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Toujours aussi surprenant, toujours aussi génial, toujours aussi inspirant, une grande fête que je ne manquerai pour rien au monde, l’année prochaine, costume, pardon Cosplay …. et on va s’y mettre à l’avance, enfin surtout mes filles, pas moi … quoique le costume de Princesse Fiona … ;-) Rattrapage de petits riens, ma mère m’a dit qu’elle en avait ras le bol de voir les remparts du Château de la Tour d’Aigues. Belle Journée à vous, je rattrape, je rattrape c’est promis.
Les dames du temps jadis sont passées par la Tour d’Aigues
Ce château qui m’est interdit, je le regarde et je le rêve, de Catherine de Medicis à la Reine Jeanne, de Chrétienne d’Aguerre qui fit des jardins où je suis sûre il fût bon broder assise sous les orangers, ou à la fenêtre aux larges et immenses carreaux lumineux, c’est le passé, un passé de femmes illustres qui s’offre à moi, leurs ombres envahissent la cour, leurs robes moyenâgeuses, renaissance ou 18ème frôlant dans un bruissement léger et imperceptible le sol de la terrasse qui domine la vallée, je les entends rire doucement, les époques s’entrechoquant dans un étrange méli-mélo et j’imagine un grand canal, un labyrinthe, une orangerie, une ménagerie.. tels qu’ils ont existé par le passé, tels qu’ils sont dans mon imaginaire.
Et dans le contrejour d’un soleil couchant un peu fantasmagorique, les vestiges se dessinent comme un vieux croquis épinglé à nos mémoires comme dans un vieux cahier poussiérieux, j’aime mon château parce qu’il m’appartient un peu, et je le rêve dans mes nuits blanches, illuminé de tous feux, attendant l’amour d’une vie.
La légende raconte que c’est pour une femme qu’il fût construit, une femme qui ne daigna jamais s’y rendre et un nuit toutes les chandelles s’éteignirent.
Maudit devoir ce putain de sens du devoir …
Hier après midi, j’avais prévu des tonnes de choses, mais c’était sans compter sur ce maudit sens du devoir, une collègue de travail malade, l’autre en congé et c’est un emploi du temps qui se chamboule. Rien de grave, même pas mal, je rattraperai mes heures, et je suis sûre que j’aurais glandouillé une bonne partie de l’après midi.
Mais ce matin en regardant le jour se lever, en écoutant les oiseaux chanter, j’ai pensé à mon père, deux jours d’arrêt maladie en 40 ans, j’ai pensé à mon père et sa maudite éducation, est ce vraiment un bon exemple pour des enfants, de voir leurs parents travailler jusqu’à l’article de la mort, et c’est ainsi qu’avec un caillou dans le rein, je suis à poste, et j’en connais qui sont derrière leur bureau, juste après une chimio, ou qui vont travailler deux vertèbres mortes, reculant sans cesse, le moment de l’opération pour raisons professionnelles. Les cendres de mon père sont dans un pot. Et je gueule après lui, devant sa putain d’éducation qui a fait de nous, des « marche ou crève », qui a fait de nous des gens qui meurent debout, qui ne s’écoutent pas et qui vont de l’avant, sans jamais se faire polluer par le mauvais esprit ambiant, sans rien attendre en retour, même pas la moindre reconnaissance, parce que c’est naturel.
Et quand votre toubib vous demande en fin de consultation, pas d’arrêt de travail je suppose comme d’habitude …. si vous vous sentez gêné c’est que vous avez eu le même père que le mien.
Je souris en pensant que si j’arrêtais au moindre rhume ou au moindre mal de dos, je travaillerais peut être 50 jours par an. Et puis c’est cool d’avoir cet esprit là, au moins nous nous savons ce qu’est un véritable burn out ;-)
Allez je vous laisse, le ciel était magnifique ce matin, à donner envie à n’importe qui de s’atteler à la tâche … bonne journée à vous. Le Devoir m’appelle.
PS / et ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ma collègue est vraiment malade.
Collection de Cabanons
Entre la Tour d’Aigues et Pertuis, il existe perdu dans les vignes, un petit chemin, un petit chemin qui traverse les vignes, ondule dans les champs, parsemé de cabanons. Ce chemin est mon parcours initiatique quotidien, il me prépare à affronter la réalité le matin, il me nettoie de la misère et des horreurs du monde le soir … Il est mon oxygène et mon moment de méditation. Il n’est qu’un chemin au milieu des vignes, mais il est mon chemin. J’y scrute les premières pousses du printemps, l’hiver il se pare de brume et de gelée, quelquefois de neige pure, au printemps, les amandiers me font une haie d’honneur, les coquelicots parsèment de rouge les talus, l’automne qui s’animent de vendangeurs. Le soir au couchant, les faucons rappellent leur ouailles en cri stridents perchés sur les toits des cabanons. Les corbeaux et les pies dans leurs habits de soirée sautillent en des valses oubliés d’une partition improbables que seuls ils entendent. J’y regarde les hommes de la terre travailler à chaque saison, il me raconte l’histoire, celle de la grande exode des Huguenots, ce chemin est l’histoire de ma région. Le matin la Sainte Victoire m’accompagne jusqu’à mon travail, le soir c’est le Luberon, mon Luberon qui m’accueille en son giron, comme une mère accueille le retour d’un enfant. Et puis il y a les cabanons, ces mêmes cabanons, qui depuis que je suis enfant, me font rêver, des maisonnettes de contes de fées. Ces mêmes cabanons qui dans mon imaginaire reste l’histoire de ma famille, le cabanon de mon arrière grand père. Je ne sais même pas où il se trouve ni où il est, mais j’ai le souvenir de ces histoires de famille, qui racontent les piques niques rituels pour la Pentecôte, le déjeuner au cabanon, lui n’était pas dans les Huguenots, mais à Fonsange vers Sauve, pays lui aussi parpaillot dans l’histoire, cabanon où mon père jouait avec ses cousins aux guerres de religions (une partie de la famille protestante, l’autre catholique) en des luttes sans fin et fratricides.
Je vous abandonne, mon chemin m’appelle, c’est le matin que je le préfère.
Enfin, les amandiers ….
Le premier, le premier amandier du village a fleuri, je le surveille chaque année, il est le précurseur, frêle au bord du chemin, il est là. Dans son infime, le bonheur de le découvrir est immense à la fois. Je suis allée lui rendre visite pour voir s’il n’avait pas oublié, j’ai si peur quelquefois que la nature nous en veuille du mal qu’on lui fait et dans sa fragilité et sa magnificence, je le regarde.
Et puis un plus bas sur ma route, il y a le pépère, celui ci aussi fait chaque année parti des premiers, des précurseurs, il donne le départ, … lui aussi s’est auréolé de blanc … même s’il y a encore un peu de glace le matin, je sais que la belle saison est en bonne voie.