Pause méridienne

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J’aime cette expression la pause méridienne, cette barre qui sépare la journée en deux,

comme le méridien de Greenwich qui sert de référence à la longitude mais pourquoi est ce midi, la pause méridienne et non pas minuit ?

Je divague, je sais, j’oublie mes repères d’une matinée que l’on voudrait oublier, j’aime oublier ce que je fais, ça me permet de refaire inlassablement sans jamais m’ennuyer.   J’aime cet instant de calme et de sérénité où entre deux moments de labeur, on s’arrête pour déjeuner, discuter, pique niquer ou tout simplement buller.

J’attends mon hôte, je suis arrivée avant elle, elle a choisi cet endroit parce qu’il est familial,  mon regard se pose ici est là, tout d’abord les teintes douces et chaleureuses où même le noir s’éclate dans un automne pas tout à fait ancré, je m’installe, et mon regard se repose ici et encore là, le carrelage ancien de ciment teint, une baladeuse qui devient objet d’art, des meubles doucement décapés, des objets du passé qui s’intègrent comme s’ils avaient passé leur vie d’objet à cet endroit même. Une vie d’objet, c’est inspirant une vie d’objet, j’aime imaginer que les objets se souviennent des personnes qui les ont fabriqués, utilisés, aimés, achetés, leur créateur, leur propriétaire laissant une empreinte indélébile en leur creux. Façonnés main ou usinés, ils sont l’oeuvre d’un humain qui a laissé un je ne sais quoi que je ressens. N’avez vous jamais ressenti cela dans une brocante ou un vide grenier, irrésistiblement attiré par un petit rien de quatre sous ? Cela m’arrive à chaque fois à chaque instant pour peu que l’objet soit un tantinet ancien, et c’est ainsi que je m’attendris sur une vase, imaginant qui a bien pu déposer des fleurs dedans, un vieux cadre, une aquarelle anonyme, une tasse à café qui me raconte les après déjeuner en famille. Et voyant les bouteilles anciennes,  je me vois courir à l’épicerie des Goudes pour ramener quelques bouteilles de Pschitt consignées et m’acheter deux Malabars à dix centimes,  j’ai 5 ans.

 

« Objets inanimés, avez vous donc une âme ? »

Le déjeuner était parfait, auréolé de Provence, chaque odeur qui émanait de la cuisine, me racontait elle aussi, les gestes ancestraux d’un chef qui aime ce qu’il fait. Vivement la prochaine pause.

 

2 Responses

  1. Kathie mirat

    C’est egalement dans cet univers que j’évolue dans la chîne des meubles d’un autre temps relookés des cafetières de grands mères ,les boîtes lustucru à carreaux bleus ou rouges ,la vaisselle de digoin dans laquelle nous mangeons.Ce monde fait de bric et de broc qui me fascine bien joli lieu pour une pause et des carreaux ciments qui souvent n’ont pas resistés aux pioches et ont perdu la partie face au ballatum…..merci pour cette balade

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