Subir le déluge depuis vendredi soir, sans arrêt, se dire qu’on a de la chance, la chance de ne pas faire partie des sinistrés, des morts, des disparus, des personnes qui n’ont plus rien, de ceux qui ont tout perdu. Penser à eux sans arrêt.
Les alertes ont été données dans chacun de nos villages, chaque ruisseau a décidé de prendre les routes pour lit.
Laisser les chevaux et les poules à l’intérieur. Compter les 9 chats et les 4 chiens et se dire que tant que tous sont à l’intérieur, ils ne risquent rien.
Regarder la désolation du jardin, voir que la terre boit avec soulagement.
Puis prendre son mal en patience, avoir la chance d’avoir épousé un breton, manger des galettes, et puis goûter le Beaujolais nouveau en hommage à mon père, même si je n’aime pas le vin.
Et puis dessiner dans l’atelier, regarder des séries, trier les journaux d’un autre temps, sourire des publicités, rentrer à la maison, faire un feu, reprendre un vieux tricot coloré et penser à le refiler à terminer à ma mère comme d’habitude et faire des châtaignes en regardant un film de Noël en demandant au très vieux labrador de bien vouloir me laisser une place sur le canapé.
Je pense que mon dimanche ressemble aux vôtres, du moins pour ceux qui n’avaient pas le droit de sortir pour cause d’alerte.
Annie de Laragne
J’ai aussi pensé à ceux qui sont dans les problèmes dus aux intempéries… J’ai tricoté après la sieste… J’ai bu une boisson chaude… Merci pour les photos …