Coeur Cousu
Il a fait le voyage avec moi, et je viens de le relire pour la énième fois … et … je n’arrive pas à m’en lasser, et j’ai l’impression de découvrir les mots à chaque fois … alors j’avais envie de vous en reparler.
« Ecoutez, mes sœurs ! Ecoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Ecoutez… le bruit des mères ! Des choses sacrées se murmurent dans l’ombre des cuisines. Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d’épices, magie et recettes se côtoient. Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le cœur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes ! «
Frasquita Carasco a dans son village du sud de l’Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu’elle coud, aux objets qu’elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu’elles faneront sous le regard jaloux des villageoises; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d’un papillon qu’il s’envolera par la fenêtre: le cœur de soie qu’elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement…
Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d’un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l’errance à travers l’Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus – ou accablés – de dons surnaturels…
Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses on cruelles. Le merveilleux ici n’est jamais forcé : il s’inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie.
5 commentaires
Ty.Jecyka
Voilà un livre qui ne m’a pas embarqué…même en m’y reprenant à deux fois…sans doute l’univers ibérique dans lequel je n’arrive jamais à me transposer…et ces histoires de mères en filles…
la fée faribole
J’ai mis du temps à ouvrir ce livre , offert par une amie .Mais je l’ai dévoré en quelques nuits !
Je me suis laissée emportée par ces portraits de femmes sur fond de lumière ibérique .
C’est une histoire très riche qui questionne sur les rites de passage , la transmission intergénérationnelle , la singularité , la problématique du don, poison ou bénédiction …
J’ai beaucoup aimé moi aussi .
Bonne semaine
Sandrine
La Bastidane
J’aime cette transmission de mère en fille, de soeur en soeur, de tante en nièce, transmissions que j’ai adoré dans les livres d’Isabel Allende, geste répété de génération en génération, savoir partagé dans un milieu où il n’y avait de place à la mixité homme femme et que j’ai retrouvé avec bonheur dans coeur cousu. De plus j’aime cette culture ibérique qui m’emporte au rythme des chants et des musiques qui chante la douleur plutôt que de la pleurer.
ella
euh j’ai été partagée…il faudrait peut-être que je le relise !
l’Andalousie c’est tellement « merveilleux »
celle qui rêve
J’ai adoré et je l’ai offert par dizaines ;o)