves, certains autour de moi n’ont pas le privilège de les fêter, alors  honnêtement, je tourne la page, bien sûr tout ne sera pas rose, mais je tourne la page d’une décennie qui ne m’a pas vraiment aimée.

J’ai écris ça le 20 avril, et puis je n’ai pas publié. Je n’ai pas publié parce que c’était bien trop triste de se morfondre sur un chiffre. J’ai fêté les 50 ans d’une amie, quasiment le lendemain et c’était tellement fantastique malgré les soucis et les peines que je me suis dit que je n’avais pas à me plaindre.

Je vais essayer jusqu’au 20 avril 2024, d’écrire beaucoup plus souvent que ces derniers temps. Il y a quelques jours, je vagabondais sur ce blog, et je me suis aperçue qu’il était vraiment mon support à souvenirs, de doux moments de sourire et de douceur et j’aime ça la douceur, j’aime sa sérénité. Je déteste les gens qui se prennent au sérieux avec une prétention extrême, sûrs d’eux et sans personnalité, je ne les aime pas. Se prendre au sérieux c’est croire que l’on est immortel, la vie se charge quelquefois de vous rendre humble hélas. Alors je vais continuer mon petit bout de chemin de Kratrice Rurale dans ma fabrique à songes, je vais continuer à faire naître des improbables et à m’émerveiller sur un rien. Je vais rester moi même, sans avoir besoin de vous vendre quoi que ce soit, parce que vous le savez je n’aime pas vendre et surtout pas moi.

Mon jardin renaît peu à peu, c’est important un jardin, aussi important qu’une bibliothèque et un atelier, et j’ai le tout. Le bassin renaît également, les grenouilles, les libellules reviennent tranquillement.

Alors tout doucement et juste en désordre, un pèle-mêle des photos de ce mois d’avril …

Prendre le temps de regarder les abeilles

Respirer la glycine, plantée l’année dernière

Regarder le nid de hobbit qui est maintenant incontournable du jardin

L’oranger a fleuri

Ce sera une année à Monnaie du Pape

 

L’arbre de Judée

Mon gâteau tout vert

Des arc en ciels en ribambelle

Du Lilas à foison

Des poissons qui se réveillent

Il y a eu des naissances l’été dernier que je n’avais pas vu pour cause de canapé

Poissons sous haute surveillance

La première rose

Prue, Phoebe et Piper se dorent au soleil

 

La seule demoiselle chat et les dames de 11h00

Et puis j’ai un peu brodé, un peu bricolé et un peu cousu.

Une robe pour une Mercredi Addams qui est bien sexy en sous vêtements

J’ai trié mes graines pour le jardin et j’ai brodé de belles boites, une pour les fleurs, l’autre pour le potager

J’ai même retrouvé des graines de baobab

 

et puis des naissances et c’est toujours magique

Et des cafés, des cookies et des petits moments de bonheur

 

Parce que finalement, mes petits riens, car ce sont les miens, c’est tout simplement ça.

On se donne rendez vous pour une année de petits riens ?

 

ps : gâteau et cookies 🍪 cuisinés par Pauline.

 

 

I’m a Barbie Girls … Non je suis Solariane

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Il était une fois une poupée de 4 sous (5 francs pour être précis) vendue sur le catalogue de laines des 3 suisses. C’était hier en 1968. J’avais 5 ans. Je te laisse faire le calcul.

Elle était le clone d’une poupée américaine fort chère et concurrente de Barbie, je ne sais même pas si elle était vendue en France, Tammy. Tammy et  Solariane (du nom d’une laine des 3 suisses, appelé Pagine en Allemagne pour un catalogue de laine également) représentaient la girl next door. La jeune fille d’à côté si tu préfères qui désigne une jeune femme jolie mais à la féminité modeste et peu agressive. Le contraire de Barbie, qui  les seins en obus et la chevelure oxygénée ne laissait aucun doute pour l’époque sur ses intentions sexuelles.

Ma mère n’a jamais aimé Barbie, femme d’une génération qui brulait son soutien gorge, elle qui avait passé son permis en 1962.  la liberté de la femme commençait par la fin de la femme objet, alors Barbie n’entra jamais à la maison  J’ai donc eu ma Solariane, et j’ai appris à lui coudre et à lui tricoter des vêtements (les 3 suisses vendaient de la laine). Mignonne, elle avait une multitude de couleurs de cheveux différentes. Elle était vendue dans un sachet plastique, en tenue de sport avec des baskets, loin du body au décolleté plongeant de Barbie.

Je te présente donc mes Solariane, pour lesquelles j’ai ressorti une laine d’époque et des 3 suisses, et je peux te dire que j’étais plus douée quand j’étais gamine. Dur de tricoter une laine aussi fine.

J’ai réfléchi longuement au fait de ne pas avoir eu de Barbie ou beaucoup plus tard. Je regardais les « influenceuses » de 25 à 40 ans sur Instagram, en m’interrogeant non sur elles, c’est le métier, mais leurs followers. J’ai l’impression qu’ils continuent à jouer à la poupée avec la personne qu’ils suivent.  On a droit à la panoplie complète de vêtements et accessoires,  une garde robe effrayante par le nombre et le prix de chaque chose,  puis les loisirs, parce que Barbie, il faut l’avouer, elle a mis un temps certain à devenir cosmonaute et pilote d’avion, ce n’était que du loisir, Barbie se maquille,  Barbie fait de la danse classique, Barbie pique nique sur la plage, Barbie part en camping-car. Barbie promène son chien, Barbie et sa petit soeur, Barbie fait la cuisine, Barbie au ski et au tennis, Barbie chez le coiffeur, Barbie et Ken vont en suprise partie, Barbie fait du shopping. Les followers se projettent sur les « influenceuses » comme une petite fille se projette  en jouant à la Barbie, comme elles se sont projetées  enfant en jouant dans ce monde rose et aseptisé de la compagnie Mattel, parce que Solariane a disparue rapidement pour être remplacée par des poupées mannequins toutes plus femme-objet les unes que les autres.

Alors ma question est, comment peut on prôner une égalité des femmes en étant soi même une femme objet. Parce que Gamine, il faut qu’on te le dise, on ne t’a pas attendu. Le chemin on te l’a défriché et bien même, à coup de machette, à coup de pied, à coup de gueulante et pas à coup de jolis dessins et de #, ( je ne te parle pas de #metoo, je l’ai utilisé moi aussi,  je suis si heureuse que ce pourri ait pris perpète). Nous sommes de la génération qui a  lu le manifeste des 343 « salopes », qui a vu l’avènement des planning familiaux, la légalisation de la pilule et de l’avortement, celle qui a vu les grandes écoles enfin ouvertes aux femmes. Tu veux que je te dise, c’est en 1992 ou 1993 que les femmes ont eu l’autorisation de porter un pantalon dans la marine nationale, tu vois ce n’est pas si vieux. Tu imagines que ça s’est fait tout seul, sans combattre, sans lutter à notre niveau pour faire notre place ?  Pour nous qui nous sentons aujourd’hui l’égale de l’homme, la parité est une négation des compétences. Je le crie haut et fort, on doit combattre à armes égales dans le difficile milieu professionnel, cerveau contre cerveau. On a élevé nos enfants sans manquer un jour pour enfant malade, on a fait nos nuits de garde et sujetions sans que personne ne sache que nous étions mère de famille, on a rempli nos missions avec une p…. d’endométriose à se flinguer. On n’a jamais parlé de nos soucis personnels à qui se soit. Mais on a survécu. On a mis des baffes et des claques aux gars qui nous manquaient de respect. En un mot on s’est faite respecter. On s’est battu 40 ans, chaque seconde de notre vie, pour que toi, tu nous expliques que tu es une femme, et que grâce à toi, on peut se promener les poils sous les bras et sur les jambes.  Merci on le savait déjà, d’un choix personnel tu en fais une tendance. Et la sororité on s’en bat les ovaires. Parce qu’une fois que tu n’as vécu qu’avec des hommes, tu as d’autres valeurs et d’autres priorités que de faire la femme objet avec tes copines sur les réseaux sociaux.

Tout ça pour en revenir à Solariane, la poupée qui nous a permis de ne pas devenir un produit marchand sur la grande toile. Alors merci à toi Solariane, que j’ai sorti de son vanity case d’époque, et que j’ai un peu pomponnée, parce que le féminisme ce n’est pas non plus la négation de la féminité qu’on se le dise.

 

 

 

https://youtu.be/uxkZj15Fr54

 

Tu ne pouvais par rater l’info

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J’espère que tu es au courant, lecteur, parce qu’il a neigé sur le Luberon cette nuit, et sur toute la Provence, enfin une bonne partie. 14°C le midi et la nuit la neige. Tu pique-niques au bord de la mer, tu fais 25 km pour rentrer chez toi et tu es sous la neige. Je te rassures à mon grand soulagement, ça n’a pas tenu et je n’étais pas à la mer, mais bel et bien  dans mon jardin. Quoiqu’il semblerait à l’heure où je t’écris, que ce n’est pas sûr qu’il n’y ai pas une petit épisode flocons cette nuit.

J’ai une pensée émue pour la dame de Facebook qui a ricané quand la neige a été annoncée. Avec 12°C sur Marseille, vous imaginez qu’il va neiger ? Assena-t-elle du haut de sa suffisance de non provençale. Marseille n’étant pas la Provence toute entière, comme Paris n’est pas la France, il a neigé tout autour, du Var à la Camargue en passant par le Vaucluse et le Luberon. Et de mémoire de provençal on se souvient des années 80 où bloqués 6h00 sous la neige dans la voiture en tenue printanière, car l’autoroute était impraticable. On se souvient également de 15 jours bloqués par les neiges et cernés par les loups, priant pour que les lignes électriques tiennent. On se souvient des minots en train de dévaler depuis la Bonne Mère en ski et luges. Alors quand la météo te dit attention la neige, ben tu anticipes, même si tu es en train de prendre un bain de mer aux Goudes.

J’ai horreur de la neige, c’est comme si tout d’un coup tout s’arrêtait. Les oiseaux se taisent, surpris par le froid, les juments ne sont pas fanatiques non plus, mais où est l’herbe ? Les chiens se mettent sur la terrasse et re-entrent dans la maison, pensant pouvoir se retenir, et ce n’est hélas pas toujours le cas. Les chats sortent par une porte, ré-entrent et demande à sortir par une autre porte au cas où la neige aurait fondue dans les 30 secondes. Tout ça pour te dire que c’est super chouette sur les photos, mais dans la réalité je ne me sens pas l’âme nordique, ni de celle du Commandant Charcot sur le Pourquoi-pas ?

Aujourd’hui pas de sortie prévues, donc rester au chaud devant la cheminée avec un chocolat chaud a été l’alternative la plus sécurisante. Je suis quand même allé prendre des photos, comme tout le monde sur les réseaux sociaux, parce que la neige, c’est joli à prendre en photo, les pieds gelés, les mitaines aux mains pour appuyer sur l’obturateur, une béquille à la main, l’appareil de l’autre, mitraillé mon jardin. Tu veux les voir ?

Allez je te les montre, parce que c’est quand même rare comme situation. Les oliviers, le tamaris, le mimosa sous la neige, ça craint. La folle de première fleur du forsythia qui a choisi aujourd’hui pour fleurir. Les tourterelles s’amusaient à faire tomber la neige des fils électriques et des fils de clôtures et attendaient que j’ouvre le poulailler pour partager la paté des poules.

Maintenant la pluie, il nous faut de la pluie. Ca serait chouette non ?

Bon début de semaine à tous, et peut être à demain.

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Un dimanche ordinaire en Provence

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Les fleurs de la Saint Valentin, tiennent encore bien la route. La matinée semble d’une grande sérénité, on hésite même à déjeuner dehors, mamy a fait une blanquette. Une grosse flemme nous prends, nettoyer les chaises de jardin et la toile cirée sous la treille, on reste dans la maison.  Ils annoncent de la neige pour ce soir. Tout le monde se marre, de la neige, de la neige, il fait 14 degrés. Je vois sur les réseaux sociaux, les gens hilares, je ne dis rien, notre région est imprévisible comme ses habitants. Enfin on verra bien, on se prépare, on ne sait jamais.

Les fleurs du jardin commencent à poindre tout doucement le bout de leur nez. Je débordélise mon atelier, je trouve des tonnes d’objets, de livres, de tissus et de dentelles, il me faudra deux autres vies pour tout utiliser. Mais sait-on jamais ? Ca peut servir. Mon mari plaisante, en me proposant la remorque devant l’atelier pour que j’en jette une bonne partie, je ne peux pas, c’est impossible, je me marre en lui expliquant que sur Instagram, pour un millième de ce que j’ai, les gens font des photos. Mon atelier ressemble à l’annexe d’un brocanteur. Je pense très sincèrement en faire commerce. J’ai retrouvé, un tableau en verre inversé chinois, une aquarelle d’un peintre excessivement connu.  J’ai retrouvé quelques cartons de dentelles divines, et des soies anciennes qui seront bienvenues pour rhabiller les poupées. L’intégrale d’Agatha Christie cherche une place, un  bonheur à relire. Il me faut trois vies finalement.

Je vous montrerai peut être tout ça quand ca sera praticable, je n’aime pas trop montrer, étaler … surtout que le trois quart du temps je ne fais rien avec, juste le plaisir et le bonheur de les avoir sauvés. Ils me racontent des histoires, il y a de l’affectif entre eux et moi, et je pense au vers de Lamartine qui ont enchanté nos cahiers de récitations.

 

Milly ou la terre natale

Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d’un ami.

Montagnes que voilait le brouillard de l’automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l’émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s’entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?…

 

J’ai cuisiné pour les oiseaux du ciel, de la végétaline et des graines, ça n’a pas l’air de leur plaire, on verra bien, peut être avec le froid qui revient. Mes jardins de mousses se complaisent, saviez vous que pour les japonais, les mousses sont sacrées. Le rouge gorge insaisisable en photo, trille dans le rosier de banks, peut être s’approchera-t-il de mes mixtures.

 

Il est 17h00, le ciel est blanc, la neige fondue commence à tomber, neigera, neigera-t-il pas ? Le paradoxe de nos hivers. Je sais que demain il y aura Mistral, ma cheville me fait encore plus mal que d’habitude, c’est mon baromètre.  Nous sommes devenus au fil du temps,  les rois des boudins de porte chez nous, car il s’infiltre de partout. Un peu moins maintenant que la maison est bien isolée, mais bon c’est quand même quelque chose le Mistral.  J’ai cueilli quelques violettes et deux brins de mimosa, je ne suis pas sûre que tout survivra à la neige, juste pour en profiter un peu, demain promis je vous fais des photos. Ca y est de gros flocons tombent pendant que je vous écris, j’ai fait une photo. Je n’aime pas la neige.

 

 

 

 

Les sans grades

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J’ai une immense tendresse pour les poupées anciennes et vous le savez tous. Les poupées anciennes, les belles de porcelaine, celles aux dents éclatantes et aux grands yeux en émail. Celles dont les perruques étaient de véritables cheveux humains, les nattes vendues par les femmes quand elles n’avaient plus de quoi manger, ces poupées là font rêver, moi la première, poupées pour petites filles riches, très riches même, qui valaient quelquefois le salaire annuel d’un ouvrier, d’un journalier. Je les aime, et j’en ai. Mais j’ai un immense amour, pour les sans grades,  celles qui n’ont rien de passionnant pour un collectionneur, celles dont les mamans des petites filles qui n’étaient pas très riches achetaient les têtes en cartons et les mains en celluloïd  à la droguerie – mercerie, au bazar du coin de la rue, le magasin de frivolités ou les commandaient par correspondance sur l’hebdomadaire féminin qui offrait le patron et les modèles de vêtements. Mais bien souvent, même le journal féminin était bien trop cher, la lecture était un luxe. Alors c’était de l’improvisation, des gestes ancestraux qui ont créées ces poupées.  Ces poupées là bien souvent avaient le corps et les membres cousus par les mamans, et avec l’aide de leur petite fille un magnifique trousseau digne des plus jolies princesses, naissaient à quatre mains avec des restes de laine et des tombées de tissu, ou des estrasses (chiffons) comme on dit chez moi. Leurs cheveux étaient de laine, de fil ou de filasse, quelquefois ce n’était qu’une demie tête qu’on apposait sur une poupée de chiffon.

J’en ai une à laquelle je tiens particulièrement, c’est celle de la maman d’un ami. Son petit fils me l’a offerte car borgne elle lui faisait peur. je l’ai déshabillée doucement, la robe de soie a fusé dans tous les sens, et je lui ai commandé une paire d’oeil d’un magnifique bleu. Dès qu’ils arrivent par voie postale et de France, je vous ferais part de sa renaissance. Elle est bourrée de paille comme presque toutes les autres.  Le textile valait très cher, et la bourre de laine pour les coussins étaient du luxe.

J’ai des têtes non montées offertes par une amie également, j’imagine des mamans qui comme moi, ne les ont jamais montées,  peut être trop occupée pour les créer ou tout simplement venant de vieux stocks de magasins.

Elles sont là, elles attendent un jour mon bon vouloir, j’ai amassé la documentation les concernant.  Je viens de faire un recollement de tout ça et les ranger au même endroit, dans mes amoncellements digne d’un inventaire de Prévert, il y en avait un peu partout, je sais que j’en ai d’autres dans d’autres cartons, lutines d’un autre temps, poupées aimées, poupées usées. Elles sont de celles qui racontent la petite histoire, celle des restrictions, des guerres et des après guerres, cette histoire que personne ne raconte, celle du quotidien de ceux qui ont souffert. Celles du temps d’avant la surconsommation, celles d’un temps que même moi je ne peux comprendre. Celle d’un temps où les poupées étaient tant aimées.

Bonne Saint Valentin à tous.

j’ai préféré vous parler de poupées, des coeurs vous devez en être en overdose.

Tant qu’il y aura des violettes.

Classé dans : 365 petits riens | 10

Les premières violettes ont pointé  le bout de leur nez depuis plusieurs semaines déjà, j’ai pris le temps de faire un bouquet. Les bouquets de violettes ont pour moi, un symbole particulier. Il y a toujours eu des violettes dans le jardin, des violettes sauvages. Ma grand mère dans le milieu des années 70 m’avait offert un vase à violettes, minuscule vase pour poupées qui m’avait ravie. Je crois que les violettes étaient pour elle, dame élevée avec une importante éducation 19ème, d’un romantisme fou. C’était une grande rêveuse ma grand mère et une grande lectrice, j’ai lu à ses côtés les Jalna, les Pardaillan et les gens de Mogardor,  je crois que si elle avait eu une autre vie, elle aurait été romancière ou poétesse.

 J’ai continué bien après son départ à collectionner les vases à violettes et à lire  (il y en a dans tous les placards). Elle m’avait appris à faire un bouquet, à disposer les feuilles autour et à lier le tout avec du fil à broder (bien évidemment). Donc chaque année, je fais un bouquet et je pense à elle. Je dépose mon bouquet dans un des vases, je le dessine, je le brode ou je le photographie.

Dans mes trésors de chine également, j’ai amassé de petites porcelaines sans prétention, coquetiers et autres verres à liqueur, souvenir d’un autre temps, du temps où Toulouse était la ville aux violettes, du temps où les boutiques à souvenirs regorgeaient de trésors fabriqués en France, leur charme est suranné presque kitch.

 Je glisserai une violette dans un de mes livres, elle séchera dans un parfum désuet, souvenir d’antan qui s’en échappera, si un jour quelqu’un le feuillette.  Cette violette si douce qui dans le langage des fleurs signifie la pudeur, la modestie et l’amour secret m’amène à ses vertus médicinales.

Incorrigible romantique, je suis la petite fille de celles qui ont tant rêvé dans un temps où de nombreuses guerres ont ravagé leur vie. Et j’aime à imaginer que tant qu’il y aura des violettes, on pourra prendre le temps de rêver.

Les coquetiers ont servi hier soir pour un repas d’oeufs à la coque très très frais. Les poulasses (vu leur popotin qui ressemblent à la porte d’Aix, je ne me risque pas à les appeler les poulettes, elles seraient terriblement vexées) ont repris leur rythme de croisière pour la ponte, les jours rallongent.

L’arbre de jade et c’est si rare a fleuri. Et bientôt les camélias, fleurs préférées de Mademoiselle Chanel, encore une grande dame, d’une époque disparue à jamais.

Je suis un brin nostalgique ce matin, il fait très froid, le ciel est d’un bleu saisissant. J’aime ces dimanches un peu au ralenti où le monde autour de nous n’existe plus.

Je file en cuisine, faire honneur à mon autre grand mère pour son traditionnel plat dominical.

Bon dimanche.