Il est cinq heures, la campagne se pare d’une myriade d’étoiles, elle copie Cézanne, paysage immuable ancré dans nos mémoires culturelles, les grands cyprès se détachent au loin comme autant de géants bienveillants, les chats rentrent les uns après les autres affamés après un nuit de vagabondage et de liberté. Pas un son, pas un bruit, si ce n’est le tracteur d’un agriculteur matinal angoissé de perdre sa récolte, ils ont prévu de l’orage pour ce week end. Les oiseaux dorment encore. Je promène le chien dans cette nuit sans lune, au creux de l’univers, au coeur des vignes. Et je me sens si petite, si menue, comme si la beauté du monde, le poids du ciel voulait m’écraser. En appelant chaque étoile par leur nom, je pense à ceux qui ailleurs voient les mêmes et qui n’ont pas la chance de connaître la paix. Et si je tends bien l’oreille, peut être que j’entendrais du Moyen Orient, le muezlin appeler à la première prière. Et je prie, moi, la mécréante, la sans religion, je prie dans une communion extrême, je prie pour que cette promesse d’une aurore sereine, cette journée qui s’annonce chaude et ensoleillée soit une journée de paix.
je prends mon premier café dans la fraicheur de l’aube, les oiseaux ne vont pas tarder à se raconter leurs rêves de la nuit.
et je retourne travailler à des songes éphémères, à des créations improbables, au fil ténu de mes envies.