Crise de 1929 et sacs alimentaires, quilt et récup.
Je ne vous raconterais pas la crise de 29, ni la terrible dépression qui s’ensuivit aux USA comme en Europe, ce fût une période effrayante et douloureuse.
Les fabricants de farine et sucre, d’aliments pour bétail, emballaient leur marchandise dans des sacs de tissus, les plus pauvres confectionnaient leurs vêtements avec, c’était la marque la plus terrible de pauvreté, s’habiller avec ces sacs de coton. Déjà en 1933, un livre donnait des conseils pour effacer le nom et/ou la marque des moulins sur les sacs. Dans mes recherches il est fait mention d’un livret intitulé Sewing with Cotton Bags (Coudre avec des sacs en coton), publié par la Textile Bag Manufacturers Association (Association des fabricants de sacs en textile), qui «conseillait les consommateurs sur la manière de faire en sorte que les logos de l’entreprise soient effacés».
Peu de temps après, le minotier américain, « Kansas Wheat » , réalisant que les femmes utilisaient des sacs pour confectionner des vêtements pour leurs enfants, a demandé à leurs moulins d’utiliser du tissu fleuri pour leurs emballages afin que les enfants aient de jolis vêtements. Et il a également demandé que l’encre de leur marque soit effaçable. On raconte que les ouvriers râlaient un petit peu, quand l’acheteur, demandait le dernier sac sous la pile juste pour l’imprimé du tissu. On dit qu’il fallait trois sacs pour faire une robe de femme.
Je n’entrerai pas dans le détail de savoir si c’était de la compassion ou du pur marketing, toujours est-il, qu’une incroyable savoir faire fût mis en oeuvre.
Certains sacs étaient imprimés pour fabriquer des jouets aux enfants, d’autres de merveilleux fleuris style Liberty qui firent des robes, des tabliers, des quilts magnifiques. Cette initiative a permis à de nombreuses femmes et de nombreux enfants de pouvoir s’habiller sans être montrés du doigts pour flagrant délit de misère, car les gens étaient bien incapables de faire la différence, les mêmes tissus étaient utilisés pour les sacs et vendus en magasin au métrage.
De nombreux patrons furent édités, des robes, des tabliers des quilts confectionnés.
Et puis mes préférés bien sûr les jouets et les poupées.
Et puis il faut être réaliste, certaines, un sac à patates les habille.
Pour trouver les sources des photos sur google rechercher "Feedsacks"
15 commentaires
Lolau Rouge & Lin
J’adore ce reportage !!! Je ne connaissais pas du tout cette histoire des sacs de farine et je la trouve touchante… Merci pour ce beau partage !
Brigitte Brunel
Merci pour cet article très intéressant. L’imagination dans le quotidien a souvent besoin de contraintes pour se développer. Quand le frigo est presque vide et que l’on arrive à confectionner un repas qui au final sera bon, il y a une certaine fierté …
La Bastidane
Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que même les coutures du sacs étaient faites au point de chaînette, afin qu’elles soient facilement défaites et le fil récupéré.
Esther Bourgault
Née en 57, ces sacs existaient encore quand j’étais toute jeune, au Québec. Je me souviens d’une jupe ou robe, mais c’est un peu flou… et de certains tabliers(nous étions 4 filles…) confectionnés par ma grand-mère maternelle qui étaient, je crois bien, taillés à partir de ces sacs remplis au départ de sucre ou de flocons d’avoine… « La nécessité est la mère de l’invention », disait-on.
Merci de ce reportage ! :)
mamillon du luberon
tres beau reportage, merci, et j’aime l’expression Québecoise : « la nécessité est la mère de l’invention » que je retiens, merci Esther .après la guerre mon Père qui était dans l’armée, s’était procuré 2 manteaux militaires bleu marine, en gros draps épais, et une couturière nous avait fait à ma sœur et à moi, 2 beaux Duffle coat, et le comble de élégance, les capuches étaient doublées de tissus à carreaux comme les kilts anglais , En famille nous disions, surtout ne dites pas que ce sont des capotes militaires , ça ne se voit pas…mais nous n’avions surtout pas froid, c’était un super tissus …comme quoi dans toutes les périodes il fallait savoir se débrouiller .. à mon avis, je dis bien à mon avis, les gens ne savent plus faire tout ça hélas…
Tante Lucie
Magnifique article et je remercie toutes les blogueuses qui partagent généreusement le fruit de leurs recherches
Martine Jean dit binon
Merci pour votre belle histoire.J’ai toujour ete stupefaite par l’ingeniosite des femmes pour que leurs enfants soient habilles comme les autres
Merci
Memie yoyo
Merci pour ce beau reportage, que ce soit du marketing ou de la compassion c’est une belle histoire
Bon dimanche
josy26
Merci Nathalie pour ce beau reportage . trés interessant !
AtelierdeClaire
Un immense merci pour cet article si bien documenté ! Je découvre une part de l’histoire qui confirme bien que c’est dans les périodes de manque que l’on développe la plus grande créativité.
Yolande
Merci pour cet article intéressant. J’ai vu en vente des sacs de farine enveloppés de tissu fleuri dans un petit supermarché de californie en 1997. Et j’ai aussi acheté dans une brocante en France de un lot de sacs de farine neufs imprimés de la marque de la farine. Il est écrit dessus que l’encre s’efface au lavage et le sac décousu servira de mouchoir. Le tissu est blanc et assez fin.
MamieFrançou
Super reportage ! Nous avons des leçons à prendre. …Mais si si il y a encore des personnes qui savent faire pour recycler.
Merci infiniment
micheline
Merci pour ce bel article, on apprend tous les jours, tres intéressant
Nathalie
Très beau reportage, émouvant.
Et de savoir que les industriels ont pris soin de choisir des beaux tissus pour que tous ces gens n’aient pas honte ou d’y imprimer des patrons de poupées , sans compter l’idée de coudre au point de chainette ! C’est vraiment une belle histoire.
catherine bayle
Superbe reportage et très instructive .Merci beaucoup .