J’aime retrouver au fond d’un carton, des textiles oubliés, celui ci me rappelle les messieurs indiens que j’ai cotoyé pendant trois ans, Monsieur Anil qui m’expliquait qu’en Inde, la pauvreté est telle, qu’il est obligé d’acheter à crédit un crayon, un cahier, un tee shirt. Et je le vois sourire de ses dents éclatantes, éclater de rire en voyant mes filles faire des bétises, je le vois hurler de bonheur car l’Inde est championne de cricket, je l’entends parler indien au téléphone et j’écoute les doux sons que je ne comprendrais jamais, je le regarde lire son journal, une si belle typographie qu’elles sont pour moi des oeuvres d’arts.
Je vois Monsieur Alan, passer le balai dans le couloir immense en marbre blanc, je le vois prendre son petit déjeuner, le plier dans un serviette de papier, pour plus tard, me disait il, je le vois nourrir les tortues en éclatant de rire, je le vois emporter comme un trésor immense, le petit oiseau mécanique pour son fils, les ciseaux cigognes en argent pour sa femme, je l’entends me parler de son enfant qui a deux ans et qu’il n’a pas vu depuis 18 mois. Je l’écoute chanter.
Je vois Monsieur Harris, préparer le mariage de sa soeur, avoir peur du chien, et m’interdire de sortir en chemise, parce qu’il fait terriblement froid, un petit 20°C d’hiver. Et ils me manquent tant, chacun à leur manière, leur souvenir n’arrive pas s’estomper dans ma mémoire. Ils sont si présents que j’ai l’impression que je vais les voir à chaque instant. Ils étaient ma famille durant cette parenthèse qui a duré des mois.
L’un était hindouhiste, l’autre était chrétien, le troisième était mulsuman, et que se soit L’Eid, Noël ou Divali, nous fétions tous tous ensemble et c’est pour cela que lorsque je touche ce bout de tissu, brodé souvent maladroitement un immense sentiment m’assaille, la nostalgie, le manque, la tristesse, et la tendresse … je ne sais plus … peut être un jour … Inch Allah.
Et je serre très fort bébé Dieu contre moi.
Et ce matin, dans la nouvelle maison, j’ai fait brûler de l’encens … du vrai ….
flo
émouvants souvenirs,
belles étoffes et toujours de si belles photos ….
merci !
Catherine PELTIER alias cathy Pivoine
Que d’émotions et comme je vous comprends. Je suis moi aussi souvent assaillie par mes souvenirs d’une autre vie loin d’ici . J’ai un souvenir très vif: c’est la terre rouge mais comme diraient certains cette saleté de latérite. Je sais qu’elle ne permet pas la culture mais quand je vois une terre rouge j’ai un sentiment qui remonte et qui m’assaille: mais impossible de le partager ,car en France une bonne terre est marron foncée. Bon courage car vous voyez je n’ai pas revu mon pays natal depuis 46 ans mais il est et restera toujours présent.