La maison …. Reprise d’un article de novembre 2010

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Ce matin j’avais envie de vous parler de ma maison. Il y a des maisons étranges, des maisons qui semblent douées d’une vie propre, des maisons qui sont vivantes,  la mienne enfin ce n’est pas la mienne mais j’y habite, est comme on pourrait dire « une maison de famille » mais sans le pompeux du terme et  elle est l’une des ces maisons. Ma maison n’a pas de nom, elle n’a pas de numéro dans sa rue, elle fait face à une colline sacrée et elle est là immuable depuis le 14ème siècle et en elle vit l’atmosphère de toutes les vies qui s’y sont croisées, des destins qui ont empreints ses murs de mémoire.

Je l’ai ouverte un matin de février, il y a bientôt 10 ans de celà, toute mon enfance, j’étais passée devant, admirant la végétation qui la cachait du regard des autres, inventant une vie à ses habitants. Elle avait été squattée, abimée, mal aimée pendant quelques temps, et moi je suis tombée amoureuse d’elle.  Dès que j’ai entrouvert la porte de la cour,  j’ai su, je n’ai rien vu d’autre, elle venait de m’adopter, qu’importe le chauffe-eau en panne, le chauffage approximatif, la salle de bain précaire, le carrelage à refaire, la gatouillo minuscule, dans ma maison, c’est Halloween toute l’année, les araignées filent et refilent le parfait amour entre elle, se reproduisant à une cadence infernale, les chauves souris « les pipistrelles », s’engueulent joyeusement les nuits d’été, crevant de leurs cris stridents le silence étoilé à la lueur de la lune et du réverbère. De doux fantômes se promènent les nuits d’hiver, et dans un demi sommeil je leur demande de bien vouloir ne pas réveiller mes filles quand ils regagnent le grenier et de bien vouloir retirer leur chaussures pour gravir l’echelle de meunier, ils chuchottent et croient ne  pas faire de bruit, mais je les entends, j’entends la dame couturière qui peste parce qu’elle a perdu son dé, la grand mère d’Elise qui frotte ses mains sur son tablier, et interdit aux enfants de jouer à la corde à sauter sur la terrasse de peur qu’elle ne s’effrondre, j’entends mon grand père Jean saluer monsieur P. qui bricole à son établi et je repète inlassablement les gestes du passé, sans m’en apercevoir, et mes filles jouent aux taraïettes sur les premières marches de l’escalier comme de nombreuses petites filles avant elles.  Elle est remplie de souvenirs qui deviennent les miens au fil des jours, elle est remplie de gros chagrins ephémères et de rires en cascades de petites filles, de goûters copieux, de chansons et de fous rires, et surtout de beaucoup d’amour.  Il y vit des chats somnolents, un chien trop gentil, des poissons rouges aux noms d’intellectuels, quelquefois des phasmes, des rouges gorges, des hérissons, des tétards et autres bestioles des campagnes réfugiés quelques heures, soignés, nourris et relachés. Ma maison sent bon le gateau, les confitures, la sauce tomate et l’aioli, ma maison  sent le basilic et la menthe qui poussent sur les fenêtres, et quelquefois il faut le dire, le pipi de chat, ceux qui ont élus domicile à l’ombre de la terrasse, se prélassant d’un seul oeil guettant le lezard de passage, la sauterelle imprudente. Les grillons et les crapauds s’égosillent si fort la nuit, que je suis obligée d’augmenter le son de la télévision pour écouter mon programme ou de l’éteindre pour pouvoir profiter de leur concert, les rossignols racontent le matin très tôt à qui veut bien l’entendre leurs rêves de la nuit. Les escargots domestiques, à la carapace orné de vernis à ongle afin de les reconnaitre et qui portent chacun un nom de baptème,  se perdent très souvent et les cris fusent « Mamaaannnnnnnn tu n’as pas vu Lulu mon escargot, je ne le trouve plus ! » et les scarabées verts qui entrent à chaque fois pour apporter de bonnes nouvelles. Et puis le rosier qui chaque année essaye de nous rendre la vie plus belle, parce que la première rose de l’année est signe que le beau temps et les abeilles vont arriver. Quelquefois ma maison se pare de milles lumières, et une multitudes de bougies éclairent tout en dansant, les marches de l’escalier, pour fêter Noël ou un anniversaire, où tout simplement pour le plaisir d’une soirée ensemble. Dans le silence,  je l’écoute respirer, vivre, elle est le coeur de ma famille, Elle Est et c’est tout.

Ma maison est ouverte à tout ceux qui veulent bien y dormir et prendre leur petit déjeuner sur la terrasse, ou goûter la recette des boulettes dominicales de ma grand mère, la soupe au pistou de ma mère, ou les supions à la sétoise de tata Pierrette. A l’ombre du monte en l’air, les recettes se transmettent un peu plus chaque dimanche, mais ce n’est pas moi qui décide, non non je ne décide jamais rien.

J’invite et …. c’est elle qui choisit ses hôtes, elle décide si ses visiteurs ont gardé le coeur pur de l’enfance,  mes vraies amis aiment ma maison, ils la bichonnent et elle le leur rend bien,  ils s’y sentent bien, et n’ont plus envie de partir, les autres …. la maison se charge de les faire fuir. Elle se transforme, et se rend répulsive dès qu’ils la regardent, et ils ne voient plus qu’un tas de ruine, une maison délabrée, et pas toujours trop bien entretenue. Et c’est ce qui fait la force de ma maison c’est qu’elle sait qui est bon et qui ne l’est pas.

Le jour où je la quitterais, je sais hélas que ce jour viendra, je voudrais que ce soit quelqu’un qui l’aime autant que moi qui l’habite mais je sais que mon souhait sera exhaucé c’est Elle qui le choisira.

En attendant ce jour triste, j’économise mes forces et des petits sous pour lui faire un beauté, j’ai déjà hâte le printemps, que les fenêtres s’ouvrent, que l’air pur entre, que les rideaux blancs s’envolent dans la lumière et que la première cigale sorte de terre. C’est ma maison, elle ne se trompe jamais, elle est mon refuge, mon jardin secret, elle soigne les blessures et tant pis pour ceux qui n’ont pas su l’apprécier, la porte était ouverte …

Cet article a été rédigé et publié sur le blog histoires de boites à couture en novembre 2010, aujourd’hui 27 juillet 2012 je viens de la ré-ouvrir et la magie est toujours la même.

 

Le soleil jouait dans ma cuisine

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Je n’ai pas trop de temps en ce moment pour courir les champs, les ateliers et les expositions pour vous faire de jolies photos, je n’ai pas encore mon ordinateur , je suis heureuse, ma cuisine est impeccable, plus qu’un coup de peinture du sol au plafond, ma nouvelle cuisinière à confitures pourra enfin trouver sa place. Ce matin, le soleil jouait dans ma cuisine, et j’ai aimé, je n’avais d’appareil photo alors j’ai pris mon téléphone portable et …. j’aime ce que je vois et c’est tout.

 

Un joli nappe, modèle 2010-2011 de chez Aldi :-). et ma tasse de café … pourquoi est ce que j’aime cette image ? Parce que je sais que tout derrière il y a un pain au chocolat tout chaud qui sort du four de l’épicière, et qui sent bon,  parce que j’ai été une de ses premières clientes ce matin  à 7h30, parce que j’ai croisé Max et son chien devant le lavoir, et que j’ai acheté du café car je n’en avais plus, c’était un peu comme si j’étais encore un peu à Abu Dhabi, et pas tout à fait ici, car le matin très tôt, c’est à ce moment là que le monde entier m’appartient. Encore un peu plus derrière, il y a dans le noir,  le vieux poële à bois, et que vous aurez beau l’éclaircir tant que vous voulez, vous ne les verrez pas, parce que le soleil fait son travail d’été, et annule tout ce qui peut ressembler à l’hiver.

Je vous souhaite une belle journée d’été. A demain peut être.

Elle aurait eu 100 ans.

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Allo c’est moi, demain je viens déjeuner, oui, je passe d’abord à Grambois, où est ce que je peux trouver des fleurs ? ….. D’accord, tu me fais des boulettes ….. bien sûr ….  On va féter les 100 ans de la naissance de Maman, vous êtes d’accord.

Bien sûr que je suis d’accord, j’y pense depuis deux jours, sans vraiment réaliser la date, 100 ans déjà, mais c’est hier que tu es partie … hier qu’un idiot m’a dit « encore en vacances ZaZa », ben oui c’était hier, quoi 18 ans, non c’était hier je vous dis.

Une réunion de famille, sans tes boulettes et des pâtes, ça aurait été un crime de lèse majesté … tu aurais eu 100 aujourd’hui, on ne fête pas les anniversaires de gens qui ne sont plus, comment appelle t’on cela alors ? Une commémoration … un gros mot qui t’aurais fait rire, alors où que tu sois je t’embrasse très fort Mamy.

 

Rhooo l’arlésienne ….

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Celle ci je l’ai eu pour mes 10 ans …

Un toute récente, une reproduction de Léo Lelée.

un miniscule offert par le santonnier Baudouin Gassies , l’autre un sujet de galette de rois ;-)

Ma lampe de chevet de quand j’étais petite ….

Celle de Daniel Galli, meilleur ouvrier de France ….

Une recénte je crois que c’est Jouve mais je ne suis pas sûre …

Une très très ancienne …

Celle de mon grand père en plâtre … il y tenait beaucoup, je pense que c’est à cause d’elle la collec enfin la mini collection.

Un couple ancien en platre également …

Et puis ce n’est pas parce qu’on aime les arlésiennes qu’on n’aime pas le bretons ;-)

sont très vieux et très fatigués mais je les aime.

L’homme qui aimait les rousses

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En rangeant ma maison, je suis tombée sur « mon tableau » mon tableau qui me suit presque partout depuis des années. Je ne suis pas collectionneuse, mais certains tableaux très peu cher payés ont agrémentés mon appartement , certains achètent des posters, moi j’achetais des tableaux qui bien souvent valaient le prix d’un poster. La rousse m’avait rencontrée sur le marché aux puces de la porte de Vanves, pendant des années, elle m’a surveillée dans mon salon au dessus de ma table de couture, j’ai même eu la prétention de lui ressembler un laps de temps … et puis maintenant c’est elle qui est encore jeune même si le tableau date d’après le bois et la toile de la fin du 19ème siècle.

Voulez vous la rencontrer ?

 J’aime son regard….. et la douce mélancolie qui en dégage auréolée de ses cheveux roux sombres. Désolée je n’avais que mon téléphone pour les photos, j’essayerai de meilleures photos demain.

 Aujourd’hui dans ma frénésie ménagère, j’ai vu écris derrière le mot Henner, gravé sur le bois de la toile … alors j’ai fait des recherches

Et j’ai trouvé des originaux et j’étais toute heureuse de savoir que c’est (j’en suis sûre) une copie d’un peintre très célèbre Jean Jacques Henner, que je vous laisse découvrir ICI

 

Vous savez quoi ? Je préfère la mienne ;-)))) Bonne soirée à vous.

Dédicace

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Ca fait du bien de te toucher, de te parler, de t’embrasser. Ton livre est bon c’est un sacré bon livre. Merci de l’avoir écrit. Samedi, il y eu ton portrait dans Liberation, une page entière, la dernière page, un article d’Olivier Bertrand, à lire sans modération ton livre et l’article.

 pour lire l’article clic sur Libé.

D’où viens tu, fille du vent, enfant du voyage ?

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Un journée hors du temps, avec Cécile

Eclectic Gipsyland

Une journée à l’ombre des roulottes qui ont vécues, qui ne se sont pas éteintes à la mort de leur propriétaire, et je crois qu’ils étaient encore là à la lueur du crépuscule … discrets mais si présents.

Je les ai entendus fabriquer les paniers, de l’osier glané au fil des routes …

Je les ai vus se réchauffer à la lueur malingre du poêle

J’ai entendu Juan taper inlassablement de son vieux marteau, sur le cul des casseroles pour les étamer ….

Je l’ai entendu réparer le vieux chaudron de cuivre qui sert aux confitures …

Soulever son chapeau pour s’essuyer le front de son grand mouchoir ….

J’ai vu les enfants courir pieds nus, avec les chiens, avec les poules …. ramasser le petit bois pour le feu du soir, j’ai entendu les chevaux hennir, un tzigane sans cheval n’est plus un tzigane.

J’ai vu les merles moqueurs  annoncer de leurs trilles perçantes l’heure du départ du convoi.

J’ai vu Manu  repeindre la roulotte de couleurs approximatives,  de fonds de pots de peinture offerts au hasard des chemins …

Je l’ai vu réparer l’essieu cassé, et entendu pester …

J’ai eu froid j’ai eu chaud, j’ai eu mal, j’ai eu peur,je suis allée chercher de l’eau pied nus dans la campagne …ployant sous le fardeau, sous un soleil de plomb, sans l’ombre d’un arbre pour me protéger.

J’ai vu en passant Louis se raser à sa fenêtre ne laissant que ses grandes moustaches soigneusement peignées ..

 J’ai cherché un fauteuil confortable oublié …. pour reposer mes muscles endoloris. J’ai vu Maria, la grand mère s’asseoir enfin aux marches de sa roulotte et sortir sa vieille pipe culottée pour fumer et raconter aux enfants qui s’approchaient les légendes qui ne seront jamais écrites.

J’ai vu les enfants courir les champs, fiers de leur école du vent… rire aux éclats, se chamailler, travailler déjà, aider les grands

J’ai vu les femmes crocheter … crocheter l’arc en ciel sous le regard de Cécile, donnant conseil et guidant le fil

Et le soir venu, j’ai vu les hommes prendre leur violon … égrenant une mélopée triste, qui brise les âmes, les rendant mélancoliques à jamais, inexorablement à la recherche de cet éternel paradis perdu.

Et j’ai vu mes mains ne supportant plus l’inactivité, attraper un crochet et un morceau de fil, je les ai vu, répêter le geste ancestral transmis par mes grands mères,  celui de faire à ses enfants un couverture pour qu’ils n’aient pas froid ….

J’ai rêvé d’une gardianne de taureau, d’une brouillade, d’un civet de lièvre, d’un pot au feu, ou d’anguilles au vinaigre  (surtout pas de niglo)…. je n’ai eu qu’une kefta pas assez cuite, pas très exotique ni très méditerranéenne  pour quelqu’un qui vient de passer quelques années au Moyen Orient, mais bon on ne peut pas tout avoir ;-) De belles roulottes dans leur jus, rencontrer ses amis, passez une merveilleuse après midi dans une ambiance fabuleuse quasiment magique, il parait qu’on ne peut pas tout faire, collectionner des roulottes, les rentabiliser et être un excellent cuisinier.

 J’ai aimé cette journée, hors du monde, où j’ai rencontré les ombres du passé, celles d’ancêtres improbables qui m’ont accompagnés dans la rudesse  et la pauvreté d’une vie nomade, moi la fille du vent la gadji un peu bohémienne qui ne sait jamais où sa route l’aménera, eux les enfants du voyage.

“Qui voyage beaucoup, apprend beaucoup.” (Proverbe Rom).

Merci Cécile pour ce jour exceptionnel qui restera gravé dans ma mémoire et dans celle de mes filles. Merci d’avoir pu t’embrasser et embrasser Laurence comme si les distances n’avaient aucune importance.

Merci.

« L’or des gitans ne brille ni ne tinte. Il luit dans le soleil et hennit dans l’obscurité. »
Dicton des gitans claddagh de Galwa

Photos prises au musée  Un Siècle de Roulotte
Groupe Alerto Jazz, fabuleux à découvrir sans tarder, de merveilleux musiciens