Je te regarde affalée sur le canapé, à regarder les séries que tu affectionnes tant, ta soeur dort encore, ce sont les vacances, je voulais juste te dire, à toi ma fille, à vous mes filles.
Ne te marie pas trop jeune, avoir un mari et des enfants n’est pas une fin en soi, dans la vie d’une femme, même si avoir des enfants est merveilleux, ce n’est pas le but premier de ta vie et ce n’est pas obligatoire. Vis d’abord cette dernière à fond, prends des amants, amuse-toi, cultive-toi, réussis tes études, réussis ta carrière, tu t’éclateras plus au travail qu’en faisant le ménage et en attendant le retour de ton mari. Un jour, comme je l’ai su à mon tour, tu sauras que c’est le moment de le faire et d’être mère, ou peut être jamais.
Prends le temps de lire des romans toute une nuit si tu le veux, de rêver et de flemmarder, prends le temps de passer une journée entière dans la salle de bain, parce que tu as envie d’être belle et que tu le fais pour toi. Prends le temps de vivre les minutes, les heures et les jours. Prends le temps d’écrire et de dessiner, prends le temps de créer. Laisse moi les tâches matérielles répétitives et rébarbatives, tu auras tout le temps d’en découvrir les joies plus tard.
Lorsque tu auras dépassé le cap de ton adolescence, celui où tu me dis je t’aime toutes les cinq minutes, et où ton seul héros est ton père et que tu fais tout pour ne pas le décevoir, ne te jette pas tout de suite sous le joug d’un autre homme, et tout faire pour lui plaire, ne te laisse jamais dominer par qui que se soit. Laisse le temps au temps, et vis tes plus belles années comme tu l’entends.
Sois la maitresse de ton destin.
Fait tout pour avoir des responsabilités dans ton travail, choisis un travail que tu aimes, ne le quitte jamais pour un homme, voyage, visite le monde, fait que tu aies plus de souvenirs que de regrets, ce sont les conseils que ton grand père m’a donnés quand j’avais ton âge, je te les donne aujourd’hui. Ne sois jamais dépendante de quelqu’un. Ton grand père et ta grand mère ont été de grands émancipateurs à une époque où ce n’était pas vraiment très bien vu, eux qui avant de nous émanciper, nous leurs enfants, nous ont instruits afin que nous puissions voler de nos propres ailes et nous ont donné les moyens de nos libertés.
Vivre seule, c’est être libre de ses choix, de tous ses choix, c’est prendre un sac à dos et partir où tu veux, c’est choisir tes vêtements, tes amis, de dépenser ton argent comme tu veux, et d’être celle que tu veux être. N’écoute jamais les autres, n’entre pas dans le moule. Ne fais jamais partie d’un clan.
Sois comme le marin, en escale, sans lien et sans attache et qui revient toujours à son port d’attache, nous serons toujours là ton père et moi pour ça, pour t’accueillir.
Donne toi les moyens de vivre comme tu l’entends. N’accepte jamais des chaînes par amitié ou par habitude. Ne subis rien. Sois une guerrière, ne te laisse jamais dominer, même par amour ni par un homme ni par un dieu. N’acceptes jamais l’inacceptable, ne sois jamais préposée au repos du guerrier, sois une femme libre ma fille, comme les femmes de ta famille l’ont été avant toi.
Soyez toutes deux des filles toujours debout et fières et j’aurai réussi, mon destin de mère. Soyez heureuse comme je le suis.
Le monde est à vos pieds mes filles, il vous attend.