La sulfateuse – 1

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Elle est là depuis des décennies dans ce petit coin de jardin qui est ma terre … elle attend d’être restaurée et d’être tractée par une des juments.

Pourquoi ? Parce que mon père était petit fils de viticulteur certainement, et surtout qu’il aimait les outils anciens témoins d’une autre temps.

Je vous parle toujours de Mémé Augusta, mais jamais de Grand Père Louis son mari,

un grand précurseur qui circulait en moto pétaradante dès 1910.

Ma grand tante, sa fille, avait épousé un autre viticulteur, Oncle Albert et de mémoire familiale on raconte que le beau fils et le beau père,  n’avaient jamais déjeuné  ensemble sans apporter leur vin respectif, ne voulant jamais boire celui de l’autre, et assenant le breuvage non issu de leur propre vigne du terrible et insultant nom de piquette. Mes souvenirs qui ne sont pas à moi, mais transmis par ma grand mère et mon père sont ceux d’une cave avec d’immenses tonneaux de bois, ceux d’un petit garçon qui avec ses copains allaient piquer du vin directement au robinet et qui un jour avait oublié de refermer le robinet, inondant le sous sol du précieux breuvage. De ces souvenirs qui ne m’appartiennent pas, je vois Augusta préparer la Cartagène, je vois mon père enfant, fouler le raisin, je vois la couleur d’ambre topaze, de l’élixir magique de muscat et d’eau de vie, une eau de vie qui vous aurait soigné de la peste elle même, tant le titrage d’alcool était important presque 100 °.

 

et de ces moments de nostalgie, j’ai le goût de la Cartagène celle qui titrait 22° d’alcool, celle que l’on buvait en mangeant une brioche des rois, ou pour Noël, mais c’est une histoire.

Mais attention la Cartagène ne peut être que Gardoise … qu’on se le dise.

Belle journée à vous.

 

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Et le verre s’illumina, Saint Bernadette vous disiez ?

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Mes retours de chine sont toujours exaltants, d’un inventaire à la Prévert, je me retrouve avec des objets qui sont heureux de se retrouver ensemble, vieux réveils, poupées à garder dans leur jus, à ne surtout pas défigurer parce qu’elles n’ont de valeur que celle que je leur donne, témoignage d’un passé bien révolu, pour ne pas dire totalement disparu, une demoiselle d’Europe de l’Est, et une dont je n’arrive pas à situer le costume, une petite alsacienne qui me rappelle que bientôt ma virée dans les forêts magiques de cette région sublime c’est pour bientôt. Des rêveils qui arrêtent le temps, car ils ne savent plus se remonter , un miroir de petite sorcière, un vieux panier, et tout ce joyeux fatras prend vie autour de moi.

Et puis il y a Bernadette, ensevelie sous un flot de poussière, en pâte de verre, de l’époque où les miraculés étaient légion.

J’avais une photo d’une de ces miraculés,  je ne la retrouve pas dans mes archives, l’histoire familiale raconte que Mémé Augusta alors jeune fille, en voyage à Lourdes au début des années 1900, avec son amie handicapée, se retrouvera malgré elle, l’objet de toutes les attentions. Son amie en béquilles d’un coup se leva et se mis à marcher vers la grotte, mon arrière grand mère stupéfaite ramassa les béquilles et se mis à courir derrière elle, en brandissant les dites béquilles, les pélerins se retournant  sur son passage, dans un murmure de stupéfaction, pensant que c’était elle la miraculée. Cette histoire j’aimais l’écouter, racontée par ma grand tante, qui ne pouvait s’empêcher de pouffer de rire entre chaque mot quand elle la racontait, se souvenant qu’elle et sa soeur (ma grand mère) adoraient que leur mère la leur raconte dans un éclat de rire.

Ainsi, lorsque je croise une kitcherie de Sainte Bernadette, je ne peux m’empêcher d’y penser.

Bon tout ça pour vous dire, que la pâte de verre sur ma table s’est mise à s’illuminer à la clarté du soleil, et c’était pour ne pas dire divin (Dieu et moi nous sommes encore un peu en froid, mais les relations semblent s’améliorer) mais totalement magique.

Je vais peut être essayer de déchiffrer la partition du petit chevrier corse.

 

ps : il va vraiment falloir qu’un de ces jours, j’ouvre une brocante.

 

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Saint Jacques vous disiez ?

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Hier j’ai pris un fou rire avec une amie, qui me disait qu’elle ramassait tous les coquillages qu’elle trouvait, que discrètement sa mère, lorsqu’elle faisait des coquilles St Jacques ou des huitres pour un repas de famille, débarrassait très très vite la table pour qu’elle ne jette pas son dévolu sur les coquillages qui encombrent sa vie depuis toujours. J’ai pensé aux miens, ma famille et mes coquilles, les boites et paniers  qui s’amoncèlent dans la remise, et surtout le pire de tout, une personne me connaissant bien,  m’ayant offert un crucifix en coquille Saint Jacques, souvenir kitch de Compostelle. Un coup de chance, le terrible Christ en celluloïd sanguinolent était cassé, quasiment démembré, je l’ai retiré délicatement mais bon, je n’ai pas encore osé le jeter. La croix a élu domicile avec les coquilles de jardin, dans mon petit coin du Pacifique. Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rencontres, parce qu’elle et moi, on se ressemble quand même beaucoup … au fait si tu as besoin, j’ai quelques caisses de coquillage en attente de …

 

Dieu seul le sait.

 

Dans tous les cas, je défie quiconque d’avoir une horreur pareille dans son jardin, c’était la kitcherie du jour.

 

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Le grenadier

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Il est l’arbre de la connaissance, symbole de la fécondité, de fertilité, de la richesse et de la puissance. La grenade a autant d’importance dans l’Islam que dans la Chrétienté, et pour Bouddha le fruit béni, dans le Judaïsme les graines représentent les 613 injoctions que Dieu transmis à Moïse,  en Perse, la grenade a des pouvoirs magiques, rendant invincibles les soldats.

Il est vieux de 4000 ans avant notre ère.

Je me gare chaque matin, sous un grenadier pour aller travailler. Je me demande si d’autres personnes que moi, s’y arrête, sachant qu’il est depuis l’âge de bronze le symbole de la vie.

 

 

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La Nursery

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La nursery est sous haute surveillance. Aux dernières nouvelles,

la vanille a pris racine, ce qui est pour moi une bonne nouvelle, depuis mes essais non fructueux, lorsque j’habitais en Nouvelle Calédonie, je n’avais jamais réussi mes boutures.

 

 

 

 

Les menthes ont fait des racines, la classique, la poivrée et l’orange …

 

Une illustre inconnue, qui se réanime doucement, trouvé à côté de la benne à ordures,

les vacanciers de retour de vacances, découvrent leurs plantes desséchées, et s’en débarrassent .. (une verveine peut être ….)

le sparagus a meilleure mine, il ne lui restait qu’un brin vert.

 

Les succulentes se reproduisent …

 

 

Les aquatiques également

 

 

et puis les mangées par les escargots qui se remettent doucement de leur mésaventure.

 

Les boutures de Pilea sont parties chez leur adoptants respectifs … j’ai aussi réanimée, une plante oreilles d’éléphant abandonnée aux ordures, elle se plait sur la terrasse chez ma mère, après retrait de toutes les feuilles mortes, les branches cassées,  un arrosage costaud, un rempotage et puis de l’engrais, elle approche ses 1,50 m de hauteur, et nous a fait deux belles feuilles.

Les taros d’eau se plaisent dans le bidet portable, j’en ai donné à tout le monde …

Votre passion ? Je sauve les plantes …. je ne supporte pas de voir une plante abandonnée, alors imaginez pour les humains ?

 

 

 

 

Le matin du 31 août

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Ce sont les chiens courants qui m’ont réveillée  au petit matin, en des hurlements de jubilation à la vue du sanglier, c’est dans un demi sommeil que je retrouvais mes souvenirs d’enfance, les images s’entrechoquant dans ma tête.  Les battues sont ouvertes depuis le 15 août pour sauver les récoltes,  ils descendent jusque dans les maisons, ils ont de moins en moins peur de nous.

Dès les lueurs de l’aube, Clara et Clairon, je suis sûre qu’ils portent encore le nom de leurs illustres ancêtres, les oreilles touchant le sol,  ont hurlé leur joie d’être libres et de courir dans la montagne, les chasseurs sont descendus bien bas vers le village, pour mieux faire remonter les hordes  dans les bois.

J’entends au loin, leurs cris et leurs sifflets, ces paroles d’appels aux chiens, presque des incantations, dans une langue qui n’appartient qu’à eux,  pas de coups de feu, ça doit être une mère avec ses petits, que l’on protège.

Et je me souviens du grand père, je me souviens de ces petits matins, où je portais sa biace, il ne pouvait plus marcher très longtemps, ses hanches le faisant souffrir. Il aurait plus de 100 ans aujourd’hui,  on s’asseyait, on attendait, on scrutait, cherchant par les sons et le craquements des herbes et des fourrés, où les animaux se trouvaient, assise sur une souche d’arbre,  en poste, je buvais ses paroles,  il me racontait le temps d’avant, tous les anciens parlaient provençal, je leur répondais en français, et devant un petit déjeuner plus que substantiel, je les écoutais, je vivais dans un autre temps, un autre monde,  j’étais plus libre que l’air, j’avais 16 ans, 17 ans, longue et fine, mes chaussures de marche plombant ma silhouette, alourdissant ma démarche,  mes cheveux flottants à la taille, une chemise de mon père sur le dos,  j’étais une princesse de la terre, et je respirais à pleins poumons l’air de la liberté, l’air de l’insouciance. Les villages semblaient si petits, la civilisation si loin,  là haut sur le plateaux, ils étaient les seigneurs des montagnes se servant bien plus souvent de leur couteau que de leur fusil, je faisais partie des leurs, ils étaient ma famille, ma tribu, j’apprenais le nom des plantes, j’apprenais à découvrir les traces que les animaux avaient laissées, je reconnaissais les oiseaux et les insectes à leur chant, j’apprenais à devenir farouche et rebelle.

Jamais un sanglier de trop ne fût tué, une régulation parfaite de la population. Et c’est dans un rite presque païen, que le partage des bêtes se faisaient.

Les lundis matin au lycée, je gardais dans ma tête ces moments de communion avec la nature, enrageant d’être enchainée sur ma chaise, devant un tableau et des dérivés à fonctions exponentielles qui ne m’ont jamais servies à rien, enrageant de ma captivité scolaire, ne supportant aucun entrave, les mains massacrées par les ronces, les cheveux encore emmêlés par le Mistral de la veille, les griffures au visage,  je ne gardais que pour moi, mon âme vagabonde et sauvage, paradoxe féminin et mouton noir au milieu des pimbêches à la dernière mode de ma classe.

Un simple aboiement des chiens, je retrouve le goût de ma liberté. Ai je vraiment changé ? A la lumière du premier soleil,  je me suis fait un café, j’ai grillé du pain, juste pour continuer à faire travailler ma mémoire olfactive. J’ai regardé mon tricot aux lueurs d’Automne. Le  chat m’a accompagnée, tricotant également la laine.  Peut être suis je devenue bien trop sage maintenant … et j’entends le voisin fendre le bois pour l’hiver. Il ne pleut toujours pas.

et je me souviens de Fifi, le sanglier apprivoisé qui dormait sur le canapé.

 

 

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Bribes de vie

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Finalement il n’a pas plu, je rêve de Suède et d’Irlande, la chaleur est accablante … seul l’escargot a des velléités d’aventurier … il rêve de naviguer et surtout de grignoter les jacinthes d’eau.

le bassin est le seul endroit vert du jardin, tout le reste n’est que savane et herbes sèches, restrictions d’eau, il a dit le préfet, mais je ne vais pas faire mourir les poissons rouges.

 

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Bientôt les récoltes de figues

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la lumière est crue presque insupportable, le soleil plombe tout … on vit volets croisés, à l’intérieur, l’épaisseur des murs gardant le peu de fraicheur. Pour le repas,  j’ai fait une tourte à la viande, comme la faisait ma grand mère paternelle, je n’ai pas omis la cheminée de carton, les cartes de visite servent à ça, il n’y a pas de recette … et je pense à elle qui m’a appris à broder, et l’art de la cuisine, j’aime refaire les mêmes gestes qui la font revivre l’espace d’un instant, et elle est à mes côtés, dans mon petit bout de cuisine, même si l’élaboration des repas pour une grande famille, me semble plus une corvée qu’autre chose. Je fais les choses seulement quand j’en ai envie, et pas pour être dans l’air du temps.

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On vit à l’intérieur, le rescapé des poubelles nous a adopté, aucune peur, aucune crainte, il a seulement confiance. Il prends la pause que les autres chats ont prise avant lui.  Il m’accompagne dans mes moments de détente, je bouquine, je regarde documentaires et films, je m’intéresse à l’Histoire, la grande et la petite, à notre histoire qui a fait de la France, la République qu’elle est aujourd’hui, aucune envie de broder, ni de coudre, juste buller avant la tumulte de la rentrée. Le nombrilisme de la profession m’en éloigne chaque jour un peu plus, je ne souhaite pas être apparentée à des divas de paille, dont la notoriété n’est faite que d’escobarderies . Je veux être ce que je suis, droite, solaire et créative.

Les fournitures scolaires sont prêtes, quelques derniers préparatifs aujourd’hui pour parfaire le début d’un nouveau cycle.

Les Aigu’illes en Luberon sont relancées pour 2017. Tout doucement j’avance ….

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et Mousse qui me fait confiance d’une manière absolu … il a bien pris 100 grammes depuis la semaine dernière, il se remplume, il joue et ronronne, oubliant les malheurs de son début de vie.

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et sereinement la vie continue dans une espace temps qui n’appartient qu’à moi, merci de m’y rendre visite de temps en temps.