Voir au delà, regarder au delà des apparences, chercher la beauté où elle n’est plus. Chercher la lumière qui enveloppera la fleur fanée.
Trouver l’instant qui lui rendra sa splendeur.
Devoir de mémoire, c’était difficile ce matin, ce 11 novembre que nous commémorons depuis plus de 100 ans, a pris des allures différentes. Cette année, sera inauguré à Paris, un monument à la mémoire des militaires français tombés en Opex depuis 1963. Cinq noms ont été cités, les cinq noms des soldats morts en 2019, les noms de ceux morts pour la France qui sont enterrés dans le Vaucluse, et les noms ceux du 2ème REG de Saint Christol tombés au combat.
Je suis dans cette salle du conseil, comme chaque année, et je regarde l’assemblée, ça n’intéresse donc plus personne, seuls les anciens sont présents et la directrice de l’école qui fera lire des poèmes aux enfants. Lorsque nous serons morts, il y a aura t’il une relève à ce devoir de mémoire ?
Ils sembleraient que les nouveaux habitants ne soient pas concernés, ils doivent se croire à la grande ville, nous sommes environ 800 habitants, 500 votants et nous n’étions même pas une trentaine.
C’est bien triste tout ça, les gens qui confondent un jour férié et une journée du souvenir.
Demain sera un autre jour.
Tout doucement, je prends possession de l’atelier, j’ai retrouvé de vieilles broderies, c’était ma période coton perlé et ce sont toujours mes couleurs, je cherche le printemps, une grande nouvelle, j’ai trois nouveaux squatteurs dans l’atelier, trois poissons, me voilà donc avec un aquarium en plus, offert par Mamzelle Sylvie pour que les poissons bullent à ma place et que je travaille. Mais c’est dimanche, je suis en phase d’hibernation. Je regarde autour de moi, je suis fière de mon chiffonnier qui a fière allure avec ses nouvelles poignées. Les boules de coton perlés, telles des bonbons ont pris leur place dans des bocaux de confiseurs, les ciseaux se dressent dans leur pique fleurs. Les objets en opaline blanche, entassés depuis tant d’années, ressortent au moment où c’est la tendance, milk glass pour être au goût du jour. Et j’ai retrouvé les feuilles séchés de Ginko, cet arbre immortel me fait rêver, peut être une future broderie qui sait;
Je vous souhaite un beau dimanche, un dimanche dans un cocon, faute de soleil.
J’allais jeter mon petit bois au feu, quand je l’ai regardé de plus près, de très près. Des champignons qui ressemblent à des broderies. Alors je l’ai étudié de plus près, et chaque lamelle ressemblait à des petits points. Et puis j’ai vu le minuscule escargot, qui se réveillait. Il est si petit que je t’ai posé mon aiguille à côté de lui, une aiguille enfilée de deux brins de soie, pour que toi lecteur, tu te fasses une idée. Il était tout ahuri, je l’ai reposé dans le jardin, et le bois aussi. les bébés champignons ressemblaient à des points de noeuds, les plus grands à des points d’araignée surjetés, ou des points de boutonnière brodés en cercle. C’était si fin et si joli.
Je m’en suis allée photographier les autres champignons qui parsèment les coins du jardin.
Je suis fascinée par cette vie étrange, les spores qui éclatent, pour se reproduire, ces organismes si différents qui se jouent du climat ou de la météo, et qui attendent simplement le moment propice pour éclore. L’élégance gracile, l’ombrelle qui devient au gré de mon imagination, parapluie de fée, maison de lutins, ou cachette d’improbables. Sais tu lecteur qu’un champignon c’est comme un humain, ça peut mourir ? Et puis non c’est décidé, un champignon c’est immortel, ça disparait juste pour mieux renaitre, peut être comme un humain qui sait ?
Ce matin, il a gelé, la première gelée de la saison, il fait froid, et le jardin commence à s’endormir pour cet hiver qui arrive à grand pas, l’hiver m’attriste et pourtant il est si nécessaire.
Maintenant à chaque fois que j’allume un feu dans le poêle, je regarde s’il y a des champignons ou des escargots, je ne voudrais pas arrêter le cycle.
Je ne vous ferais pas l’affront de vous donner la recette du gâteau au yaourt ;-) mais remplacer le sucre par de la cassonnade du miel et rajouter des tonnes d’épices c’est très bon . Reprise toute douce, elles ont décidé de broder mes modèles, alors je vais créer pour elles, c’est un honneur, malgré le froid, la pluie, la neige, c’était un magnifique moment de partage et de douceur. J’aime ce moment hors du temps, difficile de quitter les fauteuils près du poêle pour se mettre à broder, nous étions si bien à papoter, à rêver, à partager nos photos sur nos téléphones, déjà 6 mois sans club, sous le regard des petits marins, souvenirs d’une autre vie.
Ce jeudi tout tranquille est le prélude à d’autres jeudis tout aussi doux, j’ai hâte la semaine prochaine.
Il pleut sur le Luberon, ça sent vraiment l’automne, les chrysanthèmes sont sublimes, les feuilles s’envolent, enfin tous les clichés de l’automne qui s’offrent à nous, et moi j’ai horreur de cette saison, où il fait froid, la nuit tombe vite et trop tôt, plus qu’une quarantaine de jours avant que les jours ne s’agrandissent d’un saut de puce (et oui à la Sainte Luce).
J’ai chauffé l’atelier, au bois, il n’y a toujours pas l’électricité, déjà deux ans de travaux, ce n’est pas facile quand on fait quasiment tout, tout seul, pour recevoir les dames du jeudi, parce que le jeudi c’est broderie et tu le sais, toi qui me lis depuis des années, ça fait 13 ans que c’est le jeudi que nous brodons, nous allons inaugurer, l’atelier de Belle Etoile. Le jardin s’apparente à la désolation, les vestiges de la nuit du 31 octobre essayent de sourire malgré tout, mais bon, ce n’est pas vraiment ça.
Le chat s’est installé avec moi, j’ai recommencé à broder, oui tu m’entends bien là, j’ai recommencé à broder, et pas avec n’importe quoi, avec les soies Au Ver à soie…. finalement c’est comme le vélo ça ne s’oublie pas.
Et pour me remonter le moral qu’un temps triste et gris a tendance à faire descendre, ce matin, j’ai eu de la visite, pour me dire qu’elles avaient fait deux beaux oeufs, et ce n’est pas top ça ? Gersende et Adélaïde sont des poules très polies, chaque matin, elles viennent me présenter leurs civilités, et quémandez un peu de riz cuit surtout. Elles sont mon sourire du jour, gloussantes, râleuses, curieuses et très fières … elles sont un peu moi quand même ;-)
Enfin, le retour, le retour à la normale pour les Petits Riens et pour moi, l’été s’en est allé avec sa cohorte de touristes, laissant les rues vides et les parking esseulés, sa chaleur accablante a laissé place à la fraicheur douce des matins, on peut se garer, et nous nous retrouvons entre nous sur le marché de la Tour d’Aigues, on flâne, on discute, on s’arrête, on prépare mentalement les menus. Le Luberon ce matin, se donnait des petits airs de Fujiyama coiffé de beaux nuages blancs, la brume dissipée par un léger Mistral, c’est le soleil et le ciel bleu qui ont pris la relève. Je suis heureuse de vous retrouver et m’adonner à cet exercice fascinant que sont les petits riens, voir le beau dans l’infime, voir la couleur dans la non couleur, voir le monde comme s’il était beau, déceler les moindres parcelles de sublime dans le rien. Collectionner les teintes, les matières, les minuscules trésors de la vie, juste en les touchant, en les regardant.
Distraitement j’écoute la radio dans ma voiture, que d’horreurs dans ce monde tourmenté. Mais il y a des gens, il y a un peuple au sein des peuples qui voit le beau dans l’humain, qui créé inlassablement le merveilleux, ils vivent en parallèle des autres, ils vivent en résistance à l’épouvantable quotidien, ces gens là c’est toi lecteur qui brode, qui coud, c’est toi lecteur qui prend en photo la fleur qui s’épanouit dans la fissure d’un trottoir, c’est toi lecteur qui s’arrête pour regarder les nuages, c’est toi lecteur qui dans ton bus le matin surveille le lever du soleil.
Alors je suis heureuse de te retrouver dans ce monde parallèle, dans cette autre dimension qui n’appartient qu’à toi, qu’à moi. Je te souhaite à nouveau la bienvenue dans l’univers des petits riens.
Au fait lecteur, je ne sais pas si tu sais, mais mon atelier est enfin opérationnel.
A demain, lecteur, tu m’as manqué.
Je n’ai plus d’ordinateur, et plus d’appareil photo … ce n’est pas pratique pour les petits riens, et puis j’avoue, c’étaient les vacances, j’avais beaucoup de travail, pour mettre en place mon atelier et mes petits bricolages, l’un de mes bricolages d’été fût de transformer mon jardin en petit coin poétique, surtout quand vient la nuit. Mes vieilles cages sont devenues au crépuscule de douces lanternes, vous voulez voir ? C’était si bon de s’installer et de papoter le soir, quand les tous petits n’ont pas trop envie de se coucher, et de passer la porte des étoiles ;-)
j’ai peint les cages de couleurs pastels, rose, bleu, gris, parme, vert …