Seuls les gens qui ne m’aiment pas à l’heure actuelle m’appellent de la sorte, seuls ceux qui ne me connaissent pas le font, ça me fait rire, parce que déjà à la maternelle, la maitresse m’appelait MamZelle JeSaisTout, parce que je savais déjà lire et écrire à 5 ans, et que je faisais partie de ces enfants un peu particuliers que l’on appelle précoces aujourd’hui, et qui disent noir sur blanc les choses telles qu’elles sont. Ce n’est hélas pas un don, car il faut du temps et beaucoup de patience pour se hisser à l’entendement de l’autre, qui réfléchit toujours avec un temps de retard et qui n’a que son nombril pour simple horizon. Puis un jour, j’ai décidé que c’était comme ça et pas autrement, j’ai décidé de ne plus m’embêter avec toutes sortes de personnes qui polluent mon existence de leur mine renfrognée, de leur mécontentement perpétuel et de leurs envies systématiques de ce que les autres ont. Ce n’est pas l’heure d’écouter les jérémiades des uns et des autres, nous sommes dans une galère gigantesque à ramer les uns et les autres plus ou moins fort, plus ou moins facilement, même très très durement pour certains, mais nous y sommes. La patience n’est pas une de mes premières vertus, mais je reste calme, et à ma grande surprise j’y arrive, j’arrive à évacuer le stress et l’angoisse qui devraient me faire me ratatiner sur mon canapé, et je suis très fière de moi.
J’aime les petits riens, et j’aime me promener seule dans mon jardin, j’aime la solitude et le bonheur qui en résulte, je n’ai aucun besoin de reconnaissance, ma reconnaissance je l’ai eu du temps où je travaillais. J’ai de la chance et je le sais, d’avoir un mari formidable, des enfants géniaux et mes animaux. J’ai de la chance également de n’avoir besoin de personne pour me réaliser.
Les papillons et les abeilles commencent à virevolter sur les premières fleurs, le matin, j’aime aller nourrir les poules et m’occuper des chevaux, c’est « une corvée » qui ne me pèse pas, j’aime aller arroser les nouvelles plantations, en me disant que j’ai planté des arbres pour la postérité car ce n’est pas demain que je me mettrais à l’ombre de leur feuillage, j’aime caresser un des neuf chats qui partagent ma vie, il y en a toujours un quelque part. Le confinement pour l’instant ne me pèse pas, mais je pense très fort à ceux qui sont enfermés dans un appartement, sans possibilité de prendre l’air, sans aucun moyen de s’isoler, ce n’est pas facile, c’est même difficile, et je pense très fort à eux, même si notre imagination est formidable, il faut du talent pour s’évader, tout le monde n’a pas la force de résilience d’Anne Franck.
Comme dirait Enstein « L’imagination est plus importante que le savoir. Le savoir est limité alors que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution. » Nous allons en avoir besoin pour évoluer.
Grâce à Peggy, j’ai ressorti un vieux livre, le journal retrouvé d’Edith Holden, du bonheur à l’état pur, des petits riens à chaque ligne. Alors j’ai regardé chaque petite et grosse bête du jardin, j’ai ramassé les oeufs de Gersende et Adélaïde qui, c’est nouveau, viennent me chercher dans ma chambre quand elles ont fait leur oeuf, et je me suis enroulée dans un grand châle pour lire Edith Holden, il fait un peu frais en Provence en ce moment.
Je pense à vous, tenez bon, ce n’est facile pour personne, le monde ne sera jamais plus comme avant, certains le réaliseront plus tard, laissons leur le temps de s’y faire et d’évoluer.
Je vous embrasse de loin.