Dimanche prochain, ils seront là, il sera quasiment impossible de se garer, ni de marcher dans l’allée centrale, et comme eux, ils seront en vacances, nous leur céderons les droits sur leur espace estival. Alors nous les autochtones, les endémiques nous nous ferons furtifs et discrets, leur laissant la place sans discuter. De ce mal nécessaire à l’économie de la région, nous en accepterons les contraintes, pour que les marchands puissent en retirer quelques subsides, pour que les villages vivent, nous leur laisseront la place, mais ….
Dimanche dernier, en précurseuse, l’une des premières touristes s’émerveillait du chant des cigales et de l’odeur des simples, moi j’ai aperçu bien plus que celà. Dans un mirage étrange, j’ai vu, mon père, les gens que j’ai aimé, j’ai entendu sa canne crisser sur les graviers, sa voix forte percer les temps, je l’ai vu discuter avec ceux qui sont partis, je les ai vus ensemble refaire le monde, je les ai entendu se moquer du gouvernement, des dernières infos, du temps qu’il fera, et surtout se plaindre des doryphores. Et je m’assois doucement sur le banc du sénat, le banc des anciens, en leur demandant silencieusement la permission de m’y installer, de me joindre à eux, préférant ce fameux banc réservé aux anciens, aux ancêtres plutôt que celui de la messe et mon cerveau recréé les contours de leur silhouette, les détails de leur visage, les générations s’entrechoquent en un ballet vaporeux tandis que Monsieur Rey est à l’affût de leurs dernières histoires pour écrire son prochain livre, les papets se retrouvent tous en un attroupement étrange, c’était hier, c’était il y a si longtemps, c’était il y a presque trente ans, personne ne les remplacera, parce que leur ombre bienveillante plane sur nous tous en d’étranges apparitions au soleil méridien, juste un songe réveillé qui éclate dans le bleu du ciel.