Elles poussent sans qu’on le leur demande, les sauvages du bord du chemin, elles sont anonymes, silencieuses, bien sûr qu’elles ont un nom, mais nous l’avons tous oublié. Elles sont là rebelles, à faire hurler de rage le maire du village qui passent sa vie à les éliminer. Le maire veut des rebords de route nets, propres au carré du genre Pleasant Ville, elle ne sait pas qu’elle est à la campagne, chut ne lui dîtes pas, elle pourrait être vexée, elle se croit dans une grande ville et je passe ma vie à m’engueuler avec les employés municipaux pour ne pas qu’ils passent avec leur coupe fil au bord de mon jardin. Mes herbes, elles s’en moquent, indisciplinées, têtues, insoumises, elles repoussent toujours plus fortes, elles n’aiment pas le béton.
Je les aime, mes dissidentes qui poussent sur le talus, elles sont l’âme de la terre. Je leur ai même offert des alliés, en disséminant des graines amies à leur côté. Je ne les cueille pas, je ne les ramasse pas, sauf si elles m’en donnent la permission, quand elles chuchotent dans le vent, je peux vous soigner, nous sommes de celles qui aident. Elles peuvent tuer aussi, elles sont magiques quelquefois, elles sont les herbes des sorcières.
Laissez vivre les herbes sauvages, il n’y a pas de mauvaises herbes, ce n’est pas moi qui l’ai dit mais Victor Hugo, on ne sait jamais de quoi demain est fait, un jour nous en aurons peut être besoin.
Belle journée à vous, prenez soin de vous, restez chez vous.