Pain d’épices

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Ouvrir la boite d’épices, les épices d’une vie antérieure, respirer fort, et se dire que c’est tout une vie qui revient à vous  la mémoire olfactive, il n’y a rien de plus terrible, pour vous étreindre le coeur … pain d’épices fait très vite, farine de seigle, miel, bicarbonate, épices et zeste d’orange, et se souvenir encore et encore …

Belle journée à vous

 

« Les odeurs, comme les sons musicaux, sont de rares sublimateurs de l’essence de la mémoire. » 

George du Maurier

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Les seigneurs de montagnes

Classé dans : 365 petits riens | 6

DSC_0718 DSC_0714 DSC_0713Ils ont bâti leur demeure, il y a des siècles de cela, il n’en reste que des ruines, la Bastide du Bois, un jour, un suisse a voulu la reconstruire, on lui a interdit, il ne reste que des bouts de chantier qui s’effritent au fil des décennies et lorsque je monte au coeur de  la Bastide, j’y suis libre, j’y suis chez moi.

J’y croise les chasseurs, qui eux sont devenus les seigneurs de montagne, c’est leur domaine, leurs terres, leur montagne, c’est leur Luberon, la montagne secrète, le géant endormi.

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DSC_0637Marjolaine, thym, romarin, fenouil, camomille, cynnorhodons et d’autres encore,  autant d’herbes magiques à cueillir  pour autant de mixtures, confitures, décoction et tisanes juste pour le plaisir, de jouer les apprentis sorcières, on a même rencontré les seigneurs des montagnes, mais chut c’est un secret.

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X, le 11 octobre 1914

Classé dans : 365 petits riens | 14

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« Ma chère Augusta, mes chers parents

Me voici, déjà depuis plus de deux mois que je me suis éloigné de vous, j’espère bien que lorsque j’en aurai encore passé deux de plus et bien je serais parmi vous.

Je vous ai écrit hier quatre mots, je n’avais pas le temps de vous en dire plus long, aujourd’hui Dimanche, j’en profite pour vous en dire davantage. Ma chère Augusta, je te dirais que ce matin, je suis allé à la messe à 9h00, si tu voyais comme l’église est belle, on a chanté accompagné d’un orgue dans le genre de celui de Quissac plusieurs cantiques, le prêtre a prêché, mais je n’ai pas compris ce qu’il disait. L’église était comble de monde.

Nous sommes très bien logés, nous sommes dans une école de soeurs, couchés sur de la paille, nous avons la cuisine dans la cour de l’école. Les soeurs ont transformé une grande salle en salle d’hôpital pour soigner les malade, au moment même où je commence ma lettre, je viens de voir un blessé qu ‘on porte à l’hôpital et qui a reçu une balle dans la jambe.

Nous avons un très bon climat, le matin, il y a de la gelée blanche, mais dans la journée, il fait un soleil magnifique.

Il y a beaucoup d’usines dans le pays où je suis, des filatures, des usines métallurgiques, des usines de draps et enfin il y a un peu de tout.

Je me porte toujours bien et je pense qu’il en est de même pour vous tous. Ma chère Augusta ne te fais pas de mauvais sang. Je ne risque absolument rien, regarde depuis que nous sommes partis, nous n’avons pas (illisible) seulement un blessé, tu vois alors que l’on ne risque rien. Soignez vous tous et principalement toi ma chère Augusta que tu dois avoir besoin de beaucoup de soins maintenant que tu es délivrée. Je n’ai encore rien reçu sauf une carte la semaine dernière datée du 16 août et il me tarde de savoir si tu es rétablie, ou si encore, il n’y a rien de nouveau.  Si toutefois, tu voulais que ta lettre arrive plus tôt pour me renseigner de ton état en bien, tu me feras recommander ta lettre. A l’avenir, tu mettras cette nouvelle adresse :

2ème d’artillerie de montagne, 42ème batterie de réserve – 15 ème corps d’armée.

Je ne sais pas ce que veut dire, il y en a qui reçoive du courrier, et moi je n’ai rien reçu.

En ce moment, je suis au café en train de boire un verre de Pernod, depuis 2 mois je n’avais pas bu une goutte d’absinthe, je termine ma lettre tranquillement. Je ne gribouille pas aujourd’hui avec mon crayon, un papier que vous ne pourrez pas lire quand il arrivera.

Ma chère, ton oncle Pierre m’avait envoyé une carte datée du 12 août, je l’ai reçu en même temps que la tienne, il me disait de lui faire savoir de mes nouvelles, le lendemain, je lui ai envoyé une carte lui en donnant. Il arrive souvent que je dise à un camarade de lit qui est de Bessèges, tu vois mon cher, nos femmes, nos parents, se font du mauvais sang pour nous et nous nous sommes contents comme tout, alors ma chère Augusta, tu n’as aucun souci à te faire. Aujourd’hui dimanche, j’ai acheté une moitié de pain frais pour dîner, nous avions un beau morceau de viande cuit à l’étouffé et quelques pommes de terre cuites dans le jus, une salade juste avant, nous avions eut une bonne soupe enfin tu vois que nous ne sommes pas bien malheureux.

Je suis resté quelques jours, avec mes reins qui me faisaient mal mais voilà que maintenant ça va mieux. Le lit n’est pas aussi souple qu’à la maison, mais que veux tu ma chère Augusta, il faut se contenter du peu de paille que nous avons et quelquefois nous nous contentons simplement du toît qui nous abrite, pour le moment nous n’avons couché dehors qu’une seule fois.

Je ne vois pas d’autres choses à vous dire pour le moment.

Si vous avez eut le bonheur d’avoir sauvé la petite chienne que mon père l’amène un peu à la chasse.

Bien des amitiés aux parents et amis, une grosse caresse à Suzette (Suzette était la cousine germaine de ma grand mère, du même âge qu’elle) et à sa maman. Un gros baiser à mon père et à ma mère et à tes parents . A toi ma chère Augusta, reçois les meilleures caresses de ton mari.

Ma petite Mimi
Et bien ma petite Mimi, il me semble que tu sois languis de voir ton papa chéri et bien, il viendra te voir bientôt et je pense qu’il te trouvera sage et gentille pour tout le monde. Reçois ma petite chérie les meilleures caresse de ton papa.

Louis. »

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Je n’ai pas reçu grand chose de mes arrières grand parents, un ou deux lettres, quelques photos, un buffet qui trône dans mon salon dans lequel se trouve un service à café sans tasse ni sous tasse,  un bougeoir confectionné par grand père Louis dans les tranchées avec un morceau de grenade  mais ce sont les plus grands trésors du monde, celui de la mémoire.

 

 

Edito : Nous fêterons le centenaire de l’armistice demain, nous serons le 11 novembre 1918, mon père a rejoint ses ancêtres, il a sa fille médecin militaire auprès de lui. je regarde les photos . Ma grand mère Fernande dit Mimi est la petite fille sur la photo, Mémé Augusta vient d’accoucher, ma grand tante Pierrette est née en septembre 1914, et est un magnifique bébé on voit les traits tirés et l’inquiétude sur le visage d’Augusta. Grand-père Louis est revenu, il a connu mon père, qui l’a fait devenir chèvre pendant la deuxième guerre mondiale, mais c’est une autre histoire.   L’important pour tous les membres de ma famille, c’est notre famille, notre lit, nos chiens et les petits riens de la vie, des valeurs transmises de génération en génération. J’aime lire cette lettre,  je la lis et relis, il est au front, il ne veut pas inquiéter, mais il est quand même inquiétant. Je veux que personne n’oublie.

Elles sortent petit à petit de leurs cartons

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En attente de restauration …. petit à petit, elles sortent des caisses et les cartons,

photos prises à  la va vite, il faut vraiment que je pense à elles.

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Celle ci est une de mes préférées avec son défaut de cuisson sur le nez …

DSC_0504 13 Ce qui m’inquiète le plus c’est qu’il y en a des dizaines comme ça … penser un peu à elles …

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