Le 28ème jour d’après – Le temps du lilas

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Si j’avais été princesse de Kurlande, j’aurai fait tirer des coups de canon, les lilas commencent à fleurir, pas assez encore pour faire des bouquets mais ça ne saurait tarder, les iris aussi s’en donnent à coeur joie. Et le tamaris explosent, la campagne se colore. Le confinement va durer, encore un mois ou plus même. Je viens de m’apercevoir que rien ne change à ma vie, si ce n’est quand je vais faire des courses, un fois tous les treize jours au lieu d’une fois tous les dix jours, rien ne change vraiment, si ce n’est ma lycéenne qui suit ses cours sur son ordi, dans mon atelier, dans sa chambre ou sous la treille, elle a l’habitude, nous avions fait l’école à la maison durant trois ans, quand nous étions à Abu Dhabi. La grande est en vacances jusqu’aux partiels. Chaque chose en son temps. Si je regarde les petits riens des années précédentes, les mois passent mais les photos sont les mêmes, immuables et c’est ma vie. Cette année sera une année à monnaie du pape. On a joué, comme d’habitude avec les coccinelles, les chats, les chiens et autres animaux, on a surveillé les abeilles,  on a jardiné, pour faire un joli coin pour l’été, parce que l’été viendra quand même, rien ne l’arrêtera. Le soir tombé, la cabane s’est parée d’une jolie lumière mauve dans le couchant.  Mes mains n’ont rien de celles d’une brodeuse élégante, celle de Pauline non plus, et poutant elle brode, mais ce matin, c’est moi qui ai envie de broder. Alors je file dans l’atelier, à moins que je ne me mette au soleil, je n’ai plus envie de discuter avec quiconque, je suis bien dans mon confinement. Prenez soin de vous, ne vous hâtez pas trop.

 

 

Le 27ème jour d’après – Les Simples

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Je suis descendue dans mon jardin, pour y cueillir du romarin. Je suis allée dans mon jardin pour prendre mon premier café. Après mon désherbage forcené j’ai retrouvé les plantes que j’avais planté.

Les Thyms, la sauge, les menthes, l’absinthe, le romarin, soucis, mélisse, verveines, sarriette, origan, marjolaine. Le plantain, la camomille, le millepertuis, la mauve, et la bourrache poussent seuls. La ciboulette, l’aneth attendent que je cuisine.  C’est un bonheur de le parcourir de se souvenir de tout ça. La plante curry qui est une immortelle qui sert à atténuer les hématomes.

On aura de quoi se soigner quoiqu’il arrive, la revanche des petites provinciales, c’est ainsi que nous appellent les parisiens, avec un brin de condescendance, le saviez vous ?

J’ai joué avec Dana qui fait fi du confinement, elle fait ce qu’elle veut, et j’aime ça, le portillon du jardin n’existe pas pour elle.

Je vous laisse, j’ai encore beaucoup de travail au jardin, prenez soin de vous,  restez chez vous. D’après ce que j’ai compris on va encore y rester un petit bout de temps. A chaque jour suffit sa peine.

 



Le 26ème jour d’après – Cuisiner c’est résister

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Le figuier a enfin pris son rythme saisonnier, il était temps. Ma mère cuisine, elle cuisine comme si c’était un moyen d’entrer en résistance, comme si c’était le seul moyen d’oublier pour notre plus grand bonheur. Je ne suis pas sûre que j’aurai eu le courage d’en faire autant. Elle est fantastique, hier c’était l’Aïoli, la morue attendait depuis quelques semaines dans le congélateur (depuis le mercredi des cendres pour être précis), et puis un aïoli c’est la simplicité à l’état pur, la Provence dans une cuillère,  au soleil sous la treille, il y a toujours un chat quelque part, surtout quand il y a du poisson à manger.

Ma mère résiste en cuisinant, je suis heureuse d’être avec elle, je crois que la savoir seule quelque part, loin de nous,  m’aurait minée pour tout le confinement. Résister c’est partager, résister c’est s’obliger à des rituels chaque jour.  Résister c’est être nous même. Je vous offre ces quelques photos du soleil, je pense à vous qui êtes seuls, je pense à vous tous.

Belles fêtes de Pâques aux juifs et aux chrétiens, j’aime quand les fêtes tombent en même temps, dans une unité sacrée. Prenez soin de vous.

Le 25ème jour d’après – Histoire d’eau.

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Dans tout le jardin, il y a des points d’eau, ces vieux tonneaux, auges de pierre, ou simple bac de plastique, servent d’abreuvoir aux chiens, chats et divers oiseaux, même si ce n’est pas leur destination première, chacun d’eux est habité pour éviter la prolifération de moustiques. le jet d’eau d’un entre eux est en panne, j’espère le recevoir très vite, j’ai osé faire une commande, mais c’est de première nécessité, l’oxygénation de l’eau. Les grenouilles commencent à sortir de leur hibernation, encore un peu groggy.  Les bébés poissons ont survécu à l’hiver dans le tonneau nursery, et c’est une bonne nouvelle. J’aime savoir qu’il y a de la vie de partout, partout où je me retourne. J’en ai besoin. Mon mari m’a montré comment utiliser la camera en sous marin et en vidéo, j’adore, ça ouvre des possibilités immenses. En visualisant l’intérieur, sous l’eau, j’ai découvert que le tonneau était un monde, leur monde, un monde entier, celui de mes poissons, comme la terre au milieu de l’univers, peut être que nous sommes les poissons de quelqu’un qui sait ?

Toute ma vie, j’ai eu des poissons chez moi, il y a les bassins et trois aquariums dans la maison, guppy, combattants, carpes et autre carassins vivent tranquillement leur vie de poissons. Quand mes filles étaient petites,  je cavalais comme une dingue pour les accompagner à l’école, certains funestes matins en redoublant d’effort pour camoufler un poisson mort dans l’aquarium et oui c’est arrivé de temps et temps et de demander à quitter mon travail plus tôt pour faire tous les magasins d’aquariophilie pour trouver exactement le même que le malheureux défunt, rentrer en urgence, jeter la pauvre bête au fond de la poubelle, vider l’aquarium, le désinfecter et remplacer le nouveau, qui avait maigri ou grossi selon ma trouvaille durant la journée. Si vous avez des enfants, surtout ne prenez jamais de poissons tachetés, on ne retrouve jamais exactement le même.

Tout ça pour vous dire quoi ? Oui que les poissons c’est la vie, je suis totalement persuadée que les poissons ont le secret de la vie éternelle, jamais personne n’a vu mourir un poisson de vieillesse ;-), il meurt de maladie ou mangé par un prédateur … et si le monstre du Loch Ness était un gros silure qui n’a jamais eu de prédateur, ni de maladie ?

Je sais je m’égare, mais aujourd’hui qu’est ce qui est de la science fiction, qu’est ce qu’il ne l’est pas ? Des virus mutants qui se réactive tout seul, c’était de la science fiction … hier.

C’est Pâques demain, je vous souhaite une belle journée, n’oubliez pas de créer des rituels, de petites habitudes, ça nous aide à tenir, demain il y aura une chasse à l’oeufs, parce que c’est comme ça. Prenez soin de vous.

« Ne cherche pas dans l’océan, ce que tu peux trouver dans une goutte d’eau. »

Anne-Sophie Salaün

 

Le 24ème jour d’après – Problème de territoire

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Je te prie de m’excuser, les photos ne sont pas tip top, je n’avais que mon téléphone, je n’avais pas prévu ce moment là pour les petits riens. J’ai fait l’inspection des fruitiers récemment plantés, j’aurai des feuilles de poirier et de pommier, les cerisiers me semblent bien long à démarrer et m’inquiètent. J’ai appris avec effarement que les jardineries avaient été prises d’assaut pour les plants de potager, mais bon à moins d’avoir une serre, c’est trop tôt pour planter, ça va geler. Et ouf j’ai retrouvé Léopold le nain de jardin enseveli sous les herbes folles. Il faut que je désherbe.

Hier je suis allée au ravitaillement, je crois que la France entière fait des gâteaux, ce qui n’est pas pour me déplaire, pas un paquet de farine, d’oeufs ou de levure dans mon magasin, dévalisé. Je n’ai pas eu le courage d’aller dans un autre magasin où une queue de 200 mètres en plein soleil, attendait le droit d’entrer,  c’est totalement surréaliste, effrayant même. J’en trouve dans mon épicerie à moi, mais c’est quand même hallucinant ce besoin de faire du stocks, même pour 15 jours, il n’y a pas besoin de 12 kg de farine (à moins que tu ne fasse chaque jour, du pain, des gâteaux, des sablés, des pizzas (plus de pâte à pizza non  plus), des gnocchis et des pâtes fraiches.

Il me reste des graines pour les oiseaux. Et c’est important, parce que mes tourterelles sont à nouveau dans le jardin, malgré les chats qui s’y promènent. Mais il y a un autre problème, les poules ont décidé que l’endroit où je mettais des graines, c’était chez elle. Donc problème territorial. Les tourterelles attendent sagement que ces gentes gallinacés aient terminé leur repas.

C’est Mousse ce matin qui m’a accompagnée, en sautant après tous les insectes volants qu’il voyait. J’aime le voir mon caïd des poubelles de Lourmarin, il n’a pas grandi, dans sa tête il est toujours un chaton,  il casse les pieds à tout le monde et il adore ça (chut et moi aussi).

Je continue à vivre dans un espace temps qui m’est propre, que j’ai choisi, peut être que finalement j’avais raison de me confiner à mon territoire bien avant l’heure. Je file confectionner des masques, j’ai eu des commandes. Prenez soin de vous, surtout.

Belle journée à tous.

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Le 23ème jour d’après – Je ne veux pas m’habituer.

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J’ai parcouru le jardin, comme tous les matins, toujours un chat à mes basques, les meubles en fer forgé sont ensevelis sous l’herbe, la bombe de peinture que j’avais utilisée l’année dernière n’est pas au top, il va falloir que j’aille chercher un bon vieux pot de peinture et les repeindre en noir, les banks pointent le bout de leur nez,  rose, blanc, jaune, ça va être une féérie et j’aime ça, ces rosiers sont pour moi le symbole de la Chine ancestrale.

 

J’ai eu également une belle émotion, j’ai enfin réussi à voir fleurir un arum chez moi. Ces fleurs m’ont toujours paru si irréelles, comme si elles n’appartenaient pas à notre monde mais à un siècle aujourd’hui disparu, que c’est un réel bonheur d’en voir une dans mon jardin, j’ai l’impression d’avoir planté les bulbes depuis des décennies.

 

Et puis j’ai enfin cousu des masques, je n’y arrivais pas, je ne pouvais pas en coudre, comme un refus inconscient, un blocage de ce qui se passe. Je ne veux pas m’habituer à cette période si bouleversante, je ne peux pas. Mais il fallait que j’en fasse, pour des amies, pour leur sécurité, alors j’ai pris des tissus un peu précieux, avec du beige et du doré, des tissus un peu ludiques et j’ai cousu, et d’autres en vichy pour les tout-petits.  En cousant, j’ai affronté les démons, cette peur irraisonnée de la maladie, cette terreur d’une guerre bactériologique qui m’a toujours suivie depuis toujours et qui n’a aucune raison d’être.

Et puis je suis trop fière, presque à me la péter un peu,  mon petit citronnier a fait des citrons, DEUX  citrons, un qui murit tranquillement et l’autre qui attends d’être associé au gingembre que Julie l’épicière de mon village a réussi à trouver au MIN.

Une boisson énergisante et réconfortante est en cours de « concoctage » par ma mother.

 

Je suis désolée de compter les jours, mais si je ne le fais pas, je perds mes repères

 

Belle journée à vous, prenez soin de vous.

 

PS : pour les masques j’ai pris ce tuto là 

 

 




 

Le 22ème jour d’après – Les semis

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Les petits pas de pierre ont retrouvé leur place, l’herbe a été plantée. Les semis sont sous verre et germent en silence, pour le jour où les plants feront leur petit voyage de l’autre côté du jardin.

Les chats s’amusent dans le jardin, et grattent la terre fraichement retournée, quel bonheur de s’y rouler dedans. Minahouët se prend pour une statue et pose pour l’éternité, il ne me lâche pas d’une semelle. Les cerisiers s’en donnent à coeur joie. Une araignée a tissé sa toile. On est loin, très loin de la tourmente du monde.  Cette ambiance « petite maison dans la prairie » je l’ai toujours voulue, peut être avais je raison, peut être que les valeurs changent, peut être que …. Il faut que je trouve des lampes solaires  pour le nouveau lustre de jardin pour éclairer les soirs d’été.

Prenez soin de vous, déjà 3 semaines, tenez bon, ne sortez pas, c’est la seule façon de vaincre cette merde et surtout de protéger des vies.