Où vont mourir les vieux bateaux ?
Où vont mourir les dows ?
Face au ciel ….
Délaissés par les humains ….
Embrassés par la rouille
Erodés par le sel et le sable …
leur voiles ne claqueront plus au vent … Ils s’écaillent et se disloquent …,
sous la mortelle étreinte du temps …
leur squelette corrompu, souillé et décharné …
Ils gardent la fierté des héros oubliés
Leurs mâts dressés en croix sur une prière dépassée
un numéro de coque, les débaptisant à jamais.
je n’aime pas les cimetières de bateaux ….. je n’aime pas voir des géants à terre.
je déteste les voir se coucher ….
comme des monstres sacrés
jusqu’à qu’ils ne deviennent plus que poussière ….
Vision épouvantable à mon coeur de marin, tristesse immense, coeur serré, je les imagine, voiles au vent , les fantômes enguenillés de blanc des pêcheurs de perles…prêts à appareiller pour leur ultime campagne.
et une porte se referme sur l’éternité.
Daniel m’a écrit
Nous nous somme rencontrés dans un rade mal famé des bords de la mer Rouge, tu mâchais du qat pendant que je nettoyais la kazakh que venait de m’apporter Monfreid. Nous devions embarquer à bord de l’Altair, son boutre à la fortune carrée, chargé des tapis Afchar de contrebande à refiler à quelque potentat d’Érythrée en échange des perles de nuage, comme ceux dont nous faisons nos rêves…
C’était peut être vrai dans une autre vie, un autre lieu, un autre songe, qui sait ? Et c’est vrai aussi. Mais lui, comment savait il que deux heures avant qu’il ne m’écrive, je prenais en photo des boutres d’un temps passé , celles des pêcheurs de perles … dans le Golfe Persique, à quelques lieues de la Mer Rouge.
Et depuis …. les notes lancinantes du vieux bateau de Claude Luter me martèlent la tête….
Bonne journée à vous.
Daniel a rejoint les dows, il tisse aujourd’hui les nuages, je garde ses quelques mots à jamais dans mes rêves. (avril 2013)
Marie-noelle
Daniel a vraiment décrit une belle rencontre, beaucoup de poésie sur ses mots et tes images.
La Bastidane
En lisant à travers les mots, il y a tant de vérité, belle journée à toi.
Chantal la Broudairis
Superbement touchant ce petit rien …
La Bastidane
J’avais vraiment le coeur serré en prenant les photos.
Jenny Joris-Bovy
Très émouvant…triste et beau à la fois !
La Bastidane
Merci Jenny, un moment d’éternité … leur carcasse desséchée au soleil …
Malène
Ces bateaux ont servi les hommes et on les abandonne…
Celà me fait penser que je ne supporte pas de voir la mer qui se referme sur un bateau qui coule !!!
La Bastidane
les hommes ne les ont pas abandonné non, ils sont au cimetière des bateaux, quelquefois ils peuvent servir pour aider un autre à surmonter les flots, lorsque le bois est vraiment pourri, on ne peut plus rien faire. Tabarly a lui même vécu cela avec Pen Duick, le seul moyen de la sauver a été de le refaire à l’identique, avec une coque en fibre de verre.
jc
Un marin a toujours mal de voir un bateau couché,sans espoir de départ.Peut être parce qu il pense au jour ou lui aussi ne pourra plus reprendre le large.
La Bastidane
Et pourtant, ça nous arrivera tous un jour où l’autre, de ne plus plus pouvoir naviguer. Je suis heureuse de te lire.