Vie antérieure

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Toujours dans mes archives, mes aménagements, mes rangements, je suis tombée sur des aquarelles, celles du MP (r) Lunardo, les croquis d’une période de réserve à Nouméa en 1994. Et là c’est tout le Caillou qui est revenu à ma mémoire … Le MP (r) Lunardo me les avait offertes, elles étaient restées des années dans mon bureau … et je les aime et c’est tout.

J’entends le rire des réservistes, le troupeau d’hommes qui vont mettre leur uniforme, et assurer la sécurité d’un lieu, j’entends l’accent des tahitiens et des calédoniens … je les vois et pourtant leur visage s’efface au fil des années … de ma mémoire … pour ne devenir que silhouettes.

Une des planches n’est pas terminée … mais qu’importe …

Je me souviens avoir été l’intrus dans une autre vie encore …

Je me souviens avoir démonté et remonté des armes … des gestes tant de fois répétés dans le vide, qu’ils sont encore aujourd’hui automatiques même si je ne suis pas et ne serais jamais un modèle du genre. Pas vraiment Lara Croft …

Je me souviens des plateaux d’inox … le bruit, les plaisanteries parfois (souvent) enfin un milieu d’hommes … je me souviens des repas .. et pas toujours des meilleurs.

J’entends le Vendémiaire appareiller juste derrière ma fenêtre, j’entends les cris des boscos…. j’entends mon mari s’en aller voguer vers la Papouasie sur la Moqueuse … C’était il y a tout juste 11 ans ….

Allez un petit café, il ne manque que les gâteaux chocolat caramel australiens, juste pour oublier que c’est ma fille ainée qui met aujourd’hui mon short kaki ;-)

Je vous souhaite une belle journée, Maître principal si vous passez par là, je vous embrasse…. et embrassez les anciens pour moi.

Trésors infimes

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Ca fait plus d’une heure que je cherche une photo ultra vintage de ma mère bébé parce que c’est aujourd’hui son anniversaire, et je ne l’ai point trouvé … mais dans mes recherches spéléologiques, j’ai trouvé une boite à trésors, les trésors de mon marin de mari. Enfin une des boites, je suis tombée sur la boite du Pacifique. Le sable qu’il a ramassé en souvenir. Certains sables je les ai foulé avec lui, d’autres je les ai imaginé, comme l’Australie ou la Papouasie, parce que j’ai imaginé de par ses lettres et ses photos, les merveilles de pays qui font rêver.

J’ai même croisé Mac Arthur sur Manus Island … ;-)

Et j’ai touché le Paradis dans l’Ile la plus proche du ciel … j’ai marché et regardé la pleine lune, sur Wallis, et j’ai marché pieds nus à Futuna.

De Lifou à l’Ile de Pins, de Manus Island à Guadalcanal de Townsville à Honiara; j’ai visité la Papouasie, les Iles Salomon, l’Australie, le Pacifique rien qu’en ouvrant la vieille boite à chaussures … j’ai voyagé pas mal en vrai, beaucoup par procuration et …. je crois que j’y ai même croisé le major Papy Boyington de mon enfance … mais chut ne le dîtes à personne.

 

Bon ben c’est pas tout, va falloir y aller … bonne journée à tous.

Et Bon anniversaire Môman.

Il y a la boite du Moyen Orient, celle d’Afrique, celle d’Amérique Centrale et du Sud …  le cercle Polaire, mais c’est une autre histoire car il y a du sable un peu partout dans la maison.

Bon on repart quand ?

 

Dentelle d’automne

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La lumière se fait plus ocre de jour en jour, l’automne approche à grand pas … le carreau de dentellière poussiéreux, antiquité qui restera telle quelle … c’est un petit clin d’oeil à Pascale qui elle va utiliser le sien, je l’admire … je m’énerve rien qu’à voir les fils emmêlés.

de vrais épingles de verre, je dois en avoir quelqu’unes en verre filé, en forme d’oiseau, faut que je les retrouve, ohhh pas des masses, peut être deux ou trois.

Et puis … l’automne qui approche à grand pas, et j’aime pô ça, moi qui n’ai pas connu d’hiver pendant trois ans, il va falloir faire entrer du bois pour se chauffer … rien que d’y penser j’ai froid …

Une bonne nouvelle, bientôt la gelée de mûres.

Bonne journée à vous.

 

La maison …. Reprise d’un article de novembre 2010

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Ce matin j’avais envie de vous parler de ma maison. Il y a des maisons étranges, des maisons qui semblent douées d’une vie propre, des maisons qui sont vivantes,  la mienne enfin ce n’est pas la mienne mais j’y habite, est comme on pourrait dire « une maison de famille » mais sans le pompeux du terme et  elle est l’une des ces maisons. Ma maison n’a pas de nom, elle n’a pas de numéro dans sa rue, elle fait face à une colline sacrée et elle est là immuable depuis le 14ème siècle et en elle vit l’atmosphère de toutes les vies qui s’y sont croisées, des destins qui ont empreints ses murs de mémoire.

Je l’ai ouverte un matin de février, il y a bientôt 10 ans de celà, toute mon enfance, j’étais passée devant, admirant la végétation qui la cachait du regard des autres, inventant une vie à ses habitants. Elle avait été squattée, abimée, mal aimée pendant quelques temps, et moi je suis tombée amoureuse d’elle.  Dès que j’ai entrouvert la porte de la cour,  j’ai su, je n’ai rien vu d’autre, elle venait de m’adopter, qu’importe le chauffe-eau en panne, le chauffage approximatif, la salle de bain précaire, le carrelage à refaire, la gatouillo minuscule, dans ma maison, c’est Halloween toute l’année, les araignées filent et refilent le parfait amour entre elle, se reproduisant à une cadence infernale, les chauves souris « les pipistrelles », s’engueulent joyeusement les nuits d’été, crevant de leurs cris stridents le silence étoilé à la lueur de la lune et du réverbère. De doux fantômes se promènent les nuits d’hiver, et dans un demi sommeil je leur demande de bien vouloir ne pas réveiller mes filles quand ils regagnent le grenier et de bien vouloir retirer leur chaussures pour gravir l’echelle de meunier, ils chuchottent et croient ne  pas faire de bruit, mais je les entends, j’entends la dame couturière qui peste parce qu’elle a perdu son dé, la grand mère d’Elise qui frotte ses mains sur son tablier, et interdit aux enfants de jouer à la corde à sauter sur la terrasse de peur qu’elle ne s’effrondre, j’entends mon grand père Jean saluer monsieur P. qui bricole à son établi et je repète inlassablement les gestes du passé, sans m’en apercevoir, et mes filles jouent aux taraïettes sur les premières marches de l’escalier comme de nombreuses petites filles avant elles.  Elle est remplie de souvenirs qui deviennent les miens au fil des jours, elle est remplie de gros chagrins ephémères et de rires en cascades de petites filles, de goûters copieux, de chansons et de fous rires, et surtout de beaucoup d’amour.  Il y vit des chats somnolents, un chien trop gentil, des poissons rouges aux noms d’intellectuels, quelquefois des phasmes, des rouges gorges, des hérissons, des tétards et autres bestioles des campagnes réfugiés quelques heures, soignés, nourris et relachés. Ma maison sent bon le gateau, les confitures, la sauce tomate et l’aioli, ma maison  sent le basilic et la menthe qui poussent sur les fenêtres, et quelquefois il faut le dire, le pipi de chat, ceux qui ont élus domicile à l’ombre de la terrasse, se prélassant d’un seul oeil guettant le lezard de passage, la sauterelle imprudente. Les grillons et les crapauds s’égosillent si fort la nuit, que je suis obligée d’augmenter le son de la télévision pour écouter mon programme ou de l’éteindre pour pouvoir profiter de leur concert, les rossignols racontent le matin très tôt à qui veut bien l’entendre leurs rêves de la nuit. Les escargots domestiques, à la carapace orné de vernis à ongle afin de les reconnaitre et qui portent chacun un nom de baptème,  se perdent très souvent et les cris fusent « Mamaaannnnnnnn tu n’as pas vu Lulu mon escargot, je ne le trouve plus ! » et les scarabées verts qui entrent à chaque fois pour apporter de bonnes nouvelles. Et puis le rosier qui chaque année essaye de nous rendre la vie plus belle, parce que la première rose de l’année est signe que le beau temps et les abeilles vont arriver. Quelquefois ma maison se pare de milles lumières, et une multitudes de bougies éclairent tout en dansant, les marches de l’escalier, pour fêter Noël ou un anniversaire, où tout simplement pour le plaisir d’une soirée ensemble. Dans le silence,  je l’écoute respirer, vivre, elle est le coeur de ma famille, Elle Est et c’est tout.

Ma maison est ouverte à tout ceux qui veulent bien y dormir et prendre leur petit déjeuner sur la terrasse, ou goûter la recette des boulettes dominicales de ma grand mère, la soupe au pistou de ma mère, ou les supions à la sétoise de tata Pierrette. A l’ombre du monte en l’air, les recettes se transmettent un peu plus chaque dimanche, mais ce n’est pas moi qui décide, non non je ne décide jamais rien.

J’invite et …. c’est elle qui choisit ses hôtes, elle décide si ses visiteurs ont gardé le coeur pur de l’enfance,  mes vraies amis aiment ma maison, ils la bichonnent et elle le leur rend bien,  ils s’y sentent bien, et n’ont plus envie de partir, les autres …. la maison se charge de les faire fuir. Elle se transforme, et se rend répulsive dès qu’ils la regardent, et ils ne voient plus qu’un tas de ruine, une maison délabrée, et pas toujours trop bien entretenue. Et c’est ce qui fait la force de ma maison c’est qu’elle sait qui est bon et qui ne l’est pas.

Le jour où je la quitterais, je sais hélas que ce jour viendra, je voudrais que ce soit quelqu’un qui l’aime autant que moi qui l’habite mais je sais que mon souhait sera exhaucé c’est Elle qui le choisira.

En attendant ce jour triste, j’économise mes forces et des petits sous pour lui faire un beauté, j’ai déjà hâte le printemps, que les fenêtres s’ouvrent, que l’air pur entre, que les rideaux blancs s’envolent dans la lumière et que la première cigale sorte de terre. C’est ma maison, elle ne se trompe jamais, elle est mon refuge, mon jardin secret, elle soigne les blessures et tant pis pour ceux qui n’ont pas su l’apprécier, la porte était ouverte …

Cet article a été rédigé et publié sur le blog histoires de boites à couture en novembre 2010, aujourd’hui 27 juillet 2012 je viens de la ré-ouvrir et la magie est toujours la même.

 

Elle aurait eu 100 ans.

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Allo c’est moi, demain je viens déjeuner, oui, je passe d’abord à Grambois, où est ce que je peux trouver des fleurs ? ….. D’accord, tu me fais des boulettes ….. bien sûr ….  On va féter les 100 ans de la naissance de Maman, vous êtes d’accord.

Bien sûr que je suis d’accord, j’y pense depuis deux jours, sans vraiment réaliser la date, 100 ans déjà, mais c’est hier que tu es partie … hier qu’un idiot m’a dit « encore en vacances ZaZa », ben oui c’était hier, quoi 18 ans, non c’était hier je vous dis.

Une réunion de famille, sans tes boulettes et des pâtes, ça aurait été un crime de lèse majesté … tu aurais eu 100 aujourd’hui, on ne fête pas les anniversaires de gens qui ne sont plus, comment appelle t’on cela alors ? Une commémoration … un gros mot qui t’aurais fait rire, alors où que tu sois je t’embrasse très fort Mamy.

 

Tout devient flou …

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Elles sont simples, elles ne sont rien, elles sont même banales ces images, elles ne sont même pas belles, mais je n’ai pas envie de les oublier …

Elles sont déjà floues comme elles le seront dans ma mémoire dans quelques temps …

Des vélos avec 45°C dehors …

Des routes immenses éclairées et dont le seul virage arrivent après avoir roulé une cinquantaine de kilomètres.un soleil sourd qui s’endort dans la brume de chaleur du soir …Tout s’efface doucement et mon coeur est lourd … si lourd.