Vent d’Est

Classé dans : 365 petits riens | 2

 

Marin un jour, marin pour toujours, il suffit de peu pour que mon âme redevienne bleue, ou grise ou verte selon les humeurs des flots. J’ai glané sur la plage des trésors infimes,  mon esprit s’envole, mes rêves s’entrechoquent, je rêve d’histoires d’amours, de capitaine aux longs cours, de départs, de retours, d’îles lointaines ou si proches, du goût du sel sur mes lèvres, je rêve en marchant dans la tempête, une téméraire se baigne, des enfants courent ou se balancent en regardant l’horizon, j’évite les vagues et respire les embruns, j’y suis heureuse. Dans mes jeux imaginaires,  je tresse des colliers de posidonie, je crée des parures de coquillages pour des reines aux pieds nus, je tricote des pelotes d’algues,  j’invente le destin funeste des bois flottés, usés et taraudés par les  remous. Fait il froid ? Je ne sais pas, le vent d’Est souffle en un tourbillon incessant, le début d’un cyclone ou la queue d’une tornade, on ne sait plus très bien, d’énormes esquifs mouillent au large, il ne prendront pas la mer, pour l’Orient, pour là bas où le pétrole coule à flot, pour le pays des mille songes. Mille étoiles brillent dans le sable, perles de quartz et de micas, oraison funèbre pour les poissons et coquilles mourants,  J’entre dans le café qui domine la grève, le maître des vents nous y accueille, il souffle doucement sur ces doigts, on s’y restaure, on s’y réchauffe, mais je m’enfuis laissant à table les frileux, je retourne à la grève, irrépréhensible besoin d’y courir, je suis la coureuse des grèves, je suis libre, je suis la glaneuse de rivages, je cultive les algues, je prends soin des poissons, j’affronte la houle, car  je suis avant d’être un marin, jardinière de la mer. Amiral, la mer me manque, mais vous le saviez déjà.

Et puis ce bruit des vagues qui couvrent tous les bruits sans que nous en soyons conscients, il éteint tous les sons, comme il peut effacer tous chagrins d’une vie.

L’entendez vous.

 

J’aime la musique des vagues,  la partition du vent, qui jouant dans les filins des bateaux compose une symphonie irréelle, j’aime le chant des mats.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Vent d’Est

Une publication partagée par La Bastidane, l’Authentique (@labastidane) le


 

 

Rouge comme le soleil couchant

Classé dans : 365 petits riens | 1

A Sainte Marie les Mines, j’ai eu envie de rouge, en visitant l’exposition de Rhinetex, envie de rouge et blanc, comme avant. Pas si facile à travailler, quand on passe sa vie dans le beige et le nacré, mais bon, je ne désespère pas qu’un jour, je ferai un magnifique patch classique, rouge et blanc, même si j’ai une tonne de blocs en Redwork à monter, et vous quels sont vos blocs traditionnels préférés ?

 

Rouge
Comme un soleil couchant
De Méditerranée,
Rouge
Comme le vin de Bordeaux
Dans ma tête étoilée,
Rouge
Comme le sang de Rimbaud
Coulant sur un cahier,
Rouge
Comme la mer qui recouvre
Le désert de Judée.

 

Ciels d’octobre

Classé dans : Al Ain | 12

Presque une année que le ciel s’est abattu sur nos têtes, presque an, et puis déjà 9 mois de travaux et aussi un appareil photo qui faisait des siennes, un ordinateur bien mal à point, un téléphone vacillant et puis la volonté et la motivation, elle aussi guère brillante. Et enfin cette semaine, ma fille, piquant mon téléphone chaque matin pour faire des photos, pendant que la conduisais au collège, s’émerveillant du lever du jour me disant « maman il faut en profiter avant le changement d’heure ». Alors je me suis dit que c’était peut être le moment de reprendre les petits riens quotidiennement,  de collectionner chaque instant merveilleux qui s’offrent à moi, don de ce ciel où quelques étoiles de plus brillent, et puis peut être aussi le moment de reprendre mes aiguilles même si l’atelier n’est pas tout à fait fini, parce que c’est là que naîtront les improbables, ces improbables qui tambourinent fort pour venir au monde. Voulez vous bien que je revienne ?