Poules et Potager

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Rien de ne vous choque dans cet ensemble de mots totalement incompatibles ? Chez moi ce ne sont pas des légumes qui poussent mais des poules. La preuve en image bien sûr. Mes poules se sont mes copines, elles vivent leur vie dans les jambes des chevaux. Je pense que le fait d’être avec les chevaux dissuade le renard.

On en a un aussi, je ne l’ai jamais vu, mais d’aucuns racontent que la nuit à l’heure où le monde dort, il se ballade sur le chemin ou dans le hameau, roux et flamboyant dans les feux des véhicules.

Mes poules sont incroyablement indisciplinées, malgré le filet à mouton, elles passent et viennent picorer dans le jardin, boire dans le bassin, et se construire de superbe nid de poules sous la caravane, elles s’y prélassent entre midi et deux, un oeil tourné vers le ciel.  J’adore leur oeil de dinosaures capable de regarder quasiment à 360 ° les éperviers. Ces rapaces que je surveille, moi aussi de mon atelier, tournoient dans le ciel, se préparant mentalement à déjeuner d’une poule dodue ou d’un chat un peu petit. Alors je lâche les chiennes qui dissuadent l’oeil du faucon, en aboyant aux cieux.

J’avais en ce lundi de Pentecôte envie de vous présenter ces poules qui poussent à la place des légumes dans le potager. On va  essayez de trouver un autre système pour ne plus’avoir des courgettes qui ne s’épanouissent que sous les rosiers. Et oui, mes raptors labourent le potager, balançant les graines semées consciencieusement par monsieur sur des lignes parfaitement droites , de partout. C’est quelquefois surprenant de découvrir un plant de poivrons ou de concombre près du bassin.

Bonne journée à vous. Qu’elle voit soit douce et sereine. Aujourd’hui je pense à mon père , 8 ans déjà, qu’il est parti, ce grand philosophe. Pour lui, la terre était un refuge. « 2 poules,  4 lapins et mon potager, je peux voir arriver n’importe quelle crise, en cas de guerre on saura quoi faire » disait-il.  Il aurait aimé le jardin aujourd’hui. il aurait sûrement fait un enclos particulier pour les poules et me hurler d’aller arroser.  Mais je le sais que les poules comme les lapins seraient morts de vieillesse à Belle Etoile.

Allez à demain, peut être ? Si j’ai quelque chose à raconter.

 

 

 

 

 

Les demoiselles sont là …

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Elles sont là les libellules, ces minuscules fées volantes. Guettées par les grenouilles, elles effleurent l’eau avec un élégance fragile. Regarder leur ballet nuptial est juste magique. Et toutes les légendes qui s’y associent remontent de nos mémoires collectives.

Saviez vous qu’elles existent depuis 320 millions d’années. C’est vertigineux, c’est presque irréel. Elle mesurait presque 70 cm, c’est un des plus vieux insectes existants. Redoutables carnassiers à l’époque, elles auront gardé un aura quelquefois maléfique surtout en Europe.  C’était hier n’est ce pas.

Elles sont sources de croyances et de légendes.

Au Japon,  l’Empereur « Jinmu-Ténnô », descendant du Dieu Soleil, fut attaqué par un Taon. Fort heureusement pour lui, une Libellule survolant la scène décida de protéger l’Empereur, et dévora l’autre Insecte.

Reconnaissant d’avoir été sauvé par la Libellule, Jinmu-Ténnô baptisa le Japon du nom Akitsu-Shima qui se traduit par « l’île de la Libellule« .

Une coutume bouddhiste annuelle consiste à accueillir les esprits des ancêtres pour qu’ils rendent visite aux vivants pendant le festival d’Obon. Les cérémonies de la mi-août ont lieu lorsque les libellules sont abondantes, et certains pensent qu’elles portent les esprits sur leur dos. D’autres les considèrent comme les esprits eux-mêmes, et les libellules sont largement accueillies dans les foyers.

En Chine, elle est un dragon

Bien que le caractère chinois 龍 (long), signifiant dragon, ne soit pas représenté dans les caractères 蜻蜓 (qingting) pour libellule, les deux bêtes sont néanmoins liées par voie d’association. Le dragon chinois est hautement considéré comme un symbole de pouvoir, de bonne fortune et de noblesse, car les empereurs chinois étaient censés être les descendants de dragons divins. Dans le monde de l’art de la peau, 龍 est peut-être le tatouage de caractère chinois le plus populaire.

Contrairement au dragon ailé occidental, les dragons chinois ne volent pas et vivent dans l’eau. La libellule qui vole est considérée comme l’âme du dragon et est également appelée « dragon volant ». Voire, une libellule est considérée comme une chance, et si elle vole dans une maison, elle apportera des bénédictions aux membres du foyer. La libellule est toutefois perspicace et n’entrera dans une maison que si l’harmonie règne au sein de la famille.

Dans le Feng shui, l’ancienne pratique chinoise de la géomancie, le dragon est lié à l’été et aux changements continus dans la nature, symbolisant la croissance spirituelle et l’acceptation de nouveaux départs. En termes pratiques, la libellule était probablement appréciée par les premiers et nombreux paysans chinois, car cet insecte prédateur constituait un excellent moyen de lutte contre les parasites.

Les indiens Sioux de la Tribu Lakota disaient que la Libellule enseignait à l’homme à distinguer le réel de l’imaginaire.

En Suède, la libellule est toujours à la recherche des mauvais personnages. Si elle vole autour de votre cou, elle vérifie probablement la pureté de votre âme et vous emmènera pour vous punir si vous manquez de vertu. Également connue sous le nom « d’aiguille à repriser du diable », la libellule peut recoudre n’importe quel orifice du visage d’un vilain enfant endormi.

J’aime l’idée qu’elle soit une aiguille à repriser, peut être m’aideront elle à coudre les rêves.

Je vous laisser découvrir la source de mes recherches sur  Visiontimes les légendes et les croyances sont innombrables. Je retourne à mes Dragonfly … elles sont si belles, je m’en vais les attendre auprès du bassin regarder voler mes minuscules dragons.

 

 

 

 

 

Exposition de patchwork à Pertuis

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Je n’avais pas mis les (LE) pieds dans une exposition de patchwork, depuis 5 ans, depuis les dernières Aigu’illes en Luberon, la Covid, le travail, l’accident ont eu raison de mes motivations et de ma passion.

Deux ou trois journées de l’amitié pour renouer avec les copines, avaient émaillées ces cinq longues années sans pour cela me donner l’envie ou le besoin de me mettre à nouveau à travailler le tissu. Je ne suis pas une quilteuse, ni une patcheuse, juste une brodeuse qui a fait très longtemps de l’art textile, mais une simple brodeuse, une petite brodeuse.  C’est le Club de Pertuis qui expose. Ca fait énormément de bien de revoir une exposition, c’est presque irréel, comme si c’est cinq années n’avaient pas existé, comme si j’étais là en train de recruter pour remonter une nouvelle manifestation internationale.

Re-motivante au possible, ma marraine m’a expliqué comment faire un patchwork sans rien mesurer, et j’avoue,  j’adore ça. Elle a mis un peu un coup de pied au cul à l’astigmate que je suis, qui voit le monde de travers, dans une sphère qui ne ressemble en rien à votre terre.

De belles oeuvres au fil de l’exposition, s’égrenaient doucement dans la chapelle de l’hôpital restaurée. Des heures et des heures de petits points qui reflètent la minutie, le perfectionnisme et la créativité. J’ai adoré, regarder, fouiner, épier, espionner, avec l’oeil de la directrice artistique que j’étais dans une autre vie et l’admiration que je porte à toutes ses dames qui cousent dans l’ombre pour embellir la vie de leur famille.

Anick, Marie-Claire, Martine, ou Cathy vous accueilleront avec un beau sourire et surtout avec cette passion qui les anime, de celle qui change vos vies.

C’est encore jusqu’à dimanche, je vous remets l’affiche en fin de lien, si vous avez envie de vous y rendre. Pertuis c’est dans le Vaucluse, à la frontière des Bouches du Rhône, prenez le temps, ça en vaut la peine.

Emmenez vos filles, vos petites filles afin de transmettre cet art féminin et au combien utile qui a permis à milliers de femmes dans le passé et encore de nos jours à utiliser merveilleusement des bouts de tissus pour en faire des couvertures et réchauffer les coeurs.

 

 

Je déclare ouverte la saison des nénuphars, des Nigelles et autres bestioles

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Chaque année, c’est un moment magique, l’arrivée des fleurs de nénuphars et des nigelles, les fleurs s’ouvrent quasiment en même temps et le jardin se pare de rose et de bleu. Je ne sais pas pourquoi, mais les fleurs de nénuphars me ramènent dans le passé. Peut être un livre de conte pour enfants où Poucette ou une autre créature incertaine vivait dans une fleur sur l’eau. Je ne sais pas vraiment, mais la poésie du nénuphar est ancrée dans ma mémoire.

Les nigelles dans leur délicatesse sont aussi propices à la rêverie. Délicates et échevelées, on dirait qu’elles se réveillent ou que l’on vient de les surprendre au saut du lit. Chiffonnées, elles se dressent vers un ciel où elle se mirent et en prennent toute la palette.  Les insectes ne sont pas légion cette année, il y en a peu, certainement le froid, alors je les chouchoute, et les observe.

Aujourd’hui le ciel est noir de colère, comme si toute la rage qu’il contient va s’étendre sur nous. J’ai repris mes bonnes vieilles habitudes, enfilant un gros pull bien vieux, bien moche et détendu. Il parait que l’apologie du moche est tendance en ce moment, peut être que je suis tendance. J’ai filé dans mon atelier vous écrire ce petit rien avec un café.

Comme avant, comme il y a longtemps, avant que la vie m’emporte dans un tourbillon quotidien et matériel, avant que mes filles grandissent, je vous écris.  Dans l’atelier des tonnes de fournitures m’attendent, elles n’attendent que mon bon vouloir et le petit déclic au fond de ma tête, qui lancine et scande quelques mots « tu dois créer, c’est ta survie qui en dépend ».

Alors oui, je vais créer, aujourd’hui ou demain, la raison l’emporte souvent sur l’imagination, vais je aller au supermarché, il n’y a plus de croquettes pour les chats, vais je passer la serpillière sur un sol qui n’en peut plus des allées et venues animales et humaines. Vais je enfin poser mes fesses sur mon fauteuil et ouvrir ma boite à couture ? Vais je enfin donner naissance à cette multitude d’improbables qui n’attendent que ça ? De toute façon je dois nourrir la meute.

Demain je vous parlerai de l’exposition de patchwork de ma marraine et ses amies. Demain, demain est un autre jour … n’est ce pas Tara ? Le ciel gronde, le tonnerre s’entend au loin, faites qu’il n’y ait pas de grêle.

 

 

Je ne vous avais pas montré mon cadeau d’anniversaire …..

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Vous commencez à me connaître, depuis le temps que je vous bassine avec mes Petits Riens, je ne vous montre jamais trop mes cadeaux d’anniversaire ou mes achats quotidiens, en fait je ne vous les montre pas du tout. Je ne vous montre pas non  plus ce que je mange, étant donné que je cuisine pratiquement deux fois par jour, sauf  quand une de mes filles ou ma mère prend la relève. Je ne suis pas atteinte de shoppinite aigüe non plus, je suis capable de garder un jean et une paire de chaussures plus de 10 ans, en fait je n’ai besoin de rien, sauf de chiner pour sauvegarder le passé.

Mais là je voulais vous montrer ma nouvelle machine à coudre. Celles qui me suivent, savent que je collectionne les machines à coudre anciennes depuis toujours, dans la soupente de l’atelier, elles sommeillent le temps que j’ai besoin d’elles, Featherweight Singer ou Grasshopper Elna (mes deux chouchoux), du haut de leur canonique âge, elles sont parfaites, révisées, nettoyées, graissées, avec leur transfo et leurs accessoires. Elles sont là et ça me suffit pour me dire que je les ai sauvées d’une vie de presse-livres ou de lampe de chevet.

Je voulais vous présenter ma Omnia, fabrication française de Manufrance, vous saviez que tous les fabricants d’armes ont construit des machines à coudre, la mécanique est similaire … mais j’avoue que je préfère les machines à coudre, quoique j’aime bien la mécanique des armes, démonter une arme c’est comme démonter une machine à coudre, et c’est pour moi un jeu, un bonheur, un moment de méditation.

La belle est arrivée par voie postale, le vendeur a oublié la table de travail, il ne la retrouve plus, j’espère la récupérer un jour.

Je l’ai dépoussiérée, nettoyée. Elle a fait un stage au garage pour un coup de soufflette et de graissage.

Et elle fonctionne, elle ronronne, j’ai un peu de mal à régler la tension supérieure du fil, il va falloir que je démonte, ou que j’appelle l’experte familiale, ma marraine, 40 ans dans la bonneterie, elle saura rendre mes points parfaits, sinon elle ira faire un petit tour, voir Julien « Au bonheur des dames ».

C’est un pur produit des années 70, comme moi. Je m’amuse en voyant les jeunettes s’approprier cette époque que j’ai vécu, peut être pas avec le même regard qu’elles. En vous écrivant, j’écoute les tubes de ces années là, de Rod Stewart au Big Bazar et je fredonne Say It Ain’t so Joe, Murray Head doit en avoir les oreilles qui saignent. Alexa est en train de s’emmêler les pinceaux entre Abba, Afric Simone ou Boney M et les Rubettes, tu n’as jamais écouté le Hit Parade de RMC avec Julien Lepers toi, enfin Alexa ?.

J’ai sorti pour vous, une de mes tasses Mobil, avec la cuillère BP, c’était ce temps où les géants du pétrole chouchoutaient leurs clients, croyez moi si vous le voulez, mais il est meilleur, il a le goût de mon adolescence.

Elle est jaune ma machine, elle existe aussi en rouge, je ne désespère pas de la trouver un jour. Quoique je la préfère en jaune, elle fait plus d’époque. J’ai sorti quelques coupons bien seventies, en me disant qu’un jour j’en ferai quelque chose.

Je ne suis pas nostalgique ce matin, d’un époque qui est bien révolue, mais Bon Dieu, qu’est ce que c’était joyeux et plein de vie, cette après guerre, car il faut le dire, la fin de la guerre c’était juste 25 ans avant, et c’est quoi 25 ans quand on y pense.

Les réveils d’époque me rappellent que je dois filer me préparer pour allez visiter l’expo de ma marraine fée des machines à coudre, elle et ses copines exposent à Pertuis, à partir d’aujourd’hui, je vous ai mis leur affiche en fin d’article.

Alors encore un café, Mobil, Antar, Total ou BP  ? ….. Allez Bonne journée à vous tous.

 

 

 

 

Il pleut sur la Provence

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Il pleut sur la Provence, comme il n’a pas plu depuis des mois, c’est bon pour la terre, je ne suis pas persuadée que les nappes phréatiques se remplissent, je l’espère. C’est bon pour les plantes, mes semis, et les arbustes plantés. Quand je me promène au jardin, j’ai l’impression d’être en Bretagne. Tout est vert mais pour combien de temps ?

J’ai installé au jardin le premier champignon de verre, c’est une dame qui m’en a reparlé sur Facebook, je les avais un peu oublié ces champignons faits d’un vase et d’un saladier renversé. D’autres sont en préparation, je cherche mes vases.  Il faut dire que je me retrouve avec de véritables champignons dans le potager, oui oui l’humidité est ambiante.

Les tourterelles sont en goguette, le jeu est de les surprendre en train de se restaurer sur les tables du jardin. On surprend d’autres oiseaux, des choucas, je crois, énormes oiseaux noirs qui s’installent chez nous.

J’ai refait, comme il y a des années de ça, mon coin de Pacifique dans des coquillages, vu la couleur du ciel on se croirait à Nouméa, mais il manque une bonne dizaine de degrés. Pour ceux qui ne le savent pas, la Calédonie c’est 95 % d’humidité et un ciel gris et pluvieux le trois quart du temps. A la différence avec la métropole, c’est qu’il ne fait pas froid et que marcher sous la pluie, n’est pas un problème, on sèche dans la minute qui suit.

Au bassin, les poissons dorment encore, les grenouilles sont assoupies, les nénuphars  et les nigelles attendent le soleil.

 J’ai chiné un porte-verre en osier, sans prétention, il devient un porte semis, sauf que je ne sais pas quoi planter dans les pots, si vous avez une idée, je suis preneuse.

Tara-rbuste ne me quitte jamais, les pots des rosiers sont son domaine.

Le maréchal ferrand est passé hier. Avant hier, de la famille est venue passer un chouette moment, devant un gigantesque couscous comme ma mère en a le secret, je crois qu’il en reste encore … légèrement à saturation.

Pour les baignades on attendra un peu que les saints de glace soient passés, quoique cette année, j’ai l’impression qu’ils sont des dieux et non des saints vue leur puissance.

J’ai du mal à écrire ce matin, veuillez m’en excuser, mais peut être que les photos se suffisent, du moins je l’espère.

Aujourd’hui sera encore un jour difficile, dire au revoir à un ami. Mais c’est la vie, cette vie qui fait qu’il faut s’habituer aux absences. Je suis nostalgique ce matin, le temps sûrement, et ce temps qui passe inexorablement, ne nous laissant que des souvenirs.

Au retour du cimetière, j’irai dans mon atelier. J’ai un ouvrage à terminer. Mais chut c’est un secret, je n’ai pas le droit de vous le montrer avant l’exposition.

La vie se vit dans l’instant présent, ce moment où je vous écris, ce moment où je prend un café, ce moment où j’ai juste envie de dire aux gens que j’aime que je les aime. Le savent-ils vraiment ? Bon week end le monde, bon week end mon monde.

La misère a fleuri, n’est ce pas un signe ?

 

 

 

La boite aux lettres de la cabane du fond du jardin.

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En ce moment c’est magique,  il fait beau le matin et il pleut l’après midi, ça fait trois jours et ce n’est que du bonheur, pour le jardin, les grenouilles et les escargots. Je prends mon café dehors et j’écoute le monde. C’est redevenu, depuis que je peux me déplacer, mon rituel.  Six heures ce matin,  c’est mon moment de méditation.  Très peu de promeneurs sur le chemin, un ou deux hennissements des juments qui m’interpellent (n’oublie pas notre petit déjeuner), les tourterelles, les mésanges, chaque minute est un appel à la sérénité. Il y a Tara qui épie les oiseaux, si moi, je ne les vois pas sur la table de la cabane, elle les a bien dans sa ligne de mire. Elle se la joue princesse de son royaume et pose devant ses artichauts préférés, se roule dans l’herbe à chat, et griffonne sur les troncs d’arbres, c’est une reine du land art. Et puis il y a la boite aux lettres de la cabane. Incongrue une boite aux lettres sur une cabane, vous ne trouvez pas ? Je vais vous raconter son histoire.

Cette boite aux lettres est très importante, elle est réservée aux lettres d’amour et aux invitations imprévues, elle peut servir la nuit de refuge aux fées qui ont un peu trop bu le nectar des fleurs. Elle sert de cellule de dégrisement à tous les petits improbables qui vivent dans le jardin. Le matin, je ne fais pas de bruit pour ne pas les réveiller trop tôt. Certains y dorment toute la journée, pour ne réapparaitre qu’au crépuscule.

Si vous n’avez jamais vu un korrigan, un farfadet ou une pillywiggin un peu bourrés, je vous inviterai dans mon jardin. On ne les verra certainement pas, il faut une entrainement de plusieurs décennies pour les apercevoir, moi même je n’y arrive pas, mais je sais qu’ils sont là.  On les entendra, à la pleine lune,  jacasser avec les grenouilles. Leur nectar préféré est celui des fleurs blanches, c’est pour cela que j’en ai planté autant. Le seringa est pour les fées lunatiques, la valériane pour les bébés elfes afin de calmer leurs maux de dents, et le sureau, vous le savez bien, comme les fleurs d’acacia, sert à faire des beignets d’un goût exquis. Ses beignets sont uniquement servis les nuits des célèbres banquets, organisés par les lutins. Lors de ces grandes célébrations de l’équinoxe de printemps, c’est la java au jardin. D’ailleurs à ce propos, il faut toujours penser à regarder la boite aux lettres s’il n’y a pas une invitation  pour les festivités.

La boite aux lettres ne porte pas de nom, il est de bon ton, de replacer délicatement à l’intérieur, la lettre qui ne nous est pas destinée.  C’est très mal vu d’ouvrir un courrier même par erreur, on risque des farces et autres facéties dans le jardin, un sécateur qui disparait, des graines interverties, un arrosoir bouché. On ne plaisante pas avec les données personnelles dans le jardin des imparfaits.

Je vous laisse, je crois qu’il va pleuvoir, j’ai oublié de rentrer les coussins des chaises de jardin, et je vais vérifier si les fêtards de la nuit dernière ne risquent  pas d’être inondés dans la boite aux lettres, ce serait dommage de gâcher leur sommeil réparateur.  Bonne fin de dimanche à tous.

PS / Dans quelques jours on déclarera ouverte la saison des nénuphars …. oui… enfin.

 

 

 

 

Les roses du grand oncle Louis

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Il y a des fleurs et des arbres au jardin qui ont une histoire, le rosier de l’oncle Louis, c’était le mari de la soeur de mon grand père maternel, Marie. L’oncle Louis avait un cabanon à Saint Chamas, a quelques kilomètres de Marseille, il y cultivait ses rosiers, je ne me souviens plus très bien, je devais avoir une dizaine d’années.  Dans mes souvenirs, c’était une maison posée en haut de bancaou comme on dit chez nous, le jardin était en restanques. Je garde dans ma mémoire, les pins, les cigales et les pierres sèches des murets. Lorsque l’oncle Louis est parti pour son dernier voyage, le cabanon fut vendu, et tante Marie déménagea avec son rosier qu’elle planta chez sa fille, ma voisine. la voisine de mes parents.

Bien entendu ma mère demanda quelques boutures qui devint des rosiers magnifiques et s’épanouissent auprès des autres rosiers et la timide églantine qui prend des proportions conséquentes.

Ma cousine voisine, vendit sa maison, je suis allée prendre également des boutures des rosiers de l’oncle Louis. J’ai eu raison, le nouveau voisin a décimé le jardin, en un magnifique parc à gravier et béton, très villa de la côte d’Azur, assez ostentatoire. Et moi, j’ai mes roses, mes roses anciennes, des centifolias, celles dont Chanel extrait son numéro 5. Chaque mois de mai, lorsqu’elles fleurissent et elles ne fleurissent qu’une fois, l’odeur du jardin est un enchantement, cette odeur dès que le soleil paraît et les réchauffe, mêlée à celle des fleurs de l’oranger et du citronnier vous donne une envie de créer des parfums.

Elles sont là, mes centifolias, les voici sous toutes ses coutures, les boutures d’il y a bientôt 50 ans et les miennes qui ont 5 ans. En les regardant de plus près, je me demande s’il n’y avait pas deux couleurs différentes, une plus foncée que l’autre. A moins que ce ne soit le soleil du Luberon qui fassent pâlir le plus ancien.

J’avais également envie de vous présenter mon rosier liane rose, je ne suis pas sûre qu’il soit un rosier Banks mais je le trimballe dans son petit pot de terre depuis une dizaine d’année, de maison en maison.  Il manquait d’espace, là, je crois qu’il a enfin pris ses marques. Il essaye de couvrir la cabane. Même s’il y a des hivers où le froid le rend triste et peu florissant, je crois qu’il se plait bien à cet endroit.

Le ciel se couvre, des nuages noirs arrivent de la montagne, je crois qu’il va enfin pleuvoir, peut être aurai-je le temps de m’asseoir sur ma vieille chaise longue, là où les rosiers banks rose, jaune et blanc s’emmêlent inextricablement pour bouquiner mon nouveau livre.
A moins que s’il pleut vraiment, je ne range l’atelier, il en a bien besoin depuis que toutes les plantes que l’on dit d’appartement, sont en villégiature sur la terrasse. Il va bien falloir que je me remettre à créer, on est Kratrice ou on ne l’est pas.

Je vous souhaite un beau vendredi, un beau week end de mai, je me sentais un peu nostalgique ce matin. A demain peut être.